L'espagnol en 2011 préfère changer de tendances sans renoncer à ses vacances d'été pour adapter ses habitudes aux exigences de la conjoncture économique. En dépit des discours des politiques, des analyses de la presse spécialisée et des statistiques sur le chômage qui affecte 4,3 millions de personnes, entre 65% et 78% des espagnols préfèrent passer quelques jours, cet été, hors de leurs lieux de résidence habituelle, un indice qui est même supérieur de 6% à celui de l'été de 2010. Pour remédier à la crise, ils comptent dépenser 4,8% de moins que l'été précédent. Ce sont des données recueillies par des instituts de sondage indépendants proches des professionnels du secteur. Il paraît paradoxal de constater que plus des deux tiers des espagnols ne sont pas disposés à renoncer à leurs vacances d'été alors que leur pays est immergé dans une profonde crise économique. Cette tendance s'inscrit dans les habitudes d'une population qui considère que le repos est un élément primordial de la vie sociale et que les vacances sont une récompense pour les longues heures passées au lieu du travail, au métro ou au foyer pour veiller au bien-être de la famille. Cette réalité ne préoccupe guère les sociologues du fait que les habitudes touristiques sont ancrées dans le comportement des espagnols. Le financement des vacances, qui fait partie généralement du budget du ménage, se réalise par le biais d'une planification qui dure le long de l'année. A cette fin, les entités bancaires et agences financières favorisent l'endettement de leurs clients comme s'il s'agissait d'un bien de consommation. D'autant plus, les entreprises prévoient des paies «extraordinaires» en décembre et en juin (primes de rendement) à leurs travailleurs. De ce fait, seuls les éternels pauvres et les grandes victimes de la récession économiques, tels les immigrés, sont privés de la possibilité de programmer à leur guise les vacances et la manière de gérer leur budget. Que disent les différents baromètres réalisés en juin et début juillet ? D'après le XI baromètre d'Ipsos-Europ Assistance intitulé "Vacances des européens 2011", 65% des espagnols partent, cet été, en vacances (6% de plus qu'en 2010) bien qu'ils assurent qu'ils allaient réduire de 4,8% les dépenses pendant la période estivale, ce qui suppose une moyenne/personne de 1.789 euros. En comparaison avec le reste des européens, l'Espagne se positionne ainsi derrière l'Italie où 78% de sa population devait partir en vacances. Par contre, les autres européens ont réduit leurs intentions d'abandonner leurs résidences habituelles, comme c'est le cas des britanniques (61%: moins 3%), des belges (61%: moins 2%) et des allemands (60%: moins 1%). S'agissant des budgets réservés aux vacances, les européens vont dépenser en moyenne 2.145 euros, soit 62 euros de plus par rapport à 2010. Les dépenses moyennes pour les espagnols seront de 1.789 euros, soit une réduction de 90 euros. Le baromètre européen des vacances retient qu'entre 60% et 70% des espagnols préfèrent passer l'été dans leur propre pays. D'ailleurs le taux de retour aux mêmes lieux de vacances qu'en été de 2010 atteint 59%. Les habitudes des vacances ont également évolué puisque les intentions d'aller à la plage ont baissé de 5% pour se situer à 60%. Par contre, le nombre de ceux qui souhaitent passer des jours dans les zones rurales ou la montagne a atteint 14%, soit une augmentation de 5%. Pourtant, ces données sont publiées au moment où le gouvernement vient d'approuver une hausse de 5,7% du reçu du gaz naturel et de butane, de 1,4% de celui de l'électricité et le taux d'épargne des ménages a diminué. Dans une récente déclaration à Europapress TV, le vice-président de l'Association des Entrepreneurs des Agences de Voyages, Vicente Blasco Infante, a assuré que les espagnols sont «décidés à voyager» en dépit de la crise bien qu'ils comptent modifier leurs habitudes, choisir