Concilier entre préservation de l'identité et intégration dans le pays d'accueil et l'un des principaux défis auxquels font face les Marocains établis en Espagne, notamment la deuxième génération issue de l'immigration. Cette question a fait l'objet d'un débat lors d'une table ronde organisée le week-end dernier, à Madrid dans le cadre de la 2ème Journée des Marocains de la capitale espagnole qui a connu la participation d'acteurs de la société civile marocaine en Espagne et de représentants d'ONG espagnoles. Les participants à cette rencontre ont souligné l'importance de savoir gérer et préserver sa différence culturelle vis à vis de la société d'accueil pour renforcer sa capacité d'évoluer au sein de cette société et mieux s'intégrer. C'est dans ce contexte que le chercheur espagnol à l'Université Complutense de Madrid, Juan Ignacio Castien, a souligné l'importance de la préservation de sa culture et de sa civilisation, de même que de réussir son intégration dans la société d'accueil. Il a relevé, dans un exposé intitulé "immigration marocaine en Espagne: le kaléidoscope identitaire", que les différences culturelles ne sont pas un obstacle à la communication, mais au contraire, une source d'enrichissement de la société. Castien n'a pas manqué de souligner, à ce propos, que la société espagnole apprécie plusieurs aspects de la culture et civilisations marocaines, ajoutant que le peuple marocain a "une tradition ancestrale de cohabitation et de diversité". Le chercheur et enseignant à l'Université Complutense de Madrid, Mohamed El Madkouri, a présenté un exposé sur "la représentation de l'autre" dans lequel il a souligné que les stéréotypes liés aux Marocains en Espagne sont erronés d'un point de vue historique et n'ont rien à voir avec la réalité. Il a relevé, par ailleurs, que la communication est un facteur important de socialisation et d'acculturation si elle est bien utilisée au service de l'intégration et pour lever les amalgames qui peuvent nourrir les confrontations sociales.
Walter Altis, chercheur du Groupe indépendant d'études IOE à Madrid, a axé son intervention, pour sa part, sur certains aspects socioéconomiques liés aux immigrés Marocains résidant en Espagne. Le pourcentage des Marocains de deuxième génération en Espagne qui ont réussi leurs études est relativement plus important en comparaison avec les enfants appartenant à d'autres collectifs d'immigrés, a-t-il indiqué. Evoquant les effets de la crise économique sur les Marocains résidant en Espagne, il a relevé que beaucoup d'entre eux ont perdu leurs emplois entre 2007 et 2009, expliquant ce résultat par le fait que les personnes affectées occupaient des emplois à contrats à durée déterminée ne nécessitant pas une grande qualification professionnelle, notamment dans le secteur du bâtiment, très touché par crise. Les Marocains travaillant dans l'industrie et dans l'administration publique, des secteurs qui requièrent une qualification, ont en revanche, préservé leurs emploi, a-t-il ajouté, relevant qu'il s'agit notamment du cas de femmes marocaines qui travaillent comme éducatrices ou assistantes sociales. La Journée des Marocains de Madrid se voulait un espace de débat et de réflexion sur la situation des Marocains résidant dans cette ville et le rôle qu'ils peuvent jouer dans le développement dans les pays d'origine et d'accueil. Initiée sous le thème "de l'immigration au développement", cette journée avait pour objet de jeter la lumière et à attirer l'attention des Marocains résidant à Madrid et sa région, notamment les acteurs de la société civile, sur les rapports entre migration et co-développement. Elle ambitionnait également d'aider à trouver des mécanismes d'action à même de favoriser le travail en réseau des différentes associations d'immigrés marocains à Madrid, dans l'objectif de mettre en Âœuvre des projets communs au service des immigrés marocains et de leur intégration. Cette manifestation a été organisée par " Le Mouvement de la Paix ", en collaboration notamment avec l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID), la municipalité de Madrid, l'Association socioculturelle Ibn Batouta, l'Association des universitaires marocains de Madrid (AUM), l'Association Tayba et l'Association AIAMA.