Les jeunes filles au Maroc continuent d'être maltraitées et victimes de plusieurs violences portant atteinte à leurs droits. Selon les associations actives dans le domaine de la protection de l'enfance, elles seraient entre 60.000 et 80.000 à être exploitées dans les travaux domestiques. À l'occasion de la Journée internationale de la fille célébrée le 11 octobre, les Nations Unies au Maroc ont appelé le gouvernement et le Parlement à interdire le travail des mineures. C'est d'ailleurs l'une des principales revendications du Collectif pour l'éradication du travail des «petites bonnes» qui a profité de cette journée pour lancer un appel aux responsables afin de limiter l'âge d'accès au travail domestique à 18 ans (Voir encadré). Les Nations Unies pointent aussi du doigt le mariage des mineures qui constitue un phénomène inquiétant, vu son ampleur. En l'espace de quelques années, les chiffres ont doublé. Le taux de mariage précoce est passé de 18.341 cas en 2004 à 35.152 en 2013. A ce phénomène s'ajoute celui des violences sexuelles. En 2012, et selon une étude qui sera prochainement publiée par le bureau de l'Unicef au Maroc, les services de la justice et de la police ont recensé 1.508 cas de violence sexuelle contre les filles. Les Nations Unies estiment que l'éducation constitue la meilleure arme contre la violence. Selon elles, des mesures spécifiques doivent être mises en place pour prévenir ce fléau. Parmi celles-ci figurent le maintien des filles à l'école, le soutien aux parents (allocations), le changement des mentalités et des normes grâce à un dialogue mené au niveau des communautés et le renforcement des systèmes et services judiciaires, pénaux et sociaux. Ces dernières années, le Royaume a réalisé d'importants progrès en matière d'éducation avec 99.,% des filles inscrites au primaire. Cela dit, il reste encore beaucoup à faire. Les Nations Unies jugent que cet effort consenti pour l'accès au primaire n'est pas capitalisé au niveau des différents cycles. Le taux de déperdition est encore important d'un cycle à l'autre, ramenant la moyenne nationale de scolarisation des filles à 83,16% au collège et à 55,6% au lycée. L'analyse des données désagrégées du secteur de l'éducation démontre aussi d'importantes inégalités. Elles touchent principalement les filles en milieu rural dont seulement 21,9% accèdent au lycée. Au niveau mondial, on estime qu'environ 120 millions de filles de moins de 20 ans ont subi des rapports sexuels forcés et une adolescente sur trois âgée de 15 à 19 ans qui a été mariée (soit 84 millions) a été victime de violence émotionnelle, physique ou sexuelle. Plus de 700 millions de femmes ont été mariées avant leur dix-huitième anniversaire. Travail domestique: A quand la limite d'âge à 18 ans? Le Collectif pour l'éradication du travail des «petites bonnes» accuse les responsables politiques de persister dans leur volonté de légaliser l'exploitation des mineures dans le travail domestique. «Aucune disposition ni moyen n'y sont prévus pour sortir les fillettes des maisons de leurs exploiteurs et pour les prendre en charge, les réhabiliter sur les plans physique et psychologique et pour les réinsérer dans leurs familles et à l'école», déplore le Collectif. Ce dernier plaide pour la limitation de l'âge d'accès au travail domestique à 18 ans. Le Collectif demande aux conseillers et députés de faire de l'examen du projet de la loi 19.12 une occasion pour pénaliser le travail domestique des mineures et pour définir les dispositions pour réparer ses effets sur les enfants qui en sont victimes. Quant au gouvernement, il est appelé à faire de la politique de protection des filles mineures contre le travail une priorité.