Comment promouvoir l'éducation comme outil de prévention de la corruption et comment améliorer la gouvernance de ce secteur à travers l'évaluation et la réduction des risques de corruption ? C'est à cette double problématique qu'ont tenté de répondre plusieurs intervenants, mardi 18 juin 2013, à Rabat lors d'une journée d'étude organisée par l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) en coopération avec le ministère de l'éducation nationale (MEN). Ayant pour thème «La gouvernance du secteur de l'éducation et le rôle de ce secteur dans la promotion d'une culture de l'intégrité», ce colloque vient relancer le partenariat entre le ministère de l'éducation et l'ICPC traduit par la signature en juillet 2011 d'une convention de coopération pour la lutte contre la corruption. Ainsi à cette occasion il a été procédé mardi à la signature d'un accord entre Mohamed El Ouafa, ministre de l'éducation nationale, et Abdeslam Aboudrar. «Cet accord acte la mise en place d'une haute commission présidée par les deux responsables et qui aura pour but de veiller à l'application de mesures concrètes pour la lutte contre la corruption et au suivi de l'avancement de ce chantier», a indiqué à ALM Mohamed El Ouafa, ministre de l'éducation. Et d'ajouter : «La lutte contre la corruption rejoint notre combat contre la fraude. Ces deux phénomènes sont liés et portent atteinte aux principes de mérite et d'égalité des chances, et de ce fait portent atteinte à notre société et même à notre économie». Pour sa part, M. Aboudrar a souligné que la corruption n'épargne aucun domaine mais doit être combattue en premier lieu par la prévention et la sensibilisation. «L'éducation présente la meilleure arme de lutte, et ce avant les mesures de sanctions», dit-il. Parmi les mesures concrètes que doivent se hâter de prendre les responsables de l'éducation nationale, M. Aboudrar insiste sur l'inscription dans les programmes scolaires de cours d'éducation à l'intégrité, à la bonne gouvernance et à la citoyenneté. Le deuxième volet du plan d'action de l'ICPC vise la lutte contre la corruption dans le secteur de l'éducation. Dans ce sens, l'ICPC ambitionne d'élaborer à l'instar de ce qui a été accompli au niveau du ministère de la santé et du ministère de l'équipement et du transport une cartographie des risques. «Il s'agit d'une étude où l'on ira au fond du problème avec tous les intervenants du secteur (professeurs, parents d'élèves, administratifs) pour repérer où il y a le plus de risque de corruption et comment l'aborder», explique M. Aboudrar. Et en effet, selon l'ICPC, les zones les plus sujettes à la corruption dans le secteur de l'éducation incluent la grande et petite corruption et comprennent le financement, la construction et la maintenance des infrastructures, la distribution de fournitures et de matériaux, la rédaction des manuels scolaires, le recrutement et la promotion des professeurs, les systèmes d'information, les examens et diplômes ainsi que l'accréditation des institutions, ou encore les cours dits de renforcement qui sont pratiquement imposés aux élèves dans certains cas. Ainsi aujourd'hui, par la présence du ministre, la volonté des responsables de l'éducation de lutter contre la corruption dans et à travers leur secteur semble manifeste. Mais pour M. Aboudrar, «la tâche reste très lourde et il faut du temps pour se convaincre que la lutte contre la corruption est aussi importante que la réhabilitation des écoles, la formation des enseignants…».