Maroc : Malgré la «colère» des syndicats, l'examen du projet de loi sur la grève maintenu    L'ANCFCC compte investir 10,63 MMDH sur la période 2025-2027 (rapport)    L'ONMT et United Airlines lancent le premier vol direct New York – Marrakech    Maroc Telecom enregistre +6,1% de clients sur les neuf premiers mois de 2024    Maroc : Averses orageuses localement fortes, rafales de vent et risque de grêle    Contes d'horreur marocains #4 : Toulzimt, la voleuse d'enfants du Souss    FIFM 2024 : Avec Atlas Station, les Ateliers de l'Atlas appuient les professionnels du Maroc    Visa for Music célèbre les musiques d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Europe et des Amériques    Remaniement, pouvoir d'achat, emploi, réformes… Aziz Akhannouch livre sa vision    Perquisition chez Glovo : Les explications du Conseil de la concurrence    Exposition : « Introspection », lumière sur l'intime    Année culturelle Qatar-Maroc 2024 : Inauguration de l'exposition «Jedariat» à Rabat    Coup d'envoi de la 3e édition de Taghazout Surf Expo    Sahara: La résolution US invite l'Algérie à reprendre les Tables rondes    Affaire "Escobar du Sahara" : le parquet général s'oppose à la convocation d'Ahmad Ahmad    Saisie de 1,24 tonne de cannabis à Marrakech    Macron au Maroc: Voici les accords stratégiques qui devraient être conclus    PLF 2025 : 2,2 milliards de dirhams injectés dans les médias publics en 2023    Blanchiment d'argent: Le GAFI ajoute l'Algérie et 3 autres pays à sa liste grise    Mercato estival 2024: Les clubs saoudiens ont investi 431 millions $    Mise en valeur agricole : 11,23 milliards de dirhams d'investissements prévus par les ORMVA sur la période 2025-2027    FIFM – 7ème édition des Ateliers de l'Atlas: Liste des projets et films sélectionnés    Pour l'Italie, le Maroc est un partenaire stratégique de premier plan    Les BRICS enterrent le Polisario à Kazan    France : La justice annule l'exclusion d'un policier au front marqué par la prière musulmane    Tourisme spatial: Une entreprise chinoise vend ses premiers billets pour 2027    Canada: Contesté au sein de son parti, Trudeau refuse de jeter l'éponge    Lancement réussi de la première liaison directe New York-Marrakech avec United Airlines    Sahara : US draft resolution emphasizes Algeria's role    Maroc Telecom améliore son chiffre d'affaires consolidé de 0,7 % à fin septembre    Maroc Telecom : les résultats consolidés à fin septembre 2024 en 5 points clés    Décès à 35 ans de l'ancien international marocain et joueur de l'OM Abdelaziz Barrada    Moroccan stars shine bright in European football : En-Nesyri, Ezzalzouli, and El Kaabi score    Botola D1/ MAT- SCCM: deux naufragés face à face ce soir !    CAF announces 2024 awards nominees with seven Moroccan contenders    Mode : Quel manteau porter, cet automne?    « Chéri, j'ai invité mon ex » : la comédie incontournable de la rentrée théâtrale    Monde: Plus de 700 millions de personnes menacées par les tsunamis    Mozambique. Daniel Chapo président    SAR la Princesse Lalla Hasnaa et S.E. Sheikha Al Mayassa Bint Hamad Al Thani président à Marrakech le dîner de gala de la "Fashion Trust Arabia"    CAF Awards 2024. Sept nominations marocaines    Groupe CDG : un programme d'investissement prévisionnel de près de 4,9 MMDH en 2025    Tanger-Med : Mise en échec d'une tentative de trafic de plus de 200.000 comprimés psychotropes    Les prévisions du vendredi 24 octobre    BRICS : L'Afrique du sud échoue à inscrire le soutien au Polisario dans la Déclaration de Kazan    BRICS : l'Afrique du Sud prise de panique à l'idée d'une éventuelle invitation au Maroc    Conférence sur le Liban : le Maroc appelle au respect de la souveraineté du pays    Chambre des représentants : Projet de loi approuvé pour réorganiser le CCM    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Prisons marocaines
Publié dans Albayane le 01 - 11 - 2012


Le CNDH dénonce les traitements inhumains
La gestion et le fonctionnement des établissements pénitentiaires au Maroc sont marqués par le recours excessif à des mesures disciplinaires et ce en l'absence ou en l'insuffisance d'un contrôle effectif et régulier par les mécanismes administratifs et judiciaires ad hoc.
