Il y a 55 ans, Abdelkrim Benabdallah fut assassiné par ses rivaux politiques, au lendemain de l'indépendance du Maroc. Ce grand dirigeant du Parti communiste marocain et de son bras armé contre le colonialisme «Al Hilal Al Aswad» (Croissant noir), d'origine algérienne, avait épousé la cause marocaine pour laquelle il s'était sacrifié corps et âme. Géologue à l'époque, il avait été le premier Maghrébin à porter, haut et fort, la voix du Maroc au Congrès de Copenhague du mouvement mondial de la paix. Abdelkrim, avec ses compagnons de l'époque, à l'instar d'Ali, d'Abdeslam Bourquia, d'Abdallah Layachi, de Mohammed Setti et d'autres, était l'exemple du patriote conséquent, l'intellectuel de la révolution populaire contre la mainmise sur le Maroc. Ceux qui l'avaient connu ont gardé de lui un souvenir d'homme intègre, résolument engagé dans le combat patriotique et social. Il avait renoncé à son salaire professionnel pour mener le combat du Maroc indépendant, contre un salaire de misère qu'assurait, bon an mal an, le Parti communiste marocain à ses «permanents». Abdelkrim Benabdallah, en dirigeant politique et responsable du « Croissant noir », avec feus Abdallah Haddaoui et Abdallah Layachi, a mené un combat d'avant-garde contre le colonialisme, en organisant de multiples actions armées contre les colons et les traîtres à la Patrie. Son assassinat, le 31 mars 1956 à Casablanca, en bas de son domicile de la route de Médiouna, a été attribué, dès l'époque à la «Monadama assirya» (l'organisation clandestine que dirigeait Mehdi Benbarka alors leader au sein du Parti de l'Istiqlal». Abdallah Layachi, dans des témoignages parus dans Al Bayane et la presse mais également devant l'Instance équité et réconciliation, avait affirmé cette version. Cette version a été confirmée par un historien du «Croissant noir», qui avait passé 8 ans de recherche sur l'assassinat d'Abdallah Haddaoui, également liquidé par les sbires d' «Al Mounadama assirya» à la solde de projets politiques fascisants. Si Ahmed Benkirane, l'ex-président adjoint de la CGEM, ami et voisin (il habitait le boulevard Suez, l'actuel boulevard Al Fida) du défunt Abdelkrim nous avait confirmé la haineuse compagne de tuerie qui avait suivi l'indépendance du Maroc. «Moi-même avais été l'objet de tentative d'assassinat de la part de ces milices, même si j'étais membre du Parti de l'Istiqlal. Mais on me reprochait ma sympathie avec les communistes et mon amitié avec Abdelkrim», nous avait-il déclaré.