C'est une nouvelle escalade algérienne, à coup sûr ! A Abuja, capitale du Nigéria, dans le cadre d'une réunion consacrée à la solidarité avec «le peuple sahraoui», le président algérien a décidé de franchir un pas supplémentaire dans la provocation contre le Maroc. Il a demandé ni plus, ni moins «la mise en place d'un mécanisme de protection des droits de l'Homme au Sahara, région occupée par le Maroc». Le discours d'Abuja, dont lecture a été faite par Tayeb Louh, ministre algérien de la Justice, interpelle les observateurs à un moment où, d'une crise interne avec ses propres services de renseignements, à une tentative de fourvoyer l'opinion excédée de le voir postuler un quatrième mandat présidentiel, Abdelaziz Bouteflika a décidé de réaffirmer solennellement son soutien au Polisario. Cette réaction s'apparente à une échappatoire, destinée davantage à détourner l'attention du peuple algérien et de faire du conflit du Sahara, de nouveau, un exutoire. Ce n'est pas nouveau, ni inédit non plus, le Maroc ayant constamment servi de bouc émissaire... On peut, en effet, se poser légitimement la question de savoir pourquoi une telle surenchère ? Pourquoi aujourd'hui précisément ? Les réponses, parce qu'elles sont effectivement nombreuses, tombent d'elles-mêmes quand on sait que les dernières semaines ont été marquées par une série de déboires infligés au gouvernement algérien, aussi bien aux Nations Unies qu'au Parlement européen, et même sur le terrain, lors de la visite de Christopher Ross... Il a donc choisi un autre lieu, et pas neutre – puisque l'Algérie y est intimement liée par ce qu'on appelle l'Axe Alger - Lagos - , le Nigéria et un forum que le gouvernement algérien finance, bien entendu, pour lancer sa campagne : «La nécessité, a-t-il déclaré, de la mise en place d'un mécanisme de suivi et de surveillance des droits de l'Homme au Sahara (...) est plus que jamais d'actualité. Ce recadrage de la mission de la Minurso permettra aux Nations Unies de jouer pleinement leur rôle en matière de surveillance des droits de l'Homme au Sahara (...) et, ce faisant, complétera le mandat de la Minurso qui, faut-il le rappeler, est la seule mission de maintien de paix des Nations Unies à ne pas englober les droits de l'Homme dans son mandat» ! Le thème des droits de l'Homme est depuis quatre ans maintenant la «tarte à la crème» de la diplomatie algérienne, une carte usée, d'autant plus que le cours des choses dans cette affaire ne favorise plus la thèse du séparatisme qu'elle s'acharne à défendre. En appelant à nouveau à l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme dans les provinces du Sud, Bouteflika a violé l'esprit de la Résolution pertinente 2099 du Conseil de sécurité qui, outre le fait de clore ce dossier des droits de l'Homme, ne fait «aucune référence à la modification des prérogatives de la mission onusienne, mais au contraire salue les pas franchis par le Maroc pour la promotion des droits de l'Homme». Or, cette même résolution met en exergue la question du recensement des populations de Tindouf auquel l'Algérie s'oppose obstinément. Faut-il rappeler que la même résolution réitère l'attachement de l'ONU et de la communauté mondiale à l'Initiative d'autonomie élargie, proposée par le Maroc, jugée «crédible et sérieuse» ? En fait, si violations des droits de l'Homme il y a, c'est bel et bien dans les camps de Tindouf, là où les Sahraouis proclament leur retour au Maroc, mais qui vivent parqués dans des camps militarisés et servant de paravent à la propagande algérienne ! Depuis 35 ans, le HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) réclame, en vain, la possibilité d'effectuer un recensement dans les camps de Tindouf pour authentifier qui est véritablement Sahraoui et qui ne l'est pas. Cette opération permettrait à l'ONU de mettre le gouvernement algérien au pied du mur parce qu'au cours des dernières années, notamment depuis les sécheresses ayant frappé le Sahel en 1983, l'armée algérienne a enrôlé de force des populations en déshérence, en provenance du Niger, du Mali, de Mauritanie et d'autres pays limitrophes. Elle les a incorporées «manu militari» au sein des séquestrés avec le souci de grossir le nombre de ce que l'Algérie appelle les «réfugiés de Tindouf» ! Dans quelques jours, pour ne pas dire quelques heures, l'affaire du Sahara fera l'objet du traditionnel débat à la 4ème Commission des Nations unies, appelée Commission de décolonisation. C'est un sempiternel rendez-vous qui revient sur la table depuis quatre décennies. Christopher Ross, envoyé spécial de Ban Ki-Moon au Sahara, Secrétaire général de l'ONU, devrait y présenter son rapport, suite à la récente tournée qui l'a conduit à Rabat, Laâyoune, Smara, Tindouf, Nouakchott et Alger. Sa visite à Lâayoune et Smara a été marquée par une série d'incidents ayant mis face-à-face les forces de l'ordre aux sympathisants du Polisario. Cela dit, ils n'ont pas eu de conséquences sur le processus de discussions qu'il a eues avec les responsables marocains. Ce sont, en fin de compte, six étapes d'une tournée organisée une semaine après le discours que le Roi Mohammed VI a prononcé le 11 octobre devant les deux Chambres réunies du Parlement marocain. On rappellera qu'au cours de ce discours solennel, le Souverain a souligné, sans emphase, que «la situation est difficile au Sahara » ! A juste titre, observateurs, parlementaires et opinion publique n'ont pas manqué d'accorder au propos royal une tonalité particulière, accompagnée d'interrogations diverses. Sans établir de lien direct entre la déclaration royale et la visite programmée de l'envoyé spécial de l'ONU au Sahara, on doit relever toutefois qu'elle tombe à point nommé. Le projet de résolution, émanation d'un débat contradictoire et enragé entre la délégation du Maroc et celle de l'Algérie, semble satisfaire toutes les parties. Mais, d'ores et déjà, il faut convenir que le gouvernement algérien a décidé de faire de 2014 l'année de l'acharnement antimarocain et de tout mettre en œuvre, diplomatie, pressions internationales, lobbying, pétrodollars, jeux d'influence et menaces mêmes pour remettre en question l'esprit qui préside aux Nations Unies ou ailleurs, au processus de règlement définitif du conflit.