Selon un rapport, présenté mardi à Rabat à la presse par le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), ces pratiques s'inscrivent dans le cadre de la stratégie poursuivie par la Délégation générale des l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion, laquelle privilégie la politique sécuritaire au détriment de la sécurité des détenus.
Suite aux visites de terrain, aux rencontres effectuées et aux séances d'audition des détenu(e)s, le CNDH fait état dans son rapport thématique de la persistance d'exactions à l'encontre des détenus commises par le personnel des prisons visitées, ce qui constitue une violation des lois régissant les établissements pénitentiaires et de toutes les conventions pertinentes qui considèrent de tels agissements comme des formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Ces violations se manifestent par des coups portés aux moyens de bâtons et de tuyaux, la suspension sur des portes à l'aide de menottes, les coups administrés sur la plante des pieds (FALAQA), les gifles, les pincements à l'aide d'aiguilles, les brûlures, les coups de pied, le déshabillage forcé des détenus au vu et au su des autres prisonniers, les insultes et l'utilisation d'expressions malveillantes et dégradantes portant atteinte à la dignité humaine des détenus. Ces exactions ont été observées dans la plupart des prisons visitées, avec une prévalence et une intensité qui diffèrent d'une prison à une autre, à l'exception des prisons d'Inezgane et de Dakhla où seuls des cas isolés ont été enregistrés.
Le rapport du CNDH fait également état d'excès dans le recours au pouvoir discrétionnaire lors de l'interprétation des faits et gestes des détenu(e)s qualifiés comme portant atteinte à la sécurité de l'établissement, les privant ainsi de certains droits.
L'alimentation apportée par les familles des détenus est ainsi parfois refusée ou détruite. De même des punitions collectives sont parfois décidées en cas de révolte ou de présentation par des détenus de doléances collectives.
Des abus dans le recours au transfert administratif comme mesure disciplinaire à l'encontre de détenus (notamment de la Salafiya Jihadiya) ont été relevés, ajoute le rapport, qui dénonce la rareté des enquêtes au sujet des plaintes déposées à l'encontre des personnels, y compris le personnel sanitaire, ou au sujet des violations relatées par la presse et les associations.
Le CNDH s'insurge aussi contre le non respect de la progressivité lors de l'adoption des sanctions disciplinaires conformément au principe de la proportionnalité de l'infraction et de la mesure disciplinaire, et le placement des détenus dans des cellules disciplinaires avec l'application de la durée maximale pour certains d'entre eux ainsi que contre l'absence de procédure de contrôle et d'inspection efficaces à même de mettre fin aux différentes manifestations de corruption qui caractérisent certains établissements, bien qu'à des degrés différents.
Au terme de ses investigations, le CNDH signale aussi l'absence d'une approche inclusive dans la gestion des prestations et des programmes d'éducation et de formation des détenus.
Le CNDH souligne par ailleurs qu'en dépit des avancées de la législation pénale, la non-application de certaines dispositions juridiques ou leur application sans une supervision effective par les mécanismes de contrôle judiciaire du ministère de la Justice, porte atteinte aux droits des détenus, toutes catégories confondues.
A ce propos, le CNDH fait remarquer que le recours excessif à la détention provisoire est la première cause du surpeuplement des prisons marocaines.
Le rapport du CNDH s'en prend de même à la lenteur des procès, laquelle constitue une atteinte aux garanties du procès équitable prévues par la loi et à la non-application des dispositions légales relatives à la libération conditionnelle (articles 622 à 632 du code de procédure pénale), aggravée par la difficulté d'identifier l'instance chargée de l'application de ces dispositions, ainsi que la non-satisfaction de la majorité des demandes formulées à cet égard (deux libérations conditionnelles en 2011).
