Les groupes parlementaires de l'opposition à la deuxième Chambre continuent de protester. Les conseillers du PAM (Parti authenticité et modernité), de l'Istiqlal, de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), de l'Union constitutionnelle ainsi que le groupe fédéral ont tous brandi des pancartes au début de la séance mensuelle de questionnement sur la politique générale critiquant la suppression de la retransmission des mises au point lors des séances hebdomadaires. Bien que cette décision du chef de gouvernement date de plusieurs semaines, les partis politiques continuent de la critiquer. Les critiques de l'opposition ont également été très virulentes sur les deux thèmes de la séance mensuelle de «la politique gouvernementale en matière d'amélioration du climat des affaires» et «la politique gouvernementale dans le domaine de l'emploi». Le président du groupe du PAM à la Chambre des conseillers, Hakim Benchamach, s'est étonné de l'offensive du gouvernement sur le HCP (Haut-Commissariat au Plan). «Je vais volontairement éviter de me référer aux rapports du HCP parce que le gouvernement montre une hypersensibilité vis-à-vis des données de cette institution. Cette dernière a même été la cible d'une offensive gouvernementale qui manquait de tact», a t-il dit ajoutant que de nombreux rapports d'organisations internationales montrent le recul du Maroc sur plusieurs domaines en rapport avec le climat des affaires et du marché de l'emploi. De leur côté, les membres du groupe parlementaire de l'Istiqlal ont mis l'accent sur le décalage entre le discours du chef de gouvernement et la réalité de l'économie nationale et la situation de nombreuses entreprises marocaines. «Nous aurions aimé que votre discours soit conforme à la réalité. Malheureusement, vous nous ne servez à chaque fois que des paroles», a affirmé Abdessalam Lebar, parlementaire istiqlalien, s'interrogeant sur l'attitude de l'Exécutif qui a tendance à rejeter toutes les propositions qui émanent du parti de l'Istiqlal. Si les différents groupes parlementaires de la majorité ont adopté un ton plus conciliant avec le gouvernement, le groupe parlementaire du Mouvement Populaire a été un peu plus critique que son habitude. Prenant la parole, Abdelilah Benkirane a de nouveau dirigé son artillerie lourde contre son ancien allié et secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Hamid Chabat. Dans ce sens, le chef de gouvernement a déclaré qu'il a beaucoup d'estime pour l'Istiqlal mais ses critiques concernent uniquement une seule personne dans ce parti, à savoir Chabat. Par ailleurs, Benkirane a défendu le bilan de son cabinet en ce qui concerne le climat des affaires ajoutant qu'il a donné la priorité au cours des premières années de son mandat à la maîtrise des indicateurs macro- économiques. Il s'est félicité ainsi de l'image du Maroc auprès des institutions financières internationales et ses partenaires économiques étrangers. «J'ai parfois pris des décisions impopulaires mais les citoyens arrivent à comprendre que ces décisions sont dans l'intérêt du pays. Notre but n'est pas de gagner les élections. Si les électeurs renouvellent leur confiance en moi, je suis prêt à continuer le travail entamé. Si par contre, ils décident autrement, je vais me retirer», a-t-il de nouveau lancé devant les Conseillers. S'agissant de l'emploi, Benkirane a déclaré que ce dossier reste la problématique sociale numéro un pour le gouvernement. En outre, le chef de l'Exécutif a annoncé le lancement d'un nouveau programme de dix mois pour 25.000 jeunes marocains dans la formation professionnelle. Ce programme destiné aux jeunes titulaires de licences universitaires permettra à ces derniers de recevoir une rémunération de 1.000 dirhams. C'est l'OFPPT (Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail) qui sera chargé de piloter le programme en question en disposant des formations sur les langues et la communication ainsi que la comptabilité et d'autres matières susceptibles de renforcer l'employabilité des jeunes.