Décidément, le climat des affaires au Maroc a du mal à se tempérer. Aussi, 33% des industriels ne voient pas le bout du tunnel. C'est ce qu'a révélé Bank Al-Maghrib dans son enquête de conjoncture du 4ème trimestre 2012 réalisée auprès des professionnels de l'industrie. Entre faiblesse de la demande, accentuation de la concurrence, flambée des prix des matières premières et difficultés de recouvrement, les industriels sont en crise. Ainsi, le climat général des affaires est considéré globalement défavorable pour le deuxième trimestre consécutif avec un solde d'opinion négatif de 24%. Et bien que Bank Al-Maghrib prédise qu'au cours du 1er trimestre 2013 le climat des affaires devrait connaître une légère amélioration, les indicateurs actuels tendent à la baisse. À ce titre, le niveau des stocks de matières premières est assez révélateur. Ainsi, les stocks détenus par les entreprises demeurent inférieurs à leur niveau normal. Cette appréciation a surtout été partagée par les industries du textile et du cuir et les industries mécaniques et métallurgiques. Même son de cloche du côté des coûts de production. Le coût unitaire de production a augmenté au cours du quatrième trimestre 2012 avec un solde d'opinion de 53%, en hausse de 4 points de pourcentage par rapport au trimestre précédent. Cette évolution a été exhaustive à l'ensemble des branches mais à des degrés divers. L'enquête a identifié un facteur responsable de cette hausse des coûts unitaires de production. Il s'agit de la flambée des prix des matières premières non énergétiques avec un solde d'opinion de 62%. Au niveau sectoriel, cette situation a concerné l'ensemble des branches, à l'exception des industries du textile et du cuir, pour lesquelles le renchérissement des matières premières énergétiques a été relevé comme étant le principal facteur de progression des coûts. Par contre les industriels dénoncent la faiblesse de la demande et l'accentuation de la concurrence comme étant les principales entraves au développement de la production, avec respectivement 37 et 21% des réponses, suivi par le secteur informel avec un solde de 12%. La crise est donc bien présente. En effet, la situation de trésorerie des industriels au cours du quatrième trimestre 2012 était inférieure à la normale pour 52%, normale pour 47% des entreprises, et supérieure à la normale pour seulement 1%, soit un solde d'opinion négatif de 51%. Cette situation a concerné l'ensemble des branches. Aussi, leur trésorerie a été affectée essentiellement par les difficultés de recouvrement et par les charges non financières. Ajouté à cela, l'accès au financement bancaire a été jugé globalement difficile au cours du quatrième trimestre 2012 avec un solde d'opinion négatif de 26%. L'industrie a donc bouclé 2012 en difficulté. Le premier trimestre de 2013 sera-t-il celui de la reprise? Les industriels y croient mais la conjoncture aura son mot à dire. L'autofinancement rythme les investissements Les dépenses d'investissement réalisées au cours du 4ème trimestre 2012 ont marqué globalement un accroissement par rapport au trimestre précédent dans l'ensemble des branches, à l'exception des industries chimiques et parachimiques, où ces dépenses ont quasiment stagné. A très court terme, les industriels anticipent globalement la poursuite de cette évolution avec un solde de 25%. S'agissant de la structure du financement des investissements envisagés à court terme, l'autofinancement vient en première place avec 86%, suivi du crédit bancaire avec 9% et du crédit bail avec 4%. L'augmentation de capital vient en dernier avec 1%. Aussi, l'accès au financement bancaire a été jugé globalement difficile au cours du 4ème trimestre 2012 et les entreprises enquêtées indiquent qu'au cours de cette période, le coût de crédit a connu une augmentation avec un solde d'opinion de 5%. Cette évolution recouvre une stagnation des coûts de crédit dans les industries électriques et électroniques et une baisse dans les industries mécaniques et métallurgiques. Bonne tenue de l'approvisionnement et du social En matière d'approvisionnement, 88% des entreprises ont estimé qu'il était normal durant le 4ème trimestre 2012, 10% l'ont jugé facile et seulement 1% ont déclaré avoir éprouvé des difficultés d'approvisionnement, soit un solde positif de 9%. Au niveau sectoriel, l'approvisionnement a été considéré facile pour l'ensemble des branches. Sur le plan social, l'effectif global employé a connu une quasi-stagnation durant le 4ème trimestre 2012, recouvrant une hausse des effectifs dans les industries agroalimentaires, une quasi-stagnation dans les industries chimiques et parachimiques et une baisse dans les autres branches. Selon les professionnels, cette évolution devrait se poursuivre à court terme. Aussi, 96% des entreprises enquêtées ont qualifié de calme le climat social au cours du 4ème trimestre 2012, contre 4% qui l'ont estimé tendu.