des vacances courtes et dépenser moins. Toutefois, le nombre de voyageurs et voyages peut augmenter entre 2 et 3% par rapport à l'été de 2010, a ajouté la même source assurant que le taux d'accroissement des arrivées de touristes internationaux pourra, par contre, se situer entre 12 et 15% grâce « en partie à la situation que vivent des pays arabes tels la Tunisie, l'Egypte ou le Maroc ». Il est fort possible que l'Espagne « reçoive désormais un tourisme qu'elle n'avait jamais songé accueillir. Nous devons tirer profit de cette opportunité pour offrir une qualité-prix adéquate et aspirer à faire de ces touristes des clients”, a-t-il suggéré. C'est une mise en garde directe adressée aux opérateurs marocains, qui sont appelés à varier leur offre et engager une stratégie plus agressive pour retenir leur traditionnelle clientèle. Les agences de voyages veillent à ce que les prix soient «pratiquement les mêmes» que l'année dernière bien que la facturation puisse progresser de 1 à 2% grâce à l'augmentation du nombre des voyageurs a révélé Blasco Infante Quelles sont leurs destinations préférées? Les espagnols préfèrent pour leurs vacances les Iles Baléares, les Iles Canaries et les zones côtières mais aussi s'envoler pour New York «grâce à la parité euro-dollar» favorable et les croisières. Toutefois, remarque la même source, entre 80 et 90% des espagnols comptent passer leurs vacances en Espagne, face à 10/15% à l'étranger. L'espagnol se transforme en temps de crise en comptable en ce qui concerne le mode de passer des vacances en été. C'est en résumé ce qui se dégage d'un sondage d'opinion qui a concerné 30.000 personnes, réalisé par l'agence de voyages online Atrapalo. Ce sont 33% des personnes interrogées qui comptent dépenser moins de 500 euros (1 euro : 11, 50 DH environ selon le taux de change) et 20% plus de 1.000 euros. De même, 54,2% des espagnols préfèrent se déplacer à l'intérieur de leur pays entre la montagne et la plage bien que nombreux parmi eux resteront dans leur propre ville. Les résultats de l'enquête révèlent aussi que la moitié des espagnols projettent des vacances d'une semaine alors que 24,4% optent pour deux semaines et 14,9% pour moins d'une semaine. Ceux qui aspirent à voyager hors de leur pays, choisissent le Portugal, l'Australie, New York et l'Argentine. Curieusement, le Maroc ne se positionne pas parmi leurs premières préférences en dépit de la proximité géographique. Enfin un autre sondage réalisé par tHDT (trivago Hotel Destination Trends), l'acheteur des prix d'hôtels, sur les tendances des touristes européens retient que 67,2% des espagnols ont cherché des hôtels en Espagne pour cet été, soit 7% de plus qu'en 2010. Ils ont consulté les tarifs des hôtels en Andalousie (22,5%), Catalogne (14,5%) et Valence (12,3), leurs destinations préférées. De même, le Portugal a été al destination préférée à l'étranger puisqu'elle a suscité l'intérêt de 4,4% de la population espagnole, note la même source. Viennent ensuite l'Italie et la France. Autre donnée à retenir aussi en ce qui concerne les nouvelles tendances, est l'addiction à l'Internet en été selon le ministère de l'industrie, du tourisme et du Commerce, qui a constaté «le haut niveau d'occupation en Internet pendant toutes les heures» en été surtout par les jeunes qui se voient obligés de rester chez eux à cause de la crise économique. A la lecture des données des enquêtes et sondages réalisées en rapport avec les tendances des vacances, il est difficile d'admettre que la crise est la principale préoccupation des espagnols. Plusieurs facteurs jouent en faveur du temps de loisir et du repos, dont la tradition de passer des vacances hors du lieu de résidence, les garanties de maintenir le même pouvoir d'achat en cas de perte de l'emploi et l'ancrage dans les mentalités de la planification de la vie sociale. Seuls les immigrés sont privés de cet ensemble de garanties.