Le projet de décret relatif au mode de calcul des prix des médicaments du ministère de la santé suscite la colère des industriels. Les représentants de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP), Maroc Innovation Santé (MIS) et l'Association marocaine des médicaments génériques (AMMG) rejettent ce projet qui, rappelons-le, a été soumis à la Primature. Les trois associations qui se sont réunies le 24 septembre 2013 au siège de l'AMIP ont exprimé, dans un communiqué conjoint, leur étonnement et leur inquiétude devant ce projet de décret. Celles-ci dénoncent le manque de transparence de la part du ministère de la santé. Et pour cause, le document a été élaboré de manière unilatérale par le ministère de tutelle sans concerter les industriels. Les trois associations contestent unanimement ledit projet dans son approche non consensuelle et partielle, qui risque d'engendrer des impacts catastrophiques sur l'industrie pharmaceutique. Contacté par ALM, Abdelghani El Guermai, président de l'AMIP, affirme que «ce nouveau décret va handicaper le développement de l'industrie pharmaceutique. Le chiffre d'affaires des industriels va fortement chuter, ce qui aura un impact direct sur l'investissement et l'emploi». En d'autres termes, ce décret va induire pour les industriels un gel des investissements et la perte de milliers d'emplois. Ce qui va à l'encontre même des aspirations et des objectifs du contrat-programme signé avec le gouvernement qui vise à développer l'industrie pharmaceutique nationale et ses activités à l'export. L'autre conséquence qu'anticipent les trois associations est la disparition de nombreux médicaments, notamment ceux à petits prix. Ce qui affectera directement les patients les plus démunis économiquement. Les industriels tiennent à souligner que l'accord qui a été conclu et signé avec le ministère de la santé le 11 juillet 2012 n'a pas été respecté et appliqué par le ministère en dépit des efforts qui ont été consentis de leur part pour améliorer l'accessibilité aux médicaments. Les industriels pharmaceutiques se sont engagés à prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder les intérêts du secteur et à assurer une meilleure santé pour les citoyens. «Nous ne sommes pas en conflit avec le ministre de la santé. Nous revendiquons un «juste milieu» pour ne pas être lésés. Nous demandons plus de visibilité du secteur», conclut M. Guermai. Une conférence de presse sera organisée prochainement par les industriels pour donner des éclaircissements à ce sujet. Rappelons que 1.000 médicaments devraient voir leurs prix baisser. Cette baisse devrait concerner les molécules les plus prescrites et les plus consommées par les malades. Il s'agirait d'antibiotiques, d'antidouleurs et de médicaments pour les pathologies cardio-vasculaires. Pour l'instant, la liste et les taux de baisse des prix de ces médicaments ne sont toujours pas connus.