L e Maroc et l'Espagne ont signé, lundi à Rabat, un mémorandum portant sur trois axes principaux de la coopération dans le domaine de la pêche maritime. Cet accord, susceptible de multiplier les ressources halieutiques au Maroc, ne fait pas l'unanimité parmi les professionnels. Après la houle, les signes d'apaisement. La coopération entre le Maroc et l'Espagne, dans le domaine de la pêche, a fait l'objet d'une réunion lundi à Rabat. Un mémorandum a été signé à cette occasion entre le secrétaire général du ministère de la Pêche marocain, M. Rhanmi Tijani, et la secrétaire générale du ministère des Pêches maritimes espagnol, Mme Carmen Fraga Estévez. La réunion du lundi s'inscrit dans le cadre du suivi des recommandations issues de la haute commission mixte maroco-espagnole, réunie en décembre dernier à Marrakech. Le document, signé lundi, vise clairement à renforcer la coopération entre Rabat et Madrid. Trois axes concrets ont été définis au terme de cet accord. D'abord, la formation de cadres marocains dans l'aquaculture. L'Espagne se chargera de former 15 cadres dans l'élevage de poissons dans des bassins. Il faut savoir que l'aquaculture représente aujourd'hui 30 % de la production mondiale. Elle permet à cet égard de soulager la pression sur les poissons qui vivent en milieu sauvage. A ce sujet, Taieb Rhafès, ministre des Pêches maritimes, a indiqué à la MAP que son département s'attelle à l'élaboration de textes juridiques relatifs à l'aquaculture, en vue de les soumettre au Conseil du gouvernement et au Parlement. Le deuxième axe se rapporte aux prospections dans les eaux profondes. Le Maroc n'effectue pas encore de recherches, dans le but d'exploiter les ressources halieutiques qui vivent dans les profondeurs de la mer. “L'Espagne a accepté de nous apporter son concours en matière de prospection dans les eaux profondes afin de découvrir de nouvelles pêcheries à même de permettre la diversité du stock halieutique national“, a déclaré à la MAP M. Taieb Rhafès. Le troisième et dernier axe a trait à la construction d'un chantier naval. Le lieu de sa réalisation n'a pas encore été défini, selon un responsable au ministère des Pêches maritimes. Ce chantier naval ne s'adresse pas seulement à l'Espagne, mais à plusieurs partenaires, susceptibles de s'intéresser au projet. Les avis des professionnels marocains sont partagés sur le mémorandum signé entre le Maroc et l'Espagne. Omar Akouri, président de l'association des entreprises marocaines des pêches hauturières, est particulièrement heureux de “cet indice de la normalisation des relations entre le Maroc et l'Espagne, un partenaire privilégié“. Il est d'autant heureux que la secrétaire générale du ministère des Pêches maritimes espagnol, Mme Carmen Fraga Estévez qui a signé l'accord, est connue pour avoir une attitude moins hostile à l'égard du dossier marocain. “Du temps où elle travaillait à l'Union européenne, elle a toujours montré de l'intérêt pour les positions des professionnels de la pêche au Maroc“, déclare-t-il à ALM. Abderrahman El Yazidi, secrétaire général du syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière, émet pour sa part des réserves sur les axes de cet accord. “Certes l'aquaculture et les prospections dans les eaux profondes sont importantes, mais il serait faux de croire qu'en les mettant sous les feux des projecteurs, le ministère des pêches maritimes va résoudre les problèmes de la pêche au Maroc“. Selon M. El Yazidi, des ressources halieutiques existent au Maroc, mais elles sont mal exploitées. Il n'en veut comme preuve que la pêche de pélagique qui présente un grand potentiel au Maroc. “L'effort de la pêche a été mal réparti par le ministère qui a trop focalisé sur le poulpe au détriment d'autres espèces“, indique-t-il à ALM. Le dossier de la pêche demeure bien agité, en dépit de signes d'accalmies réels.