Les récents combats dans le Sud-Kivu (Est) et la prise de contrôle de la ville de Moliro par les rebelles du RCD, font aujourd'hui craindre un durcissement du conflit et menacent le processus de paix discuté en Afrique du Sud. A l'annonce de la prise de la ville de Moliro, dans l'Est de la République démocratique du Congo, par les rebelles du RCD (Rassemblement congolais pour la Démocratie), le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est déclaré samedi « extrêmement préoccupé ». Ces nouvelles violences remettent en effet en question le projet de cessez-le feu discuté en Afrique du Sud, et censé mettre un terme à trois années de conflit. Relancée en août 1998, cette guerre latente a d'ailleurs permis à certains mouvements rebelles de prendre le contrôle de régions entières avec l'aide des pays voisins. La province du Sud-Kivu, où se trouve Moliro, est ainsi passée entre les mains du RCD soutenu par le Rwanda. Un pays qui participe pourtant – tout comme l'Ouganda allié d'un autre groupe armé, le MLC (Mouvement pour la Libération du Congo) – aux discussions de paix menées depuis le 25 février à Sun City (Afrique du Sud)… Vendredi, de violents combats avaient déjà éclaté entre les forces pro-gouvernementales et les troupes du RCD alliées au Rwanda dans la province du Sud-Kivu. Selon un porte-parole des rebelles, Lola Kisanga, les forces « loyalistes » seraient entrées dans la ville de Kitutu (200 km au sud-ouest de Bukavu, capitale de la province), et auraient été repoussées par les troupes du RCD après avoir perdu 10 de leurs soldats. Toujours d'après le porte-parole du groupe, lors de leur départ de la ville, les forces pro-gouvernementales auraient exécuté 36 civils, dont 10 enfants brûlés vifs… Cette série de violences a en tout cas porté un coup très dur au dialogue inter-congolais. Samedi, le gouvernement de Kinshasa s'est ainsi retiré des discussions de Sun City. Même si les rebelles se sont dits prêts à se retirer de la localité de Moliro, à condition qu'elle soit placée sous le contrôle de l'ONU, Kinshasa continue d'accuser le Rwanda et le RCD de violer les accords de Lusaka (cessez-le-feu de 1999). Le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, a particulièrement dénoncé samedi «les attaques de l'armée patriotique rwandaise (APR)». «Depuis trois jours, précisément depuis le 14 mars, des bataillons du Rwanda sont entrés sur notre territoire à Bukavu », tenue par les rebelles, a déclaré M. She Okitundu. Incursion qui a précipité le départ du gouvernement de Kinshasa des travaux de Sun City. « Le dialogue ne peut continuer de se dérouler sous la haute surveillance du Rwanda et de l'Ouganda qui ont envoyé en Afrique du Sud leurs agents de sécurité pour dicter leur conduite » aux rebelles du RCD et du MLC (Mouvement de libération du Congo, rébellion soutenue par l'Ouganda), a-t-il affirmé. Si les combats se concentrent actuellement sur le territoire congolais, le rôle des puissances voisines est loin de faciliter l'apaisement et le retour à la paix dans cette région des Grands Lacs. On y craint plutôt un nouvel embrasement…