Les réformes profondes des rouages de l'Etat ont bel et bien été engagées. A commencer par la nouvelle Constitution, plébiscitée par un peuple en phase avec son Roi, désireux, l'Un et l'autre, de mettre le Royaume sur les rails solides du Droit, de la Démocratie et du Développement. Le dernier Discours du Trône a été, on ne peut plus, clair. Il a annoncé des orientations qui coupent radicalement avec les pratiques du passé en promettant de vaincre les maux profonds qui rongent l'économie et la société, et qu'Il n'a pas hésité à nommer : corruption, rente, gabegie, mauvaise gestion… C'est dire que le Roi s'acquitte, jour après jour, de son devoir, éloignant le Royaume des risques de dérives vers l'inconnu, que beaucoup de pays de la région arabe vivent dans une extrême douleur. En est-il de même des autres composantes sociales du Pays, à commencer par sa classe politique ? Ce n'est pas sûr. C'est en tout cas, ce que laissent voir les préparatifs aux élections parlementaires anticipées, qui devraient se dérouler courant octobre 2011, et qui s'engagent, de ce fait, dans une ambiance de course effrénée contre la montre. Le cas de Taourirt, sans être bien entendu généralisable, est significatif à cet égard. Les préparatifs de cette consultation décisive, sensée donner corps au «Maroc 2», s'engage dans cette jeune Province dans une ambiance similaire aux expériences passées, pour ne pas dire pire. La machine électoraliste infernale s'est mise en branle comme si de rien n'était. Cette machine, dont le fonctionnement, du reste, ne s'est jamais arrêté, reprend ses pratiques. En plus élaboré cette fois-ci. Car la junte électoraliste a renchéri. Pour cause ! Pour elle, les nouvelles règles constitutionnelles, et la forte concurrence en perspective, feront en sorte que le poste parlementaire «coûtera» excessivement cher. Sonnant et trébuchant. De ce côté-là, rien à voir pour cette junte avec le passé. C'est pourquoi, tout sera permis. Et de suite. Ce que l'arène électoraliste connait, d'ores et déjà, avec frénésie, malgré la forte canicule et le Ramadan. Se sont engagées les tractations entre les mêmes pour discuter le même sujet : comment faire réélire les mêmes personnes, celles-là mêmes dont le bilan en matière de développement économique et social est …nul, ou presque, et dont le seul résultat convaincant, à vu d'œil, les comptes bancaires garnis et les titres de propriété démultipliés. Se tiennent alors les festins ici et là, regroupant des dizaines de notabilités, décidées à négocier leurs positions dans les distributions de rôles que leur proposeront les « candidats-élus » dans la traditionnelle division du travail, contre les voix qu'elles apporteront aux mieux-payant. Les courtiers électoralistes jouent, comme d'habitude, un rôle actif. Tous vont au rabattage. Chacun y va de ses initiatives, en direction des divers segments du marché. Tous se rappellent, surtout, l'énorme quantité d'argent qui a fini par couler à flot durant les derniers jours de la campagne des élections parlementaires de 2007, comme les précédentes campagnes. Et ça, ça les intéresse au plus haut point. C'est pourquoi, ils ont hâte d'entrer dans le vif du sujet. Peu importent pour eux les enjeux nationaux. Peu importent les lois et règlements régissant les élections, le Parlement, le découpage électoral… Peu importent les débats en cours. Ils ont fermement décidé que, politiquement, rien n'a changé. Il n'y aura pas de différence entre les élections municipales, régionales, parlementaires, actuelles et passées. Il n'y a pas de différence entre le Maroc de la Constitution 2011 et «le Maroc de toujours». A une seule condition selon eux. Il faudrait juste veiller à écarter toute grosse pointure crédible et compétente qui pourrait être tentée de se lancer dans la bataille. Il faut la contrer de suite et à distance. Première étape : la décourager, lui faire croire que toute tentative serait vaine et qu'en tout cas, «le poste parlementaire s'achètera cette fois-ci à des millions de dirhams» ! Deuxième étape, il faut s'activer à décrédibiliser tout concurrent sérieux. A chacun on fabriquera l'argument sensé faire mouche : «Que vient-il faire ici, lui qui a toujours vécu ailleurs» ? «Et puis qu'est-ce qu'il connaît de nos problèmes» ; «Qu'est