Le rapport fait en outre état de la non-mise en œuvre de la procédure de conciliation prévue à l'article 41 de code de procédure pénale, qui concerne des délits passibles d'une peine de deux ans au plus ou d'une amende ne dépassant pas 50.000 DH. Ainsi, au 30 avril 2012, l'on comptait quelque 14.522 détenus condamnés à une peine d'un an au plus, dont 9.228 condamnés à six mois au plus.
Le rapport s'arrête de même sur nombre d'autres insuffisances dont la non-effectivité du contrôle judiciaire, pourtant prévu par la loi.
Le CNDH a cependant noté avec satisfaction les efforts déployés par la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion en matière de réaménagement, de construction des établissements pénitentiaires et de lutte contre la corruption.
Au niveau de la justice des mineurs, le rapport du CNDH indique que l'ensemble des acteurs conviennent que les dispositions de la Convention des droits de l'enfant et les principes directeurs pertinents ont été pris en compte dans le Code de procédure pénale, privilégiant ainsi l'approche protectrice des droits des mineurs en conflit avec la loi.
Le Conseil a émis, toutefois, plusieurs remarques relatives à la non-existence d'une police des mineurs et de lieux de garde à vue ad hoc (le mineur est souvent maintenu en garde à vue dans les postes de police), à la non-existence de substituts du procureur du Roi spécialisés dans la justice des mineurs et au manque de moyens humains et matériels à même de garantir qu'aucun préjudice ne soit causé aux mineurs en garde à vue (alimentation, soins de santé, assistance psychologique et sociale...).
S'agissant des groupes vulnérables, le rapport avance que les femmes pâtissent davantage pour des considérations d'ordre socioculturel, de traitements cruels et de comportements dégradants (insultes, humiliations), aussi bien dans les postes de police que dans les prisons. Les détenues incarcérées pour des affaires de mœurs sont particulièrement visées par certaines surveillantes, note le rapport, qui relève une série d'insuffisances et de dysfonctionnements concernant aussi la détention des personnes atteintes de maladies mentales et de celles en situation de handicap.
Et le rapport de souligner que la construction de nouvelles prisons et l'augmentation des capacités d'accueil des établissements existants ne peuvent constituer à elle seules une solution efficace et pertinente à la crise des prisons marocaines.
Pour les auteurs du rapport, il est nécessaire de procéder à une réforme de la politique pénale et de tout l'arsenal juridique l'accompagnant.
Selon le rapport, le plus grand problème des prisons marocaines réside dans leur surpeuplement, qui contribue à la survenance de violations graves touchant essentiellement toutes les prestations, la santé, l'hygiène, l'alimentation, la sécurité outre la réhabilitation des détenus.
Pour redresser la situation, le CNDH a recommandé la mise en œuvre du contrôle dévolu au Parlement par la législation, des missions d'information et d'enquête et l'interpellation en vue d'améliorer les lois et garantir leur harmonisation avec les normes internationales pertinentes. Il a appelé aussi à activer le rôle de la commission prévue par le dernier alinéa de l'article 2 du dahir du 29 avril 2008 pour améliorer la gestion des établissements pénitentiaires.
Il est également nécessaire, estime le CNDH, de lancer à moyen et long termes un dialogue national sur la situation dans les prisons par l'organisation d'un colloque auquel prendront part tous les acteurs, gouvernementaux et non gouvernementaux, en vue de procéder à un diagnostic partagé de la situation des établissements pénitentiaires et élaborer des propositions de réforme des prisons et des centres de réforme et d'éducation des mineurs.
Le CNDH a renouvelé aussi son appel pour mettre en œuvre les recommandations de l'Instance équité et réconciliation relatives à la ratification du deuxième protocole facultatif au pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort.
Le CNDH a appelé aussi les autorités à activer le processus de ratification du protocole facultatif à la Convention internationale contre la torture, ainsi que le processus de création d'un mécanisme indépendant pour la prévention de la torture.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.