En marge du Conseil national de la monnaie et de l'epargne (CNME), quatre nouvelles mesures, devant introduire davantage de souplesse et ouvrir des perspectives de développement de l'activité des établissements de crédit, sont annoncées. Ouvrant les travaux de la 13-ème réunion du Conseil national de la monnaie et de l'epargne (CNME), le ministre des Finances et de la Privatisation, Fathallah Oualalou a indiqué que quatre nouvelles mesures devant introduire davantage de souplesse et ouvrir des perspectives de développement de l'activité des établissements de crédit. La première mesure concerne les emplois obligatoires, à savoir le portefeuille en bons de la Caisse nationale du crédit agricole (CNCA) qui représente 2 pc des exigibilités bancaires et les bons du Trésor à 1 an, équivalent à 1 pc de ces mêmes exigibilités et dont le produit est destiné au financement des programmes socioéconomiques. "Jusqu'à présent, cette rémunération est fixée de manière administrée à un taux de 4,25%”, a précisé M. Oualalou, soulignant que vu le caractère révolu de cette logique d'administration, il a été proposé "de modifier le mode de rémunération de ces emplois obligatoires en l'indexant sur les taux des bons du Trésor à un an majoré de 25 points de base pour tenir compte de ces emplois". La deuxième mesure concerne la gestion des taux variables et vise à répondre favorablement à la demande exprimée par la profession bancaire qui souhaite que des modifications soient apportées à ladite réglementation, en vue de la rendre moins contraignante pour les banques. Après une concertation avec le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) et l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF), "nous avons décidé d'introduire plus de souplesse dans la gestion des crédits à taux variables, en permettant aux établissements de crédit de convenir librement avec leur clientèle de la date de révision des taux variables, sachant que cette révision devra néanmoins se faire annuellement en fonction de la variation des taux de référence", a-t-il expliqué. Le ministre a également indiqué que la troisième mesure consiste en la réglementation relative au taux d'intérêt qui devra connaître des modifications au niveau du taux maximum des intérêts conventionnels. "La réflexion est en cours en vue de revoir la méthode de détermination de ce taux dans un sens permettant à une clientèle présentant davantage de risques d'accéder au crédit à la consommation", a-t-il notamment dit. La quatrième mesure vise à favoriser le développement de la bancassurance, et ce en modifiant la réglementation relative aux prises de participation des établissements de crédit dans les entreprises afin de permettre une plus grande participation des banques au capital des sociétés d'assurances. S'agissant du marché de change, le ministre a indiqué que l'ouverture croissante de l'économie marocaine sur l'extérieur "nous impose à continuer à accorder une attention particulière à son développement et de poursuivre sa libéralisation". "La réflexion sera poursuivie pour identifier les mesures susceptibles d'être mises en oeuvre en 2004 en vue d'améliorer la profondeur de ce marché et d'enrichir la gamme d'instruments de couverture contre les risques qui y sont utilisés", a-t-il fait savoir. M. Oualalou a également rappelé qu'un dispositif d'adéquation des fonds propres appelé "Bâle II" est en cours de finalisation et devrait entrer en vigueur à fin 2006, précisant que "ce nouveau dispositif, très novateur en matière de gestion et d'évaluation des risques, aura des implications tant sur les établissements de crédit que sur les autorités de supervision elles-mêmes". Par ailleurs, M. Oualalou a souligné que "l'excédent de ressources que dégage notre économie depuis 2001 constitue pour nous un sujet de préoccupation et nous incite à nous interroger sur les facteurs qui empêchent une utilisation optimale de ces ressources par notre économie". M. Oualalou a mis en garde contre la décélération que connaissent les crédits à l'économie et notamment ceux à l'équipement ces dernières années ainsi que contre les difficultés d'accès au financement que les PME continuent de rencontrer en dépit des mécanismes de financement mis en place par le gouvernement et qui demeurent insuffisamment utilisés. Pour dépasser cette "situation préjudiciable à l'ensemble des acteurs économiques", M. Oualalou a exhorté la communauté bancaire à "faire preuve d'imagination et de créativité pour mieux répondre à la demande de crédit et susciter cette demande à travers l'encadrement et l'orientation des entreprises et notamment des jeunes promoteurs". S'agissant de l'accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, finalisé, M. Oualalou a indiqué que la négociation du volet relatif aux services financiers était difficile compte tenu du standard défendu par les Etats-Unis et des demandes assez fortes du secteur privé américain sur certains secteurs, en particulier l'assurance. Cet accord, négocié en concertation avec le secteur privé marocain, n'entraîne pas un bouleversement du paysage financier marocain, a-t-il dit, précisant qu'il offre au contraire une visibilité aux investisseurs américains et une garantie juridique que le secteur financier marocain ne connaîtra pas de recul dans l'avenir par rapport au niveau de la libéralisation actuel. Il a exhorté à ce propos la communauté bancaire et financière à exploiter les opportunités qu'offre cet accord pour accélérer la modernisation du système financier marocain, améliorer sa productivité et introduire de nouveaux produits financiers adaptés aux besoins des opérateurs économiques.