Sorti par la petite porte et faisant désormais partie, c'est ainsi, des archives de l'Histoire, José Maria Aznar, qui avait pris les rênes en 1996, n'en aura pas laissé un arrière-goût désagréable pour le Maroc. Sahara marocain, les présides occupés, l'ilôt Leila et le problème de l'immigration, clandestine ou pas… Des problèmes que Aznar a tout fait pour attiser, sans chercher une quelconque issue. Des souvenirs encore vivaces laisseraient l'image d'un homme et d'un chef de gouvernement qui aura causé bien des désagréments au Maroc. Et à plusieurs niveaux. De quoi enfoncer davantage des rapports qui ne sont pas que de bon voisinage entre les deux pays. M. Aznar laissera derrière lui le reflet d'un Premier ministre espagnol qui n'aura aucunement tenté de régler les multiples problèmes qui marquent les rapports entre les deux pays. Ce n'étaient pourtant pas les points de discorde qui manquaient: Sahara marocain, les présides occupés, les frontières maritimes et le problème de l'immigration, clandestine ou pas… Une situation de crise provoquée plus par l'attitude anti-marocaine du chef du gouvernement que par une stratégie d'Etat. Le chef du gouvernement populaire a dès son accession au pouvoir radicalisé toutes les positions à l'égard du Maroc. A commencer par la question du Sahara marocain, vis-à-vis de laquelle la position du gouvernement d'Aznar a été la plus radicale au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Membre du Conseil de sécurité, dont il a même eu la présidence à un moment donné, l'Espagne d'Aznar, à la tête du parti de droite Partido Popular a fait des mains et des pieds pour l'adoption du plan Baker II, imposant au Maroc une fausse solution à un réel problème. Tenant un discours nuancé, édulcoré au point de perdre tout sens, le chef de l'Exécutif espagnol avait affirmé qu'il n'y avait pas de motif pour que son pays change de position sur le conflit du Sahara occidental et qu'il continuera à soutenir «le Plan de paix onusien en vigueur pour l'organisation d'un référendum». Au risque de voir les relations maroco-espagnoles se détériorer. En mai 2002, le leader espagnol est même allé jusqu'à demander à Bush de «valoriser les arguments des parties impliquées» et de ne pas se limiter à «écouter seulement la voix de Rabat» à l'heure de la décision sur la question du Sahara. Dans ce sens, le gouvernement d'Aznar a cherché par tous les moyens à consolider l'axe Madrid-Alger. Une consolidation concrétisée ces dernières années par l'accord d'amitié et du bon voisinage entre les deux parties. Sur la question des présides occupés, le gouvernement Aznar s'est toujours refusé à tout dialogue avec le Maroc. La réaction de l'Exécutif espagnol lors de la crise de l'îlot marocain Leila (Perejil) a mis à nu l'attitude hostile d'Aznar. L'action militaire qui a abouti à l'occupation de l'îlot marocain n'était dans ce cadre qu'une démonstration de force, en parfaite violation du droit international. Une violation à laquelle s'ajoutent bien d'autres, notamment ceux de la communauté marocaine immigrée en Espagne qui, au cours du mandat d'Aznar, avait subi la première agression raciste jamais vécue en terre d'Espagne. Un événement tragique qui portera toujours le nom d'Elejido, le village andalou où durant plusieurs jours des citoyens marocains étaient lynchés par des groupuscules racistes sous le regard indifférent de la police espagnole. Même pour se rendre au Maroc, en décembre dernier, José Maria Aznar avait posé plusieurs conditions préalables. Celle, notamment, du rapatriement des immigrés clandestins d'origine subsaharienne, à laquelle le Maroc avait accédé. Le refus catégorique du Maroc de renouveler l'accord de pêche et la conclusion par l'Union européenne et le Maroc du protocole agricole réglant les échanges entre les deux parties et permettant la hausse des quantités de tomates marocaines exportées en Europe n'ont fait qu'attiser cette position anti-marocaine de l'Espagne. été la transgression d'avions militaires espagnols, qui avaient survolé Nador, de l'espace aérien marocain. Une attitude à jamais, au vu des déclarations fraîchement recueillies du nouveau chef de gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, désormais vouée à disparaître. Tout comme l'homme qui en était le défenseur.