L'Algérie vient de donner la preuve que «les bonnes habitudes sont beaucoup plus faciles à perdre que les mauvaises». Et cette fois-ci encore, l'Etat voisin a prouvé, à ceux qui en doutaient encore, l'implication directe des actuels locataires d'El Mouradia dans l'affaire du Sahara, alors que durant des décennies ils n'ont cessé de crier, à qui voulait les entendre, leur impartialité dans ce conflit. Lundi dernier, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, dans une lettre adressée devant une assistance d'une conférence dans la capitale nigériane Abuja et lue en son nom par le ministre de la justice algérien, Tayeb Louh, a sciemment évoqué la question des droits de l'Homme dans les provinces du Sud. A cette nouvelle sortie hostile de l'Algérie, le Maroc a décidé de rappeler son ambassadeur à Alger, Abdellah Belkeziz, pour consultations. Un communiqué du ministère des affaires étrangères expliquait mercredi que «cette décision fait suite à la multiplication des actes de provocation et d'hostilité de l'Algérie à l'égard du Royaume, notamment s'agissant du différend régional au sujet du Sahara marocain». L'impartialité de l'Algérie, dans le conflit au Sahara, est également expliquée dans le communiqué du ministère où celui-ci ajoute que «le contenu volontairement provocateur et les termes foncièrement agressifs de ce message émanant, de surcroît, de la plus haute autorité du pays, reflète clairement la posture de l'Algérie en tant que partie prenante à ce différend et dévoile sans équivoque sa véritable stratégie fondée sur l'instrumentalisation politique de la noble cause des droits de l'Homme». Par cette évocation de la question des droits de l'Homme, l'Algérie cherche sciemment à voiler la réalité du vécu sur son territoire et notamment dans les camps de Tindouf. Kathryn Cameron Porter, présidente du Leadership Council for Human Rights (LCHR), l'une des plus importantes ONG US des droits de l'Homme, explique dans une déclaration à la MAP que la dernière sortie du président Abdelaziz Bouteflika «relève des tactiques des agents provocateurs qui cherchent à détourner les regards de plus en plus scrutateurs de la communauté internationale sur la situation dramatique qui prévaut dans les camps de Tindouf, devenus un terrain fertile aux recruteurs d'Al-Qaïda». Pour le chercheur Khalid Chergraoui, la décision du Maroc est un durcissement d'attitude qui répond de manière logique aux provocations des dirigeants des Algériens. Alors que le ministère des affaires étrangères n'avait donné, jeudi, aucune suite au rappel de l'ambassadeur, le discours porteur d'escalade entre Rabat et Alger coïncide avec le briefing de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, et le représentant spécial et chef de la Minurso, Wolfgang Weisbrod-Weber, mercredi à huis clos, devant les membres du Conseil de sécurité sur les derniers développements du «processus de médiation» de la question du Sahara marocain. Ross a informé les membres du Conseil sur les principaux résultats de sa récente visite effectuée du 7 au 25 octobre dans la région et dont l'objectif était de «lancer une nouvelle phase dans les négociations», basées sur des échanges bilatéraux discrets entre l'envoyé et chacune des parties séparément», souligne un communiqué distribué à l'issue de ce compte-rendu. Autre coïncidence, un agenda interne algérien très chargé et que l'oligarchie militaro-politique du pays façonne en pensant toujours à «son ennemi», le Maroc: les présidentielles d'avril 2014 et la préparation de l'ère après-Bouteflika, le dossier du Mali, et bien évidemment la prochaine visite du secrétaire d'Etat américain John Kerry, prévue dans la région.