Il est le président très particulier d'une fédération représentant un secteur, le transport routier, où il ne possède aucun intérêt. Explications. Il passe pour être la grande gueule du secteur du transport au Maroc. C'est sa qualité première. Et il en use et abuse. Quand il n'est pas content d'un article de presse, il prend son téléphone, crie à tue-tête, menace et insulte le journaliste. Azzedine Berrada, 55 ans, officie depuis 1999 à la tête de la fédération nationale des syndicats des transporteurs routiers du Maroc (FNSTRM), qui regroupe quatre sections ( taxis, autocars, marchandises et transport urbain). Mais l'intéressé est très intéressant à tout point de vue. Il monte en première ligne en vociférant alors qu'il n'a aucun intérêt dans les activités qu'il est censé défendre. “Ni véhicule, ni pneu“ selon la formule d'un transporteur qui a pignon sur rue. Alors pour qui roule M. Berrada dans une affaire où visiblement il ne représente que lui-même ? Certes, c'est lui qui a été à l'origine de la dernière grève qui a immobilisé les autocars, privant les usagers aux quatre coins du pays de vaquer à leurs occupations. C'est lui encore qui a menacé le ministère de tutelle de reconduire une autre grève du 26 au 28 juin avant qu'il ne fasse marche arrière sans même klaxonner. A-t-il obtenu ce qu'il cherche ? Une chose est sûre: Azzedine Berrada ne perd jamais le nord lorsqu'il est en face de Karim Ghallab. Les opérateurs sérieux du secteur voient en lui un intrus doublé d'un chahuteur professionnel qui, payé pour arracher des privilèges aux membres de son association, utilise aussi la fédération comme un moyen de pression sur les autorités concernées. Alors quelles sont les arrière-pensées qui représentent le moteur de ses gesticulations? Il est vrai que ce syndicaliste pour le moins original connaît quelques ficelles du métier grâce à sa reconversion dans le transport de marchandises après avoir quitté pour l'on ne sait quelles raisons un poste à la Comanav il y a un peu plus d'une décennie. Ce qui lui a valu d'intégrer en 1993 en tant que vice-président la confédération nationale des transports routiers avant d'en être éjecté six ans plus tard pour une histoire de climatiseurs. Une histoire qui garde encore toute sa fraîcheur chez ceux qui l'ont côtoyé. Mais le limogé n'est pas en panne d'idées. C'est ainsi que, probablement mû par un désir de vengeance, il crée sa propre structure, une sorte de “brebis galeuse“, ne faisant pas partie de la confédération qui, elle, regroupe l'ensemble des syndicats de la filière. Ainsi roule Azzedine Berrada dont le bagout séduit visiblement ceux dont ils jouent les avocats zélés. Mais à trop appuyer sur le champignon, on risque de finir au bord de la route.