Les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés après dix-huit mois de captivité en Afghanistan, ont regagné jeudi la France où ils ont été accueillis dans la discrétion par Nicolas Sarkozy. Les deux hommes, qui devaient subir des examens médicaux dans la matinée, sont apparus en bonne santé, affichant, souriants, un moral à toute épreuve. Leur avion a atterri à 08h45 à l'aéroport de Villacoublay, près de Paris. Nicolas Sarkozy et son épouse, ainsi que les ministres Alain Juppé (Affaires étrangères) et Gérard Longuet (Défense), les ont accueillis sur le tarmac, aux côtés de leurs familles et de leurs proches. Le président de France Télévisions, Rémy Pflimlin, et Thierry Thuillier, directeur de l'information de France Télévisions, étaient également présents. Les médias avaient été tenus à distance mais la chaÂŒne de télévision LCI a pu filmer leur descente de l'avion. Les membres du comité de soutien des deux ex-otages ont exprimé leur frustration de ne pouvoir les approcher dès leur arrivée. Les deux journalistes de France 3 se sont entretenus quelques instants avec le couple présidentiel dans un salon du pavillon d'honneur de l'aéroport en présence de leurs proches et des membres du gouvernement, a-t-on précisé à l'Elysée. Le président, qui s'est réjoui mercredi de leur libération dans un communiqué, avait été très critique sur les risques pris selon lui par les reporters dans une zone de conflit. Journalistes à France 3 partis en Afghanistan réaliser un reportage pour le magazine “Pièces à conviction”, Stéphane Taponier, 46 ans, et Hervé Ghesquière, 47 ans, avaient été enlevés le 29 décembre 2009 avec leurs accompagnateurs dans la vallée de la Kapisa, au nord-est de Kaboul. Ils ont raconté jeudi leur captivité et leur libération avec un mélange d'humour et de gravité lors d'une conférence de presse sur le tarmac de la base de Villacoublay, mais ont été relativement discrets sur leur remise en liberté. Ils ont toutefois laissé entendre qu'elle avait été monnayée. Les autorités françaises n'ont rien dit d'éventuelles contreparties, financières notamment, et expliquent leur discrétion par la nécessité de protéger les neuf autres Français toujours otages à l'étranger - en Somalie, au Yémen et au Niger. “La France ne paie pas de rançon”, a affirmé mercredi soir Alain Juppé. Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière ont fait état de “trois ou quatre échecs” en vue de leur libération. “On savait qu'on ne risquait pas notre vie dès le début, on représentait de l'argent”, a déclaré Stéphane Taponier. “On n'a pas été menacés mais on ne casse pas la tirelire”, a ajouté son confrère. Les deux ex-otages ont affirmé ne jamais avoir subi de violences de la part de leurs geôliers taliban. “On n'a pas été frappés, on n'a pas été attachés”, a dit Hervé Ghesquière qui a néanmoins évoqué des “conditions de vie très difficiles”. Celui-ci a précisé souffrir de “petits problèmes de santé”, apparemment d'origine infectieuse. Les deux hommes étaient enfermés “23h45 sur 24”, avec “deux sorties pour aller aux toilettes à l'aube et le soir”. Stéphane Taponier a parlé d'”un bulle de non vie”. Les deux hommes ont raconté avoir pratiqué de l'exercice physique quotidiennement pour tenir. “a a été long, il y a eu de longs tunnels noirs”, a témoigné Hervé Ghesquière. “On s'était dit au début qu'il fallait garder le moral. On a toujours gardé le cap, toujours gardé de l'optimisme”, a ajouté son compagnon de captivité. Les deux hommes ont été séparés au bout de trois mois de détention. Hervé Ghesquière a dit avoir été seul durant plusieurs mois, du 13 avril au 13 décembre 2010. Stéphane Taponier disposait d'une radio sur laquelle il écoutait RFI, Hervé Ghesquière captait la BBC. Hervé Ghesquière a dit avoir “une pensée très émue pour ceux qui sont encore otages et pour ceux qui ont été abattus” et a précisé avoir envie de faire son métier “plus que jamais”. (Reuters)