Pour la traditionnelle audience royale, Abdellatif Jouahri, wali Bank Al-Maghrib, a présenté, samedi 28 juin, devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le rapport annuel de la Banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l'exercice 2013. Il en ressort globalement que l'économie nationale a réalisé durant l'année écoulée «des résultats satisfaisants en dépit de la poursuite des effets de la crise mondiale». Dans les détails, la croissance du PIB (Produit intérieur brut) a gagné pratiquement deux points s'établissant à 4,4%. Cette performance est bien évidemment due à une bonne campagne agricole en 2013. L'autre bonne nouvelle du wali de BAM concerne l'atténuation des déficits jumeaux après un exercice difficile en 2012. Ce résultat a été rendu possible, selon la banque centrale, grâce «aux efforts des pouvoirs publics». Ainsi, le déficit budgétaire a baissé à 5,5% du PIB au lieu de 7% une année auparavant. A son tour, le déficit du compte courant est revenu à 7,6% du PIB. La bonne performance à l'export de certains métiers mondiaux du Maroc est pour beaucoup dans cette réalisation. Cela dit, le rapport de BAM a ramené également un lot de nouvelles moins bonnes. M. Jouahri a indiqué dans ce sens que le taux de chômage a légèrement augmenté à 9,2%. Cette hausse serait due notamment à la décélération des activités non agricoles. Les crédits bancaires semblent également s'inscrire dans un processus baissier qui s'est d'ailleurs confirmé durant l'exercice passé, notamment pour les crédits à la consommation et les crédits immobiliers. Cependant, le pays arrive à se rattraper sur d'autres indicateurs, notamment l'inflation, malgré une politique gouvernementale orientée vers la décompensation partielle des prix de certains produits pétroliers en 2013. L'inflation a donc été maîtrisée à 1,9%. S'agissant des très petites, petites et moyennes entreprises dans le tissu économique national, BAM affirme avoir poursuivi l'année passée «ses efforts en vue de leur faciliter l'accès au financement bancaire, à travers la mise en place d'un nouveau mécanisme de prêts garantis». Par ailleurs, le wali de Bank Al-Maghrib est également revenu dans son rapport annuel sur les avancées notables du Maroc qui ont renforcé la confiance dont il bénéficie auprès des institutions internationales, des agences de notation et des investisseurs étrangers et confirmé sa spécificité dans la région. Jouahri n'a pas manqué d'attirer l'attention sur l'orientation du Maroc vers l'Afrique subsaharienne qui, portée par la vision prospective de Sa Majesté le Roi, se confirme comme un choix stratégique pour le Royaume. Dans cette optique, il a précisé que Casa Finance City serait à même d'appuyer cette stratégie et servir d'interface entre le continent africain et les autres régions du monde. Et pour conforter le positionnement du Royaume sur la scène internationale, Jouahri a indiqué que le Maroc se doit de se renforcer au plan interne, notamment à travers la mise en œuvre et l'accélération des réformes structurelles, en particulier les projets structurants initiés par Sa Majesté le Roi.
Les recomandations de BAM Le wali de Bank Al-Maghrib a mis l'accent sur l'importance d'accélérer les réformes structurelles au Maroc. Il s'agit notamment du chantier de la régionalisation avancée, de la réforme de la justice et de l'amélioration de la qualité de l'éducation et de la formation. Jouahri a également attiré l'attention sur l'urgence de la réforme des régimes de retraite. Il a, en outre, appelé à la poursuite de la réforme du système fiscal et de la Caisse de compensation. BAM s'est également intéressée aux strategies sectorielles. Jouahri a, dans ce sens, insisté sur la nécessité de revoir les modalités d'élaboration et de réalisation des différentes stratégies sectorielles. Il a, en outre, demandé l'instauration de la pratique d'évaluation de ses politiques afin d'en garantir l'efficacité et la réussite. Plus concrètement, le wali de Bank Al-Maghrib a mis en l'exergue l'importance de la mise en place de stratégies ciblées et cohérentes ainsi que l'approfondissement et l'élargissement des réformes structurelles, alliant les objectifs de compétitivité et de redistribution. Le but est que le Maroc parvienne à améliorer durablement le niveau de vie de sa population, faire émerger une véritable classe moyenne et conforter sa position parmi les pays émergents. Réserves en devises : 7 jours de plus ! Dans son rapport annuel, le wali de Bank Al-Maghrib a affirmé que les réserves internationales nettes du Maroc se sont améliorées de 3,9% en 2013. Elles sont ainsi établies à 150,3 milliards de dirhams (MMDH), soit l'équivalent de 4 mois et 9 jours d'importations de biens et services contre 4 mois et 2 jours une année auparavant. Le Royaume a donc gagné 7 jours en une année. Selon BAM, cette amélioration est due à l'effet de la relative atténuation du déficit du compte courant et de l'importante augmentation des flux d'investissements directs étrangers. D'importantes entrées ont été enregistrées en 2013 au titre des investissements directs étrangers avec près de 39,6 milliards de dirhams. Ces fonds ont contribué, selon le rapport de Jouahri, au maintien des réserves internationales nettes légèrement au-dessus du seuil de quatre mois d'importations de biens et services. Pour rappel, l'année 2012 a été marquée par des tensions sur les réserves du Royaume en devises en raison de la hausse de sa facture énergétique et le renchérissement des prix des produits pétroliers à l'international. Les craintes ont même poussé le pays à souscrire à une ligne de liquidités et de précaution auprès du FMI (Fonds monétaire international).