L'exercice du bilan est forcément partiel, quand il n'est pas franchement partial. Il ne peut en aucun cas être exhaustif. Lorsqu'on parle ici du bilan du gouvernement Youssoufi, ce sont davantage des éléments de lecture qui sont proposés que des relevés statistiques et quantificateurs. L'exercice du bilan est forcément partiel, quand il n'est pas franchement partial. Il ne peut en aucun cas être exhaustif. Lorsqu'on parle ici du bilan du gouvernement Youssoufi, ce sont davantage des éléments de lecture qui sont proposés que des relevés statistiques et quantificateurs. Si, par ailleurs, chacun peut s'arroger le droit de juger une action publique, à quelque niveau de responsabilité qu'elle se situe, il faut cependant remettre cette action dans son contexte historique et garder en mémoire les déterminants qui l'ont encadrée ou suscitée. Lorsqu'en avril 1998, le Premier ministre Abderrahmane Youssoufi a fait sa déclaration de gouvernement devant le Parlement, il a mis l'ensemble des intentions et des projets de son équipe sous le label du «Pacte pour le changement». À quelques mois de la fin de cette législature et à l'occasion du quatrième anniversaire de la formation du premier cabinet Youssoufi, dans quelle mesure les engagements du chef du gouvernement ont été tenus ? La stature de Abderrahmane Youssoufi, la caution qui lui a été donnée par feu Hassan II, la reconfirmation de cette confiance par l'actuel souverain, l'aura dont il est entouré en tant qu'artisan et partenaire de l'alternance à laquelle il a donné un contenu et une viabilité, déterminent les termes mêmes de l'évaluation de son bilan qui ne peut être conçu en de simples termes comptables. Les circonstances dans lesquelles l'actuel gouvernement est arrivé aux affaires étaient tellement délicates et grosses de risques de tous genres qu'elle imposait d'abord un rétablissement de la confiance entre les divers acteurs politiques et le déblocage d'un certain nombre de situations, notamment dans le domaine des libertés publiques et des droits de l'Homme. Sur ce registre-là, il faut être irrémédiablement nihiliste pour penser ou dire que le bilan Youssoufi est négatif. La période transitoire qui est en train de s'achever a permis de réussir à la fois le rétablissement du citoyen dans ses droits fondamentaux et dans sa dignité humaine tout en maintenant l'essentiel des attributs et des symboles de l'Etat, gages de sa respectabilité et de sa capacité à inspirer confiance et à garantir la sécurité et la stabilité de la nation. Sur le reste, et notamment à la question de savoir si les promesses et les espoirs suscités par Youssoufi et son équipe, en termes de croissance économique, d'opportunités d'emploi et de résolution des problèmessociaux, il est certain que le bilan est très mitigé. Entre les énormes attentes du pays, d'une part, et les déclarations tantôt démagogiques, tantôt puériles d'un certain nombre d'animateurs du gouvernement, d'autre part, le bilan est, tous comptes faits, très modeste. Les explications et justifications ne sont certainement pas toutes imputables au gouvernement. Mais, il est tout à l'honneur de ses membres d'accepter la critique et d'assumer pleinement leurs responsabilités, y compris dans leurs ratages et leurs erreurs. Un changement de mentalité louable à mettre certainement au crédit de l'esprit que Abderrahmane Youssoufi a insufflé à son gouvernement.