Les Européens soutiendraient fermement une action militaire américaine contre l'Irak si Saddam Hussein refuse d'accepter le retour des inspecteurs des Nations Unies, a-t-on indiqué de source diplomatique à Bruxelles. L'Union Européenne est désormais convaincue que les Etats-Unis fourbissent leurs armes avant le débat qui aura lieu fin mai au Conseil de sécurité de l'ONU sur le dossier irakien. «Les Etats-unis n'ont rien décidé, rien conclu», affirme un ministre d'un grand pays de l'U.E. «Mais si les Irakiens disent non au retour des inspecteurs, cela fournit un prétexte aux Etats-Unis. Soit les Irakiens capitulent devant le Conseil de sécurité, soit personne ne sera en mesure d'arrêter la suite. Les Américains finiront par agir». Un diplomate de haut rang d'un autre grand pays de l'Union européenne abonde exactement dans le même sens. «Il y aura une crise en mai et une action en septembre», prédit-il en expliquant que le déploiement américain se fait déjà et à grande échelle dans la région du Golfe sous le couvert de la guerre menée en Afghanistan. A Baghdad, le président irakien Saddam Hussein a balayé d'un revers de main les menaces américaines proférées contre son pays. «Les récentes menaces futiles n'alarment pas notre pays», a-t-il dit lundi soir devant un parterre de Kurdes proches du régime. Certaines capitales européennes s'activent pour essayer d'éviter le déclenchement des hostilités. La Belgique a ainsi proposé lundi à ses partenaires européens d'envoyer une mission de l'UE à Baghdad, par exemple le haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, pour exhorter Saddam Hussein à accepter le retour des inspecteurs de l'ONU et d'éviter ainsi les bombardements. «Il faut qu'on fasse cela parce que si les Etats-unis frappent l'Irak, ce serait un acte politique difficile à accepter pour l'UE», a-t-on souligné de source belge. «Si les Irakiens disent oui, on aura créé un fait politique et il sera difficile pour les Américains de frapper. Si l'Irak refuse, il aura la pleine responsabilité de ce qui se passera». Mais certains pays européens redoutent les manœuvres du chef de l'Etat irakien, qui tentera selon un diplomate d'instrumentaliser l'émissaire européen en refusant de répondre clairement.