Tayeb aurait aujourd'hui 28 ans, il est devenu le symbole des victimes martyrisées sur l'autel de la barbarie, du terrorisme aveugle, de la haine assassine le 16 mai 2003. C'est le Maroc tout entier qui était alors endeuillé par des attentats meurtriers. Il faut voir le film «Les chevaux de Dieu» de Nabil Ayouch pour comprendre le mécanisme implacable qui allait transformer une dizaine de nos jeunes en kamikazes, quand le discours de haine de l'Autre, le rejet d'autrui, l'utilisation éhontée de la religion, transforment les esprits les plus fragiles de notre jeunesse en meurtriers... Hélas 11 ans après, la vigilance demeure de mise lorsque l'on voit le nombre de «cellules terroristes» démantelées dans notre pays et à travers le monde, et lorsque l'on voit que des «gosses» au Maroc et ailleurs sont «cueillis» pour aller combattre en Syrie!!!! Madame Soad El Khammel est celle qui aujourd'hui «porte» la mémoire de toutes ces victimes, elle qui dans ces attentats perdait son époux et son fils Tayeb ! Son travail de porte-parole donne ses fruits puisque un grand nombre de jeunes l'ont «adoptée» et répondent présent à ses appels, comme lors de la cérémonie du souvenir ce vendredi 16 mai devant la stèle dédiée aux victimes. Quelque 200 personnes, dont une majorité de jeunes, ont répondu présent pour la minute de silence, la lecture de la Fatiha et le dépôt de roses. Deux moments particulièrement forts de cette cérémonie, lorsque le wali de Casablanca et le gouverneur d'Anfa sont venus se mêler à la foule pour apporter le témoignage de la solidarité du Maroc tout entier en fait, et lorsque la très jeune Meryem Sheule a entonné la chanson de John Lennon «Imagine» arrachant des larmes à Madame El Khammel. Au même moment à Paris de jeunes Marocains et Français organisaient une cérémonie identique et nos compatriotes marrakchis se rendaient devant l'Argana pour symboliser le même devoir de mémoire. L'ignorance, l'exclusion, la misère, le désœuvrement et le manque de perspectives ne seront jamais des «raisons», ce sont par contre des explications à ce que ces maux - alliés à l'embrigadement - peuvent engendrer. Et nous ne devons pas nous y tromper : c'est une lutte de chaque instant contre l'exclusion, contre la relégation, un combat quotidien pour donner une éducation et des perspectives à nos jeunes, qui mettront notre population et notre pays à l'abri (même si cela ne sera jamais à 100%) des tentations de l'extrémisme. Notre jeunesse ne cesse de frapper à la porte - notamment par le biais de l'engagement associatif - ou de nous envoyer des signaux de détresse en sombrant dans la drogue, la délinquance, la violence... y répondons-nous? Comment ? Qui ? Il y a urgence à apporter des signes tangibles que nous avons non seulement compris les appels mais que nous cherchons à y apporter des solutions. Venez donc écouter ces jeunes qui nous interpelleront le jeudi 29 mai à19h30, lors du Café Politis sur l'esplanade de la Sqala, intitulé «1000 et 1 raisons de s'engager» ne laissons pas nos jeunes crier dans le désert, c'est l'avenir immédiat qui se joue avec les réponses que nous apporterons aux générations actuelles !