On ne badine pas avec la vie privée. La voyant en perte de protection sur Facebook, un Autrichien de 26 ans a déposé plainte le 1er août contre une filiale du réseau social devant le tribunal de commerce de Vienne et lancé une class action, c'est-à-dire une action judiciaire collective. Cette plainte vise la filiale irlandaise du groupe, Facebook Ireland Limited, qui gère la présence de l'entreprise dans le monde en dehors des Etats-Unis et du Canada. Le jeune avocat Max Schrems, habitué des procès contre Facebook, a invité les internautes du monde entier à le rejoindre. Il a été entendu: lundi, 5.000 personnes participaient à la plainte, et aujourd'hui elles sont plus de 20.000 venant d'une centaine de pays. La plainte porte sur les attaques supposées de Facebook contre la vie privée de ses utilisateurs. Le jeune avocat explique que le réseau social enfreint régulièrement les lois européennes de protection des données personnelles. Il dénonce, par exemple, les informations communiquées à des applications tierces ou la collecte de données sur l'activité externe à Facebook des utilisateurs. Pour les particuliers, cette action en justice est presque une loterie. Pour s'inscrire, il faut se connecter avec Facebook, puis fournir certains papiers d'identité. Les dommages et intérêts demandés sont de 500 euros par plaignant. Facebook a sorti le porte-monnaie à plusieurs reprises lors de class actions, et ceux qui ont rejoint la plainte de Max Schrems ne risquent rien dans ce procès. En cas de défaite, ils sont protégés par une entreprise qui prendra en charge les frais de justice. Cette même société prendra en contrepartie 20% des dommages et intérêts en cas de victoire. Le nombre de plaignants est pour l'instant plafonné à 25.000. Il pourrait être plus élevé si la plainte venait à évoluer. Avec 25.000 plaignants et 500 euros chacun, cela signifique que Facebook débourserait près de 12,5 millions de dollars (9,4 millions d'euros) en cas de victoire. Une bagatelle pour l'entreprise, mais le but de Max Schrems n'est pas l'argent. Ce procès doit faire avancer son combat pour la transparence et la protection de la vie privée.