Nouveau couac au sein de l'Exécutif. La récente décision d'Ahmed Taoufiq, ministre des habous et des affaires islamiques de fermer « Dour Al Koraan » à Marrakech ne fait pas l'unanimité chez ses confrères du gouvernement. Mustapha Ramid, ministre de justice et des libertés (PJD), a exprimé mercredi son désaccord avec le ministre des affaires islamiques. «Je considère cette décision comme une erreur, j'espère grandement qu'elle sera révisée», a déclaré M. Ramid dans une déclaration à la presse. Et d'ajouter : «j'ai été surpris par la décision de fermeture de ces établissements, il s'agit d'une décision que je refuse catégoriquement dans la mesure où elle porte atteinte aux libertés des gens sans raison valable». Par sa position, Mustapha Ramid soutient ouvertement les centaines de sympathisants du cheikh Maghraoui qui ont organisé des sit-in devant les établissements fermés en protestation contre la décision du ministre des affaires islamiques. C'est ainsi que l'équipe gouvernementale vit une nouvelle fois au rythme d'une véritable cacophonie, avec des décisions prises et contestées par les ministres entre eux. Pour rappel, le ministère des habous et des affaires islamiques avait expliqué la décision de fermeture des locaux gérés par cette association et dits «Dour Al Koraan», a été prise «conformément à la loi», sachant que «tout enseignement destiné au public et portant sur la religion, tant en ce qui concerne l'apprentissage du Coran que l'enseignement des disciplines théologiques, est régi par la loi relative à l'enseignement originel, abstraction faite de la partie qui en prend la charge ou du lieu où ils sont dispensés». La même source précise que les gérants de ces lieux objet de fermeture «ont refusé de régulariser leur situation auprès des autorités supervisant l'enseignement originel dans les délais prescrits» et qu'ils «n'ont pas accepté que ces lieux soient soumis, conformément à la loi, à la tutelle de l'autorité en charge de l'enseignement originel et ce, malgré les mises en demeure répétées qu'ils ont reçues depuis l'expiration des délais fixés par l'article 25 de la loi no 13-01 relative à l'enseignement traditionnel». Le ministère avait annoncé qu'il rendra publics des documents détaillés à ce sujet, en soulignant qu'«au Maroc on ne saurait laisser enseigner le Saint Coran sans règles fondatrices, ni méthodes et programmes éducatifs officiels dans le cadre de la loi».