C'est fait. Enfin presque, puisqu'il reste – même si ce n'est qu'une formalité - à recueillir l'approbation des filiales subafricaines. En signant mardi une convention d'achat d'actions avec la française Vivendi pour acquérir 53% de parts dans Maroc Telecom, l'émiratie a mis fin à l'un des suspenses financiers les plus palpitants de ces dix dernières années. Maintenant que l'affaire est conclue, il apparaît nettement que le démenti opposé en milieu de l'année dernière aux informations annonçant que des négociations en vue de la vente des parts détenues par Vivendi ont été ouvertes n'était qu'une manœuvre commerciale préventive. Le groupe français était confronté à des problèmes financiers d'une telle gravité qu'il ne pouvait moins faire que de céder des actifs à la périphérie et de se centrer sur ses activités de base pour tenter d'y trouver solution. Le communiqué publié par Maroc Telecom ne revient pas sur ces péripéties et annonce simplement que «suite à nos annonces du 17 janvier 2013, du 24 avril 2013, du 1er mai 2013, du 28 mai 2013, du 23 juillet 2013 et du 29 septembre 2013, et après une période de négociations exclusives entre Etisalat et Vivendi pour la vente de la participation de 53% de Vivendi dans Itissalat Al Maghrib -Maroc Telecom-,(…) Etisalat a signé une convention d'achat d'actions avec Vivendi relativement à ladite transaction». Curieusement, c'est à Paris que la vente a été annoncée officiellement, mardi 1er Moharram, jour de l'an hégirien, étant un jour férié au Maroc et les médias émiratis ne s'étant pas prononcés. Relayée par les agences de presse, la nouvelle émise de France informe que Vivendi a annoncé avoir conclu un accord avec l'opérateur émirati Etisalat «pour lui céder la participation de 53% qu'il détenait jusqu'à présent dans Maroc Telecom (IAM)». Selon la même source, l'opération devrait rapporter 4,2 milliards d'euros en numéraire, soit 4,62 milliards de dirhams marocains environ. Bien que l'accord ait été qualifié de définitif, il reste cependant soumis à un certain nombre de conditions telles que l'approbation par les autorités de régulation des pays où Maroc Telecom est implanté. Toutefois Vivendi ajoute dans son communiqué que le groupe reste «confiant de pouvoir finaliser cette opération d'ici début 2014». Revenant sur le détail de l'opération, un communiqué émis au Maroc précise que la valeur de chaque action de Maroc Telecom cédée étant estimée à 96,6 DH, le montant de la transaction se chiffre à 3,9 milliards d'euros, soit en devise émiratie de 19,2 milliards AED. Mais, ce chiffre n'inclurait pas le dividende reçu par Vivendi de Maroc Telecom concernant l'exercice 2012, soit 7,40 DH par action, et qui, à la clôture, engagera Etisalat à payer à Vivendi la valeur en numéraire d'un montant de 0,3 milliard d'euros pour le dividende 2012 (équivalent à 1,5 milliard AED). Cependant, dans ce communiqué comme dans celui émanant de Vivendi, la condition de conformité à la législation locale est affirmée avec la même rigueur. On précise en effet que «la clôture de l'acquisition des actions de Vivendi dans Maroc Telecom par Etisalat est soumise à certaines conditions y compris l'établissement d'un pacte d'actionnaires avec le Maroc concernant Maroc Telecom, garantissant la concurrence et les approbations réglementaires dans le Royaume et les autres pays concernés.» Les 53% du capital social cédés, l'Etat marocain détient toujours 30% de Maroc Telecom, société cotée à la Bourse de Casablanca, rappelle-t-on. Une participation qui n'atteint pas la majorité de blocage, mais qui donne cependant latitude de s'assurer que le nouveau propriétaire de Maroc Telecom réalisera des investissements dans les infrastructures mobiles et haut débit. On rappelle à ce propos qu'Etisalat était devenu le seul acheteur potentiel des 53% de Maroc Telecom après le retrait du qatari Ooredoo (ex-QTel) à la mi-juin et que les relations entre les EAU et le Maroc sont exemplaires. Les commentateurs notent également que la cession des parts de Vivendi à un prix aussi élevé intervient alors qu'au 30 septembre 2013 le Groupe Maroc Telecom a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 21.467 millions de dirhams, en retrait de 4,7% par rapport à 2012. Cette baisse avait été expliquée par un recul du chiffre d'affaires au Maroc (-8,4%), dans un contexte de forte concurrence sur le marché Mobile- avec notamment le passage à la tarification à la seconde que n'a pas totalement compensé «la poursuite d'une forte croissance des revenus à l'international (+9,5% à taux change constant)». Le parc a, quant à lui, plus fière allure. Sa dynamique de croissance se poursuit avec une progression annuelle de 8,8%. Il s'établit à près de 36 millions de clients au 30 septembre 2013, tirée essentiellement par la croissance de 18,1% des parcs à l'international. Les clients du groupe dépassent en effet les 15 millions dans l'ensemble des pays étrangers où le groupe est implanté.