La crise économique qui campe en Espagne depuis 2008 a eu comme conséquence la réduction de l'épargne, l'instauration d'un climat d'incertitude au sein des consommateurs et l'émergence des millions de ménages incapables d'honorer leurs dettes. Au total, ce sont 901 milliards d'euros (1 euro : 11,52 Dh) qui sont concédés aux ménages espagnols sous forme de prêts, la majorité en crédits hypothécaires, dont 25,98 milliards d'euros seront difficiles de récupérer par les banques. L'actuelle conjoncture que traverse l'Espagne avec 4.333.000 chômeurs (20,3% de la population active en mars) a porté un coup dur aux projets des ménages espagnols, dont une bonne partie se déclare incapable d'honorer ses engagements à l'égard des entités financières. A fin décembre, ces ménages ont accumulé des dettes de 25,985 milliards d'euros, soit 2,6% du Produit Intérieur Brut (PIB) dont le recouvrement est incertain, a indiqué un rapport de conjoncture de la Banque Centrale d'Espagne. Il s'agit de crédits dont les échéances sont payées hors des délais fixés. Lorsque ce retard ne dépasse pas un délai de trois mois, le bénéficiaire est considéré par l'entité bancaire ou la caisse d'épargne comme un mauvais payeur. Dans les conditions actuelles du marché du travail, il devient préoccupant de récupérer l'argent prêté surtout du million des ménages dont tous les membres sont en chômage, que compte actuellement l'Espagne. Pourtant, l'argent en effectif et en dépôts bancaires a augmenté au troisième trimestre de 2010 pour atteindre 846 milliards d'euros, soit 26 milliards de plus qu'en 2009. Parallèlement, les ménages sont devenus conservateurs en ramenant à 516 milliards d'euros le volume des placements en actions à la bourse pour endiguer une partie de leur patrimoine vers des produits financiers plus conservateurs tels les plans de retraite et plans d'investissements moins agressifs. La Banque Centrale d'Espagne a exprimé ses inquiétudes face à cette tendance conservatrice qui risque de durer devant l'absence de perspectives optimistes quant à l'amélioration du marché du travail. Le taux de chômage a augmenté, en mars, de plus de 34.000 nouveaux sans-emploi, a indiqué lundi le ministère du Travail et de l'Immigration, ce qui confirme la persistance du chômage en dépit des réformes introduites au marché de travail par le gouvernement. La difficulté de paiement des crédits, particulièrement hypothécaires, vient de s'accentuer à la suite de l'annonce par la Banque Centrale Européenne (BCE) de porter l'indicateur de référence des prêts hypothécaires, l'euribor, à 2,013% soit une hausse de 1% depuis 2009. De même, les ménages affrontent depuis début janvier une cascade de hausses des factures de l'électricité, du gaz et des carburants comme conséquence des tendances inflationnistes au plan international. Vendredi dernier, le gouvernement a décidé d'augmenter de 4,1% le prix du gaz naturel et 6,1% celui de la bonbonne de gaz butane. Du coup, la facture du gaz a augmenté de 17,28 euros en un an pour les 7,3 millions de ménages. L'essence se situe aujourd'hui à un maximum de 1,3 euros/litre et le gasoil à 1,28 euros/litre. A la lumière de ces indices peu favorables, il est difficile de relancer la consommation privée, préparer les vacances d'été ou projeter l'acquisition d'un logement.