Le PDG de Vivendi Universal doit fournir au Conseil d'administration des réponses à une multitude de questions critiques. Désendettement, abandon de projets générateurs de pertes, renforcement des synergies en sont les principales. Jean Marie Messier est dans une situation critique. Il doit outre rassurer les uns quant à «la pertinence du schéma de convergence entre les activités du groupe», apaiser les autres au sujet du désendettement de Vivendi Universal, qui doit faire face à de lourdes dettes. Pour satisfaire ce dernier camp, la presse prête l'intention au Pdg de VU de soumettre aux quinze autres membres du conseil d'administration le projet de céder 15 à 20% du capital de Vivendi Environnement, considérée comme l'une des principales sources de cash-flow pour VU. Ce dernier y détient actuellement 63% du capital. Selon certains experts, l'enveloppe budgétaire qui découlera d'une telle opération stratégique oscille autour de 2 milliards d'euros. Outre l'enjeu de désendettement et d'amélioration du cash-flow, Vivendi Universal s'engage au titre de cette année à ne pas procéder à des acquisitions majeures, à appuyer son programme de synergies et de s'attaquer aux principaux postes qui peuvent susciter des pertes pour le groupe. Dans cette même ligne d'idées, comme l'a déclaré un cadre appartenant au groupe au journal«La Tribune», M. Messier pourrait communiquer son intention d'abandonner la plate-forme de télévision à péage italienne Telepiu, jugée comme étant une «grosse dévoreuse de cash», car la question d'un retrait pur et simple d'Italie "se pose" bel et bien, a ajouté la même source. Reste que l'amélioration financière à court terme n'est pas la stratégie à long terme et que M. Messier aura aussi à convaincre de la pertinence de sa stratégie majeure: la convergence entre les "contenants", c'est-à-dire les supports de diffusion (télévisions, téléphones mobiles, internet, etc.), et les "contenus" (cinéma, musique, audiovisuel, sport, etc.). Aussi, au moment où les doutes concernent surtout le portail multi-accès internet Vizzavi, dont les 7 millions de clients européens actuels sont bien peu en regard de l'objectif de 80 millions d'abonnés annoncé il y a deux ans, la question qui se pose aujourd'hui avec acuité est de savoir si Vivendi Universal peut devenir un groupe véritablement intégré, générateur de fortes synergies, ou est-ce qu'il risque de demeurer une simple holding frappée à ce titre d'une forte décote boursière, ce qui donnerait de la pertinence au scénario de sa scission en quatre sociétés distinctes (VE, Cegetel, Canal+, Universal)? "Il est stupéfiant de constater que, deux années après la déroute des dot-com, les activités internet de VU continuent de détruire plusieurs centaines de millions d'euros chaque année", selon la filiale de courtage du Crédit Lyonnais. "L'impression dominante est que les actifs de VU ont peu à voir les uns avec les autres. Cette impression est renforcée depuis le constat de l'échec, à ce jour, de la stratégie de convergence de VU, qui est à la fois l'échec de Vizzavi et la déception face aux promesses de la télévision interactive", écrivait fin mars Crédit Lyonnais Securities.