Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a jeté la lumière sur la situation déplorable des prisons marocaines. Dans son rapport intitulé «La crise dans les prisons, une responsabilité partagée: 100 recommandations pour la protection des droits des détenus», le CNDH nous donne un aperçu sur les innombrables dysfonctionnements qui gangrènent le système pénitentiaire. Le Conseil déplore «l'absence de contrôles et d'inspections efficaces», le «recours excessif» à la détention provisoire et la lenteur des procès, ou encore les mauvais traitements à l'encontre des détenus qui «se manifestent par des coups portés aux moyens de bâtons et de tuyaux, la suspension sur des portes à l'aide de menottes, les coups administrés sur la plante des pieds, les gifles, les pincements à l'aide d'aiguilles, les brûlures, (...) le déshabillage forcé». Le rapport accorde une place importante aux groupes vulnérables dont font partie les femmes détenues. Celles-ci souffrent davantage des traitements cruels et de comportements dégradants (insultes, humiliation...) tant dans les postes de police que dans les prisons. Les prisonnières qui accouchent se voient contraintes, à l'expiration du délai qui leur est accordé après la naissance de leur enfant, et en l'absence ou devant le refus de leurs proches de le prendre en charge, «d'abandonner leur progéniture à des tiers qui les exploitent dans certains cas dans la mendicité, ou les placent dans des orphelinats». Les personnes vulnérables et les étrangers, en particulier les migrants subsahariens, ne sont pas mieux lotis. Aux mauvais traitements qu'ils subissent comme les autres, s'ajoute «le manque, voire l'absence totale de tout contact avec le monde extérieur». Le phénomène du surpeuplement dans les prisons est également pointé du doigt. Celui-ci engendre dans la plupart des cas des problèmes de santé, d'hygiène et de sécurité. Le rapport explique que le surpeuplement est dû en grande partie à la détention provisoire qui concerne 80% des détenus, au retard enregistré dans le jugement des affaires, à la non-application de la liberté conditionnelle et à l'absence de normes objectives dans la procédure de Grâce.