Le transport routier baigne depuis plusieurs années dans l'anarchie. Une réorganisation totale du secteur s'impose plus que jamais. Rouler sur les routes au Maroc est une aventure pas toujours amusante. Grands taxis, autocars et camions de transports de marchandises constituent des menaces potentielles pour la sécurité de tout voyageur. Car dans le secteur du transport public, l'anarchie ne cesse de prendre des proportions alarmantes. Et le constat est le même depuis plusieurs années. Les exemples sont légions. Dans le trafic marchandises, la concurrence routière est extrêmement sévère. Et la désorganisation frappe de plein fouet ce créneau : beaucoup de petits transporteurs ne respectent pas la réglementation. Et des milliers d'entre eux travaillent dans l'informel. La désorganisation frappe aussi le transport des voyageurs. Côté légal, près de 9.000 agréments de transport routier (principalement d'autocars) sont en circulation. La plupart d'entre eux profitent à des bénéficiaires qui les ont obtenus le plus souvent selon des critères pour le moins irrationnels. En principe, les détenteurs d'agréments ne sont obligés de les exploiter directement. Ce qui a donné lieu à la pratique de location de ces agréments, le plus souvent à des « professionnels » qui respectent peu les normes les plus élémentaires de sécurité. Il faut dire que les enjeux financiers liés à ces pratiques sont énormes. À titre d'exemple, le prix d'un agrément cessible a atteint, ces dernières années, sur le marché, entre 1 et 4 millions de DH, proportionnellement à la distance autorisée à couvrir. Sans parler des bénéfices qui les accompagnent. Les drames aussi. Comment à-ton arrivé là ? La situation s'est aggravée depuis plusieurs années avec les différents responsables qui se sont succédé à la tête du ministère du transport. Et depuis quelques années, les grandes résistances d'une bonne partie des professionnels du secteur du transport à toute mesure de refonte viennent compléter le décor. Le gouvernement envisage de racheter les agréments de transport-voyageurs, pour les revendre par la suite sur la base d'un nouveau système d'appels d'offres. Et comme à l'accoutumé, ce projet de texte a soulevé (pour différentes raisons) la désapprobation des transporteurs qui ont décidé de demander son rejet en bloc. En attendant, nous continuerons à se lancer dans l'aventure (on y est bien obligé), pas toujours amusante de prendre la route…