Les groupes parlementaires de l'opposition menacent de boycotter la séance mensuelle d'interpellation du chef de gouvernement, si les modalités de son déroulement ne changent pas. C'est la principale cause du report de ce rendez-vous qui était prévu hier et qui devrait avoir lieu le 31 mai avec comme sujet «La crise économique et la coupe budgétaire de 15 milliards DH», a indiqué à ALM Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire PJD. Mais pour Ahmed Zaidi, président du groupe parlementaire ittihadi, «le refus de participer à la prochaine session sera catégorique si la majorité continue à faire la sourde oreille à nos remarques». «L'actuelle formule de cette séance lèse les droits et le rôle de l'opposition et consacre encore une fois la domination du chef de gouvernement, secrétaire général du PJD», souligne M. Zaidi. Et ces réserves concernent trois points principaux. Il est question de la répartition du temps de parole entre la majorité et l'opposition. «Nous exigeons une répartition égale entre l'opposition et la majorité. Il est temps d'en finir avec le déséquilibre dont profite le chef de gouvernement pour passer ses messages à l'opinion publique, tout en dénigrant l'opposition». Pour rappel, la séance est répartie en trois tiers entre majorité, opposition et chef de gouvernement auquel est accordé un temps additionnel de 10 minutes. Le deuxième point a trait aux questions et leur contenu : les groupes de l'opposition ont proposé que chaque parti pose sa propre question avec un sujet librement choisi, ce, outre le sujet d'ordre général défini préalablement. «Une telle formule, en multipliant les sujets, disperserait le contenu de la session et chamboulerait son déroulement», s'insurge Abdellah Bouanou. Mais M. Zaidi rétorque : «Il faut que cette séance soit l'occasion d'un dialogue avec le chef de gouvernement, une réelle interpellation sur la politique publique, non une simple séance institutionnelle monotone et froide». Le troisième point concerne le jour de cette séance qui s'est déroulée depuis son instauration un lundi. «Le lundi est consacré à la séance hebdomadaire des questions orales adressées au gouvernement. Nous refusons que le chef de gouvernement s'approprie cette séance constitutionnelle, et accapare un temps de parole dédié normalement aux députés de la nation pour l'interpellation du gouvernement sur les politiques sectorielles», explique M. Zaidi. Toutefois, pour Abdellah Bouanou, les remarques de l'opposition ne sont pas mentionnées dans le règlement interne de la première Chambre et sont de ce fait révocables. De son côté, Zaidi estime que le gouvernement profite de ce vide juridique pour imposer son hégémonie. Insistant sur la détermination de l'USFP à boycotter la prochaine séance si le majorité s'obstine dans sa rigidité, M. Zaidi a fait remarquer qu'«il est aujourd'hui devenu indispensable de mettre fin à cette polémique en actualisant le règlement interne conformément à la Constitution».