Les effets de la crise internationale qui continuent de sévir, l'évolution des crises arabes, l'attentat de Marrakech, Ramadan, autant d'éléments qui peuvent impacter les réalisations du secteur touristique du Maroc. En l'absence de produits dédiés, les nationaux continuent de bouder les hôtels classés, préférant le circuit classique, à savoir les résidences et les lieux d'hébergement non conventionnés. Des incertitudes pèsent sur le secteur touristique en cette période estivale plus connue par haute saison. Plusieurs facteurs engendrent la crainte des professionnels. Il y a d'abord le climat de tension qui règne dans la région qui fait qu'une bonne partie des tour-opérateurs et même des touristes évitent la région MENA dont le Maroc fait partie. Contrairement aux attentes, la grave crise qui secoue le tourisme en Egypte, en Tunisie et en Grèce, qui est également confrontée à des difficultés socio-économiques sans précédent, n'a pas profité au Maroc. Les opérateurs locaux qui croyaient que les perturbations dans ces pays allaient inciter les touristes à choisir le Maroc, ont eu tort. Les adeptes des destinations méditerranéennes ont privilégié de passer les vacances dans leur pays d'origine avant de choisir des produits étrangers. Parmi les pays qui ont profité de cette situation figurent en premier lieu la Turquie et d'autres nouvelles destinations comme la Croatie ou les autres produits classiques comme la Thaïlande. Il y a également les soubresauts de la crise économique qui continuent de persister dans les marchés émetteurs, notamment en Europe occidentale, incitant les touristes à réduire leur séjour et leurs dépenses. Certains font même l'impasse sur les vacances. En dernier lieu il y a le Ramadan qui coïncide cette année avec août, le mois des congés par excellence où les touristes locaux sont moins demandeurs et où les lieux de loisirs et de distractions notamment les débit de boissons, les restaurants, les cabarets ou night-clubs ne fonctionnent que partiellement avec des restrictions sur la distribution des boissons alcoolisées. Les assurances véhiculées il y a quelque temps par les responsables marocains, à commencer par le ministre du Tourisme, n'arrivent pas à dissiper les craintes des professionnels. Les chiffres déclarés concernant l'impact des derniers événements sur le secteur sont contradictoires. Yassir Znagui a déclaré après l'attentat de Marrakech que la baisse des réservations ne dépasse pas 3%, alors que certains opérateurs et des sources étrangères parlent de 20% voire 30%. A Marrakech, le mot crise devient une réalité. On s'attend à une baisse importante des réalisations du secteur durant le mois de mai avec un taux d'occupation ne dépassant pas 50%, contre 80% durant la même période de l'année dernière. Faut-il s'attendre à un niveau d'annulation important ? Actuellement, il n'y a aucune information officielle sur le sujet. En revanche, il y a plusieurs indicateurs qui renforcent l'hypothèse du trend baissier comme les chiffres du transport aérien à destination du Maroc. Il est clair que certaines compagnies low-cost, dont l'activité est un véritable baromètre de la dynamique du secteur dans la ville ocre, ont fermé leur guichet faute de demande potentielle. Pour maintenir l'attrait de la clientèle, les voyagistes et les hôteliers n'ont pas le choix que de baisser les prix, surtout que les professionnels des pays concurrents du Maroc mènent une agressivité commerciale sans précédent, appuyés en cela par le soutien direct de leur gouvernement respectif à travers des programme dédiés. De l'avis des observateurs, la moyenne des prix pratiqués cette année est manifestement en recul par rapport au niveau de l'année dernière. Mais la question que posent plusieurs professionnels est : pourquoi les autorités de tutelle, notamment l'Office national marocain du tourisme (ONMT), ne font pas de campagnes de promotion exceptionnelles en cette période d'incertitudes où le produit Maroc a besoin d'un véritable coup de pouce ? Les nationaux, pour leur part, qui étaient toujours une bouffée d'oxygène pour le secteur, sont dans l'expectative. En fait, ils ne trouvent pas de programmes spécifiques. Et contrairement aux étrangers, leur programme n'est pas préparé à l'avance. Kounouz Biladi, lancé il y a quelques années, n'a pas donné les effets escomptés. Aussi bien les professionnels que les clients n'ont pas trouvé leur compte. Ils optent toujours pour le circuit traditionnel, notamment les résidences, le préférant aux hôtels classés jugés coûteux. C. J. *Ramadan : Qu'en est-il de l'offre-produit durant le mois sacré ? Le Ramadan est un véritable casse-tête pour les opérateurs touristiques surtout que les résidents, notamment marocains, représentent 25% des touristes. Le mois sacré a toujours été synonyme de recul de rythme dans le secteur surtout pour les nationaux qui préfèrent passer le mois chez soi, dans un climat familial tout en menant à bien les différents rites et coutumes. Durant les cinq prochaines années, le Ramadan va coïncider avec la haute saison, les mois de juillet et août. Et encore, il devrait toujours passer dans une période à forte demande touristique, notamment les mois de mai et de juin entre 2015 et 2018. «Chez les touristes étrangers, il y a une certaine méfiance. Comment peut-on manger, boire et fumer en public à l'aise dans un pays musulman ? C'est la question que la plupart des voyageurs se posent. Pour éviter les mauvaises surprises, certains visiteurs optent pour d'autres destinations moins contraignantes», explique un voyagiste à Casablanca. Mais les nationaux ont des habitudes de réservation qui diffèrent sensiblement des touristes étrangers qui, eux, sont des adeptes du net. Les Marocains préfèrent le contact direct avec les hôtels et choisissent leurs propres circuits et produits sans passer par une agence de voyages et opter pour la formule package. Leurs choix ne se fait qu'à la dernière minute et ils négocient eux-mêmes les tarifs. Pour remédier à cette situation, les professionnels sont contraints d'innover. Ramadan est connu comme étant une période phare de l'animation surtout nocturne. Les professionnels du tourisme proposent des formules dédiées pour la clientèle marocaine. Le mois sacré avec ses us et coutumes peut servir de produit commercial sérieux surtout pour les MRE qui désirent passer des vacances dans un climat de dépaysement total.