Lobby puissant affilié à la Fédération nationale du transport routier (FNTR), les transporteurs de marchandises ont toujours adopté une ligne de conduite revendicative pour arracher le maximum d'avantages fiscaux. “C'est une menace de grève de patrons“, lance un responsable du ministère du Transport à l'occasion du mouvement qu'entendent déclencher les transporteurs routiers de marchandises pour signifier que ce ne sont pas les chauffeurs qui revendiquent. “ Ces derniers, qui travaillent dans des conditions matérielles et morales déplorables, n'ont apparemment pas voix au chapitre. Personne pour les défendre“, ajoute notre interlocuteur qui précise que la grogne actuelle concerne d'un lobby fort de 5600 véhicules agrées opérant aussi dans le TIR (Transport international routier) sous couvert de feuilles de routes de l'ONT . Alors qu'est ce qui justifie, à la veille de la fin de l'année 2002, l'exaspération des patrons des camionneurs? Celle-ci se résume en deux mots : la hausse des taxes. Il ne manque, semble-t-il, aux intéressés pour être comblés que d'obtenir la baisse de la pression fiscale qui, à leurs yeux, frappe plus que de raison leur secteur d'activité. Cela pourrait être un joli cadeau de Noêl, en somme. Ces transporteurs font le forcing pour faire inscrire une révision en baisse de la taxe annuelle à l'essieu dans la Loi de finances 2003, qui oscille entre 5.000 et 9.000 DH par camion, ainsi qu'une diminution de la TIC (Taxe intérieure de consommation) que tous les Marocains paient du reste. “Le produit de ces deux impôts alimente un fonds destiné à la maintenance des routes qui subissent la surcharge des camions“, explique un cadre du ministère de tutelle. Il ajoute : “ Si l'ensemble des secteurs s'amusent à agiter la muleta de la grève pour ne pas s'acquitter de leurs impôts, l'État n'aurait plus de ressources pour faire face à ses obligations“. En fait, les transporteurs routiers ont fait de la revendication une ligne de conduite pour gratter le maximum de privilèges fiscaux. Auraient-ils oublié les avantages dont ils ont bénéficié au cours de ces dernières années ? L'article 7 de la Loi de finances 1999/2000 a permis l'exonération de la TVA à l'importation sur les acquisitions d'autocars, de camions et des biens d'équipements nécessaires à l'exercice de l'activité TIR. En outre, un taux minimum de 2,5% des droits de douane a été appliqué sur les importations des remorques réservées au transport des produits de textile et vêtements destinés à l'export et des citernes en acier. Le même taux des droits de douane a profité à l'importation de matériel démonté sous forme d'éléments CKD à l'occasion du budget, 2ème semestre 2000. L'État a également fait un geste dans la Loi de finances 2001 en permettant aux transporteurs publics routiers de récupérer la taxe sur le gasoil selon le schéma suivant : 33% en 2001, 66% en 2002 et 100% en 2003. Cet avantage a également profité aux transporteurs de marchandises pour compte propre lors de la Loi de finances 2002. À cela s'ajoute une batterie de mesures visant la simplification des procédures administratives comme l'élargissement du rayon d'activité des transporteurs de marchandises effectuant le camionnage ville et l'octroi par la commission des transports d'agréments aux transporteurs qui opéraient par la biais d'agréments pris en location. D'autres revendications, en rapport avec l'office national des transports (ONT), furent satisfaites telles que la mise en place, devenue effective en janvier 2000, d'abattements annuels de 33% par an au droit sur la valeur de la marchandise, ainsi que la suppression des prélèvements effectués sur le montant de transport en faveur de la caisse de retour à vide et l'arrêt des indemnisation des transporteurs pour les distances parcourues à vide… Les opérateurs TIR ont même été jusqu'à réclamer une exemption de l'IS sur la partie de leur activité payée en DH…Une demande qui ne tient pas du tout la route… Alors qui veulent rouler les transporteurs routiers ?