Impasse ! Tel est, sans doute, le mot clef qui revient ces derniers jours hanter l'administration américaine. En l'espace de quelques heures, le président Barack Obama a pris deux décisions «importantes» en relation avec les événements tragiques qui se déroulent en Libye et en Syrie, sur fond de soulèvements et protestations plus ou moins continus en Afrique du Nord et au Proche Orient. En Libye, Obama a autorisé l'utilisation des drones armés pour tenter de mieux frapper le Colonel Mouammar Gaddafi et ses troupes. Une décision que d'aucuns jugent bonne, mais pas suffisante. A commencer par le rival du président en 2008, le Sénateur de l'Arizona John McCain qui vient d'effectuer une visite remarquée à Benghazi, capitale de la dissidence libyenne. Un soutien inattendu de la part d'un vétéran de la guerre du Vietnam ! Mais l'impasse libyenne n'en demeure pas moins totale pour nombre d'analystes américains. Ils en veulent pour preuve les récentes déclarations du chef d'état-major interarmes lui-même. L'amiral Mike Mullen affirmait a Baghdad que «la bataille est devenue beaucoup plus difficile» que prévue; avant d'ajouter que la situation sur le terrain ressemble de plus en plus à une impasse. A Benghazi, McCain a utilisé le même mot ; mais il est allé plus loin encore. Il a appelé le gouvernement de son pays à suivre l'exemple de la France, de la Grande Bretagne et de l'Italie en reconnaissant le Conseil National de Transition comme seul représentant légitime du peuple libyen. Il a également plaidé pour fournir des armes et de l'argent aux combattants anti-Gaddafi. Pour McCain, c'est le moins que les Etats Unis puissent faire s'ils veulent éviter la reproduction en Libye des horreurs survenues à Srebrenica en Bosnie-Herzégovine, à la fin du siècle dernier ! L'autre «impasse» à laquelle fait face l'ensemble du landernau politique américain se joue en Syrie. Vendredi le président américain est sorti de sa réserve vis-à-vis du régime de Bashar El-Assad, qui ne cesse de massacrer des manifestants pacifiques. Barack Obama a interpellé le président syrien en des mots très durs. Il lui a notamment reproché de se cacher derrière une rhétorique improbable de «complot fomenté par l'étranger», alors qu'il n'hésite pas lui-même à se faire aider par des «étrangers iraniens» pour tuer ses propres concitoyens. Mais au-delà de la condamnation des méthodes brutales de Damas, l'impasse syrienne apparaît comme beaucoup plus complexe que celle de la Libye ! Les Etats Unis disent qu'ils imposent déjà des sanctions au régime du président Assad et qu'ils n'ont de ce fait, pas d'autres moyens pour essayer de faire pression sur les Syriens. Sauf que dans le cas de la Syrie, l'autre mot clef qui revient comme une antienne est : Israël. L'allié numéro Un des Américains dans la région est en plein désarroi. Il ne sait plus à quel saint se vouer depuis le début de ce «printemps arabe» qui a déjà coûté son fauteuil à «l'ami» égyptien Hosni Moubarak ! Et voilà que maintenant les Syriens n'ont pas attendu très longtemps avant de reprendre à leur compte «Le Slogan» arabe du 21eme siècle : «le peuple veut faire tomber le régime». Les commentateurs américains font remarquer que dans le cas de la Syrie, il s'agit d'un régime qui n'a pas tiré une seule salve sur le Golan occupé depuis 1973 ! Il a ainsi maintenu un état de «non belligérance» qui arrange plutôt bien les affaires israéliennes. Mais si ce régime venait à tomber, c'est sur les hauteurs de ce même Golan que les guerres confinées depuis toujours au territoire du voisin libanais, risquent d'être portées. D'où le désarroi d'Israël et de ses supporters américains. A terme, l'Etat Hébreu ne pourra plus se targuer d'être la seule démocratie du Moyen Orient ! Cependant, comme souvent en politique, cette situation a priori compliquée pourrait offrir à l'administration de Barack Obama l'argument décisif qui lui manque pour convaincre les faucons du gouvernement de Benjamin Netanyahu. A savoir que la paix avec les Arabes passe par un retrait de tous les territoires occupés, y compris le Golan. Et qui mieux qu'une «démocratie syrienne» soutenue par l'Occident et débarrassée de l'influence des Ayatollahs iraniens, pour conclure cette paix tant espérée ?