Les dernières déclarations du président algérien Abdelaziz Bouteflika concernant le conflit du Sahara laissent croire un changement de cap dans la position de celui qui a toujours soutenu «la lutte du peuple sahraoui». «Jamais je ne laisserai mourir un Algérien pour le Sahara». Les propos sont ceux du président algérien reconduit dans ses fonctions à l'issue du scrutin de jeudi dernier, Abdelaziz Bouteflika. Une déclaration qu'il a fait lors d'un meeting électoral à Tizi-Ouzou où il menait campagne et qui a été relayée par le journal «L'Expression». Le président Bouteflika a indiqué que son pays «a traversé de dures années, les frères et amis observaient de loin. Aujourd'hui, nous sommes aux côtés de ceux qui souffrent, mais pas aux dépens des intérêts de l'Algérie ». Et d'ajouter : «Je ne laisserai aucun Algérien mourir pour la cause sahraouie ou autre cause, mis à part la cause algérienne». Visiblement, le président algérien, grand connaisseur du dossier du Sahara depuis qu'il était ministre des Affaires étrangères de son pays, voudrait se démarquer d'une position qui a toujours été sienne, à savoir un fervent allié du Polisario, et qui est par ailleurs celle de la junte militaire très influentes dans ce pays voisin. Serait-ce pour autant un signe de changement dans la position de celui qui n'a jamais hésité à exprimer son soutien à «la lutte du peuple sahraoui jusqu'à la satisfaction de son droit à l'autodétermination» ? L'affirmer serait aller trop vite en besogne. Abdelaziz Bouteflika a, en effet, l'habitude de changements brusques de positions. Tantôt, le président algérien apporte «aux peuples opprimés son soutien conformément aux valeurs et engagement internationaux». Tantôt, il essaye des rapprochements avec le Maroc, multipliant les sorties médiatiques et demandant «seulement l'application de la légalité internationale». A plusieurs reprises, il a en effet affirmé qu'il était disposé à oeuvrer à l'amélioration des relations avec le Maroc et laisser le règlement de la question du Sahara occidental aux Nations unies. «Nos frères (NDLR) marocains doivent savoir que la politique de l'Algérie n'est pas fondée sur la haine, elle vise à la construction d'un avenir dénué de solutions tronquées qui permettra au peuple sahraoui de faire le choix qu'il désire », a encore une fois déclaré devant un parterre de diplomates présents à Alger pour l'ouverture d'une conférence d'ONG internationales, avant d'ajouter dans le même discours prononcé en mars 2003 : «L'Algérie ne peut comploter avec le royaume du Maroc contre les autres peuples, l'Algérie et le Maroc se complètent mutuellement», soit quelque temps avant de partager la célébration de l'anniversaire de la création de la pseudo «RASD». Cette ambiguïté dans les positions est de nature à alimenter les spéculations, quant à la future position du nouveau président Boutaflika. S'achemine-t-on vers une neutralité bienveillante, ou une ingérence malveillante à l'égard du Maroc ? les prochains jours risquent d'être décisifs au regard de la prochaine échéance qui attend le Maroc. Mais le bon sens et l'intérêt commun aux deux peuples devrait, sauf mauvaise surprise, apporter la bonne réponse à un problème qui n'a que trop duré.