ce qu'il apportera de plus. Les marocains sont tous les mêmes » ; ou bien encore: «Il n'a pas un rond, il vient pour s'enrichir»…etc. Ils projettent sur les autres, ce qu'ils ont toujours été ! Quant aux partis politiques, ils ne semblent pas encore formellement entrés sur scène. La population aussi, pour l'heure occupée par le jeûne. Non messieurs (car les dames sont purement et simplement écartées ici, comme les jeunes d'ailleurs)… Le Maroc Nouveau est bien là. Depuis Douze ans déjà. Il vient de franchir en juillet 2011 une étape décisive. Il poursuivra son bonhomme de chemin, avec ou sans les forces réactionnaires et les mercantilistes. Le Maroc ne pourra pas courir le risque d'un ratage qui pourrait être lourd de conséquences. Son Roi a ainsi décidé. Et le Peuple unanimement avec. Le pays a besoin de nouvelles élites politiques compétentes, crédibles, créatives, propres et engagées, pour poursuivre et approfondir les grandes réformes en cours. Le Pays a besoin d'électeurs qui coupent avec ceux-là mêmes qui se sont contentés jusqu'à présent de les mépriser en les «achetant» à bas prix et en hypothéquant l'avenir de leurs enfants. Avec la neutralité positive de l'Administration, ce sera la condition majeure pour le succès des élections à venir et la poursuite du formidable chantier de construction du modèle Marocain, cas d'école pour le monde arabe et les pays du sud. Taourirt (ou Taourirt/Guercif, si le nouveau découpage, dont on parle, réunit ces deux provinces) est une circonscription qui a amplement besoin que les pratiques du passé changent. Heureux présage, la formidable autoroute qui, depuis quelques jours, relie cette zone au reste du Maroc est pleine de significations. La zone est instamment appelée à prendre le train du développement des autre Régions dynamiques du Royaume. La circonscription dispose d'atouts majeurs. Une position géostratégique à l'ouest de la région de l'Oriental , au contact du pré-Rif et du Centre ; à la lisière de la Méditerranée et des autres pays du Maghreb; un fleuve et des oueds des plus pérennes; des plaines fertiles et vierges à perte de vue ; trois barrages des plus grands du Pays à exploiter davantage; d'autres à construire et à équiper; un Réseau MRE des plus denses et des plus actifs ; des ressources minières, toujours exploitables, des sites touristiques diversifiés des plus attrayants ; des zones industrielles en place ; des potentialités industrielles des plus prometteuses ; une épargne importante ; des espèces de faune et de flore des plus rares ; une culture et des connaissances ancestrales des plus riches … et surtout une population jeune, nombreuse et studieuse. Ce sont quelques clés que la future gouvernance locale et régionale devrait actionner pour assurer le take-off de la zone et pour relever les nombreux défis: une pauvreté rurale et urbaine tenace ; un taux de chômage général et jeune des plus élevés du pays ; un taux d'émigration des plus nourris ; une industrie marginale ; une agriculture en manque de moyens et d'idées ; un élevage encore extensif ; un stress hydrique menaçant ; un urbanisme défiguré ; des infrastructures à consolider ; une culture populaire absente des tablettes du développement ; une place subsidiaire de la zone Taourirt/Guercif dans les plans de développement actuels de la Région de l'Oriental … Le Pays a besoin de toutes ses forces : ses notabilités traditionnelles, ses forces électives actives, mais aussi de nouvelles élites politiques et managériales à encourager, pour que tous réussissent, ensemble, le défi du développement de la Région. Tous devraient oublier les maroquins et agir en bons marocains. Le Nouveau Maroc le leur rendra ! Le nouveau Parlement n'a plus rien à voir avec le passé. Il requiert des compétences de haut calibre. Comme les mairies et la Région requièrent autant. Chacune des bonnes et sincères volontés trouveront à faire. Chacune à sa place ! En tous cas, la seule bonne décision, doit rester celle de la population, qui devra choisir librement entre les compétences et les idées et non en fonction des pressions mesquines qui n'ont rien donné de bon à la Région et au Pays. L'œil bienveillante de l'Administration locale, régionale et Nationale, devra en être le garant. * Economiste