Quels sont les défis à relever pour assurer une sécurité alimentaire pour tous ? Autant de questions qui ont été au cœur du débat lors des Assises de l'agriculture à Meknès. «Réussir le pari de l'agriculture du futur passe nécessairement par la création d'un regain d'attractivité et d'intérêt envers le secteur et ce aussi pour ce qui est des investissements et avancées dont il pourrait bénéficier», a indiqué Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture et de la pêche maritime, lors de cette grande manifestation dédiée à l'agriculture. En effet, l'agriculture du futur se doit d'être une agriculture attractive, protectrice et à la pointe de l'innovation. Attractive dans la mesure où elle pourra générer de nouvelles formes d'investissements afin d'inciter de nouveaux intrants, notamment le secteur public, à devenir des investisseurs de référence. L'agriculture du futur doit également être protectrice et garante de l'amélioration des conditions du niveau de vie des populations rurales. Les professionnels ont tous mis l'accent sur le fait que l'agriculture rurale ne doit plus uniquement revêtir le rôle de moyen de subsistance, mais devenir un véritable levier de développement de ces populations. Et ce pour faire des petits agriculteurs d'aujourd'hui les investisseurs de demain. L'agriculture du futur c'est aussi et surtout de la recherche scientifique. «L'agriculture du futur suppose que l'on puisse relever les défis de demain. Notre plus grand défi à tous est celui du changement climatique. Il faut désormais prendre en considération ce paramètre pour pouvoir assurer une sécurité alimentaire pour toute la population mondiale», a souligné Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l'agriculture (Comader). Même avis pour Marco Veroni, président exécutif de la Fondation Syngenta, qui a axé son intervention sur les contraintes que vit actuellement le secteur, notamment la modernisation de l'agriculture à travers l'innovation et la mise en mouvement de chaînes de valeur profitant aux petits agriculteurs. Pour sa part, Ahmed Lamine Ndiaye, ex-ministre sénégalais et président de l'Académie des sciences et techniques, a attiré l'attention du public sur les particularités de l'agriculture en Afrique. «Penser l'agriculture du futur implique aussi de réfléchir sur les moyens adéquats à mettre en place pour chaque pays. Il faut également concevoir des solutions de financement adaptées pour chaque profil d'agriculteur», a noté M. Ndiaye. Tous les participants aux débats ont souligné l'importance d'offrir des débouchés valables pour les générations futures notamment à travers la formation aux nouveaux métiers agricoles d'avenir. Au ministère de l'agriculture et de la pêche maritime, on a identifié 8 facteurs clés pour accompagner et préparer la naissance de l'agriculture du futur. En premier lieu, il y a la nécessité d'une réflexion autour des conditions d'entrée dans un contexte de plus en plus complexe, marqué par l'augmentation des droits d'entrée. Il y a également la mise en place de nouveaux modèles d'investissement conciliant exigences de productivité et engagement citoyen en plus de la formation et l'accompagnement des petits agriculteurs. Il est aussi question de l'instauration d'un équilibre entre mécanisation et main-d'œuvre agricole et du renforcement de l'irrigation au service d'une agriculture durable et meilleure. Le sixième facteur clé concerne l'évolution technologique de l'agriculture avec le développement de la smart agriculture. A cela, il faut initier une réflexion autour de l'évolution des marchés agricoles pour déterminer les échanges commerciaux de demain. Enfin, pour réussir ce chantier, il est primordial de prendre en considération le contexte international marqué par la revanche de l'agriculture durable et l'intégration des agricultures biologiques et de l'agro-écologie.