Il a suffi que les propriétaires des bouquets numériques coupent le robinet pour que le Maghreb entre dans une phase d'instabilité politique et sociale notable. Le piratage des chaînes satellitaires cryptées fait-il partie des droits de l'Homme ? Il a suffi que les propriétaires des bouquets numériques coupent le robinet pour que le Maghreb entre dans une phase d'instabilité politique et sociale notable. La rue maghrébine est en émoi. Les parlementaires s'excitent. Les hommes politiques s'ébrouent. Les ministres se justifient. À croire que le décodeur piraté atténue les affres de la misère, guérit des morsures du chômage, apaise la violence de l'exclusion, soulage la douleur des corps blessés... Les gens ne peuvent plus, désormais, imaginer leurs vies sans ces images venues d'ailleurs. La période de la Coupe du monde de football, un sport planétaire, a juste exacerbé cette addiction en la portant à son paroxysme. Elle a aussi démontré qu'une exclusivité légale, comme celle de Cheikh Salah, acquise dans les règles de l'art du commerce, peut s'avérer être un abus de position dominante ou, simplement, une illégitimité. Chez nous, selon une dépêche de la MAP, ce serait sur une intervention personnelle de S.M le Roi, que nous avons été sauvés du naufrage cathodique total. Cette intervention, en même temps, et accessoirement, aurait sauvé du naufrage, tout court, les responsables de nos médias qui -impuissants- avaient fini par refiler cette patate chaude au chef de l'Etat en personne.