Gouvernement, syndicats, et patronat seront vendredi face à face à Rabat. La réunion vient dans le cadre d'une commission voulue et créée par l'Exécutif. Baptisée Haute commission de concertation, cette dernière devra dès sa première réunion aborder des sujets importants et potentiellement conflictuels. Car il est clair aujourd'hui que le gouvernement veut s'assurer des soutiens des partenaires sociaux dans ses réformes structurelles programmées. Ce n'est pas donc une surprise que la réforme du système de compensation figure en bonne place dans l'ordre du jour de la réunion du vendredi. A quelques mois du lancement effectif des premières mesures de la réforme, le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane profitera de l'occasion pour sonder les syndicats et le patronat sur le sujet. Sera-t-il convaincant ? Il semble en tout cas que des moments difficiles attendent le gouvernement. Outre les choix difficiles, voire impopulaires, qui devront être faits, le gouvernement sera obligé de répondre aux revendications des syndicats concernant le droit à la grève et les retenues sur les salaires des fonctionnaires grévistes, appliquées par le gouvernement ces dernières semaines. Bien que le sujet ne soit pas retenu dans l'ordre du jour, la FDT (Fédération démocratique du travail) et la CDT (Confédération démocratique du travail) sont décidées de le soulever. «Même si ce point ne figure pas dans l'ordre du jour établi par le gouvernement, nous comptons le soulever. Nous pensons d'ailleurs qu'il sera l'un des points les plus chauds de la réunion avec le chef de gouvernement et les ministères concernés. Nous n'allons pas accepter que les responsables continuent à appliquer des ponctions sur les salaires des fonctionnaires de l'administration publique uniquement pour avoir usé de leur droit légitime et constitutionnel de la grève», affirme Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT. Même le relais syndical du PJD, l'UNTM (Union nationale du travail au Maroc), semble prendre des distances avec le gouvernement sur ce point. «Notre position est claire. Nous disons oui à la réglementation du droit à la grève mais nous apposons notre niet aux ponctions sur les salaires. La solution passe de notre point de vue par l'adoption d'une loi spécifique. Nous comptons soulever la question vendredi prochain avec le gouvernement», explique Abdelilah El Halouti, secrétaire général adjoint de l'UNTM. On est donc bien loin de l'ordre du jour établi. Pour sa part, la CGEM préfère d'abord connaître l'offre du gouvernement sur les points inscrits à l'ordre du jour avant de prendre une position. «Nous pensons que la création d'une haute commission de concertation est une bonne initiative pour aborder les principales réformes structurelles à engager», déclare Jamal Belahrach, président de la commission emploi et relations sociales à la CGEM. Et de conclure: «L'avantage de cette réunion est de connaître la feuille de route du gouvernement concernant la réforme de la Caisse de compensation, des caisses de retraite… Car d'une manière ou d'une autre, ces réformes auront un impact sur les entreprises. La CGEM sera active à travers ses propositions sur ces dossiers en fonction de la feuille de route gouvernementale». Reste à savoir maintenant le sort qui sera réservé aux autres commissions entre le gouvernement et ses partenaires sociaux. Alors que la Haute commission de concertation vient de voir le jour, il faut rappeler que d'autres commissions nationales existent, notamment concernant la caisse de retraite dont la commission nationale ne s'est pas réunie une deuxième fois depuis sa création en 2004 ! La Haute commission de concertation réussira-t-elle là où d'autres commissions semblent avoir échoué? La réunion de ce vendredi apportera sûrement les premiers éléments de réponse.