La femme marocaine affirme être prémunie contre les vices qui rongent une partie de la société espagnole et jouit de bonne santé. C'est une femme très pratiquante et ne consomme ni tabac ni alcool. Elle n'est pas ludopathe non plus mais pratique très peu de sport du fait que seulement 14% fréquentent des centres sportifs ou pratiquent au moins une fois par semaine du footing. Ce bas pourcentage se justifie pour les longs horaires de travail, le faible pouvoir d'achat et l'absence de tradition de pratique de sport. Bien qu'elles comptent dans leur majorité de longues années de résidence en Espagne, les femmes marocaines entretiennent de forts liens avec leurs familles restées au pays d'origine soit pour avoir confié l'éducation ou la garde de leurs enfants à des proches soit pour avoir des parents, frères et sœurs. Compte tenu des difficultés d'adaptation dans leur nouvel espace, 63% des femmes n'ont pas encore d'enfants, 19% affirment vivre sous le même toit en compagnie du mari et des enfants, alors que 18% se déclarent être mères célibataires. A l'opposé du faux cliché attribuant un fort taux d'irrégularité au sein de la communauté marocaine, l'étude révèle que 83% des femmes marocaines sont venues s'installer à Madrid par des voies légales, que 66% comptent plus de trois ans de résidence, 22% deux ans et seulement 12% qui s'y trouvent depuis moins d'un an. Du total des 204 concernées par cette étude, 5% ont accédé à la nationalité espagnole, qui est attribuée au terme d'une période de résidence légale supérieure à dix ans. Faute de statistiques officielles, il est impossible d'établir un chiffre approximatif des immigrés en situation irrégulière. Néanmoins, au 30 juin 2010, il y avait en Espagne 298.715 Marocaines munies de cartes de résidence et 1.221 autres qui ont des autorisations de séjour pour études. Durant la période de la réalisation de l'enquête (mai - octobre 2010), 59% des femmes interviewées étaient au chômage, contre une moyenne de 20,6% du total de la population active en Espagne et 30% des immigrés (selon les statistiques officielles de novembre dernier), ce qui démontre que le collectif marocain est le collectif le plus affecté par la crise économique. Pourtant, 42% parmi elles disposent d'une longue expérience professionnelle pour avoir exercé une activité professionnelle pendant plus de trois ans. Dans quel secteur exerce la femme marocaine ? Dans sa majorité, le collectif féminin marocain est employé au service domestique (55%), à la garde des enfants (14%) et accompagnement des personnes âgées, dépendantes ou handicapées (13%). Ces données traduisent la tendance générale des opportunités offertes aux immigrées au marché du travail en Espagne. Il existe une proportion très réduite de Marocaines qui exercent dans l'agriculture (4%). Cependant, 14% affirment occuper des postes d'emploi dans différentes activités du secteur tertiaire tels le tourisme, l'hôtellerie et la culture. Seules 40% des femmes marocaines en activité ont un contact direct avec le public, c'est-à-dire dans le commerces, la restauration ou l'animation culturelle. Celles-ci reconnaissent qu'elles exercent dans des conditions de travail adéquates et les cas de victimes de discrimination sont très rares. Seules 9% parmi elles affirment être l'objet au moins une fois d'une attitude discriminatoire soit pour sa race, soit pour son habit, soit enfin pour sa nationalité. Autres 6% révèlent être victimes d'insultes ou de chantage, et 5% de harcèlement sexuel. Cependant, aucune femme de ménage marocaine n'a déclare être victime de telles attitudes au lieu de son travail. Bien qu'elles proviennent d'un espace culturellement différent de l'européen, la quasi totalité des immigrées marocaines affirme être en mesure de maintenir une conversation correcte en langue espagnole. De ce fait, 44% dominent parfaitement cette langue alors que 40% ont un niveau linguistique moyen. L'accès des Marocaines à la langue espagnole se justifie par leur niveau d'instruction puisque 22% parmi elles ont fait des études secondaires, 14% ont un baccalauréat et 14% sont des licenciées universitaires. Les Marocaines se trouvent, á ce niveau, désavantagées par rapport aux latino-américaines à l'heure de se postuler pour un poste d'emploi. Outre l'espagnol, les femmes marocaines parlent arabe, tamazight, français ou les trois langues à la fois. Néanmoins, elles souffrent d'un déficit au niveau de la culture générale pour être incapables de citer les noms du maire de Madrid, du chef de l'Etat espagnol, du nombre de langues parlées en Espagne ou de l'auteur de Don Quichotte de la Manche. Pour la majorité, les socialistes sont actuellement au pouvoir, ce qui traduit leur prise de conscience du fait politique. L'immigrée marocaine est aussi une personne sociable bien qu'elle ne soit pas une habituelle des réunions de groupe ni d'organisation d'actes sociaux. Au moins 44% parmi elles participent ou ont eu l'occasion de participer à des activités associatives et 67% entretiennent des relations d'amitié permanentes avec des autochtones. De par leurs expériences, 53% considèrent que les Espagnols sont des personnes «solidaires» alors que 1% estiment que ceux-ci expriment souvent des attitudes «intolérantes et racistes». Par contre, en relation avec l'impression des espagnols à l'égard du collectif marocain, les femmes interviewées se montrent confuses puisque 53% estiment que les Marocains ont une image «positive» face à 39% qui pensent le contraire. Cependant, pour manifester son degré d'intégration dans son nouvel espace social, les femmes marocaines partagent avec les Espagnols leurs coutumes et traditions et encouragent leurs enfants à tisser des relations d'amitié avec les natifs. Néanmoins, il n'existe pas d'unanimité au sein du collectif féminin marocain lorsqu'il est interrogé au sujet du mariage mixte, puisque 36% l'admettent, 39% s'y opposent et 25% ne s'y prononcent pas. Dans une autre variable, il ressort que la femme marocaine passe trop d'heures devant le petit écran de manière que 55% suivent «trop» des programmes de chaînes espagnoles ou marocaines et seules 13% ne voient jamais la télévision. Enfin, les femmes marocaines à Madrid ne sont pas encore en mesure de décider de leur avenir en Espagne. De ce fait, 36% parmi elles se déclarent « satisfaites » de leur séjour et comptent, par conséquent, y rester pour toujours, face à 26% qui désirent retourner au pays natal alors que 37% révèlent qu'il est encore prématuré de prendre une telle décision. Il est fort probable que la conjoncture actuelle que traverse l'Espagne exerce une forte pression sur le collectif marocain, le plus affecté par la récession économique, particulièrement sur les femmes en chômage et sans perspective d'avenir, bien que nombreuses parmi elles comptent plusieurs années à Madrid et remplissent les conditions d'acquisition de la nationalité espagnole. L'analyse des 45 variables créées, pour établir une étude du degré de l'intégration sociale et professionnelle de la femme marocaine à Madrid, aide à former une idée globale du comportement de ce collectif. A la lumière des résultats obtenus, celui-ci réunit toutes les conditions pour renforcer l'enracinement de ses enfants dans la société d'accueil, améliorer sa culture générale et s'incorporer sans difficulté au marché du travail. Il est aussi conscient de l'importance de préserver son appartenance à la culture de son pays, fortifier les liens avec les parents et s'intéresser, via les moyens de communication, à l'actualité marocaine. L'option de vieillir au pays d'accueil est encore loin de s'ancrer dans les attitudes des femmes marocaines.