Les intempéries qu'a connues la région du Grand Casablanca au début de la semaine dernière ont mis à nu la défaillance des infrastructures de base et la manière de gestion des crises par les responsables locaux, notamment les élus. Il est vrai que ces intempéries exceptionnelles, avec des hauteurs de 200mm, correspondent à la moitié des précipitations totale d'une année. Mais ce qui était anormal et inconcevable est cette attitude des responsables locaux de la capitale économique du pays. Des quartiers entiers ont été submergés par les eaux pluviales, provoquant d'innombrables dégâts pour la population locale. Alors que les élus étaient aux abonnés absents. Il fallait voir la zone de Lahraouiyine, des quartiers de l'Arrondissement Moulay R'chid, des douars à Lissasfa, surtout «Mkiliba»,et des bidonvilles où le niveau des eaux a atteint les toits. Dans certains cas, seuls les antennes des paraboles sont restées visibles au dessus des eaux. Des centaines de pauvres familles ont passé la nuit de lundi à mardi de la semaine dernière dans le froid glacial à l'extérieur de leurs demeures. Des conditions lamentables. Ces familles se sont ainsi retrouvées coincées entre la colère de la nature, la rigueur du destin et l'injustice de certains élus, rompu à la roublardise et au double langage. Lors d'une réunion au siège de la préfecture de l'arrondissement de Moulay R'chid, le maire de la ville, Mohamed Sajid a été pris à partie par des élus locaux et des habitants inondés. Il n'a trouvé son salut que dans le fait de jurer aux élus locaux qu'il avait perdu son portable pour calmer leur colère et expliquer la sourde oreille qu'il avait pratiquée à l'égard de leurs multiples appels. La ville semblait coupée du reste du Maroc. Et en début de l'après-midi de ce mardi noir (30 novembre), le conseil de la ville de Casablanca rend public un communiqué annonçant que la commune urbaine accorderait des aides aux familles sinistrées dans les différentes régions de la capitale économique du pays. Mais de quelle aide s'agissait-il ? Une misérable couverture et des paquets de sucre et de thé. Voilà le lot qui a été offert aux sinistrés qui ont été installés dans des écoles en attendant à ce que les équipes de la Lydec interviennent pour pomper et évacuer les eaux des zones inondées. Aujourd'hui, plusieurs élus demandent la tenue d'une session ordinaire pour débattre de cette catastrophe. Mais certains élus ont déjà commencé à exploiter ce malheur des pauvres de Casablanca à des fins électorales. Ils cherchent à endosser la responsabilité à d'autres parties alors que ce sont eux qui étaient à l'origine de l'existence de ces quartiers anarchiques inondés. Impitoyable. B.A Point de mire Permis de …cohabiter C'est un constat. Les procédures de délivraison des permis d'habiter à Casablanca sont émaillées, dans plusieurs cas, de flagrantes violations des dispositions du code de l'urbanisme. Au cas où une enquête serait ouverte dans ce sens par les services compétents, les résultats resteraient dans les annales de l'urbanisme dans le pays. D'aucuns soulignent que rien que dans le secteur de l'arrondissement communal des Roches Noires, le fichier des infractions serait on ne peut plus noir. Selon des sources concordantes, des permis d'habiter ont été délivrés à des promoteurs immobiliers dans ce secteur sans aucun respect des procédures règlementaires en vigueur, à savoir notamment un certificat d'achèvement des travaux conformément aux prescriptions du cahier de chantier et le plan original, en plus de la question de conformité. Des dizaines de dossiers ont été traités sans qu'ils ne transitent ni par le conseil de la ville, ni encore par l'agence urbaine. Cette pratique a permis ainsi à des promoteurs sans scrupules de modifier les plans, ajoutant d'autres appartements, vendre et passer à l'autre chantier, sans qu'ils ne soient inquiétés. Dans tout ce circuit ayant transformé la zone de Roches Noires en site d'habitat «anarchique moderne», un seul vice-président du Conseil de la ville, qui avait signé des dizaines de permis d'habiter, (permis de cohabiter, disent non sans humour des Casablancais), a été suspendu de ses fonctions. Et aucune enquête n'a été diligentée pour déterminer la responsabilité des autres intervenants dans le circuit. Le mercredi dernier, le ministre de l'Intérieur, Taib Cherqaoui a souligné l'importance de l'urbanisme et sa place dans la promotion du développement spatial, lors de la cérémonie d'installation des gouverneurs récemment nommés dans la région du Grand Casablanca. «L'ensemble des intervenants doivent faire preuve de la responsabilité et la détermination nécessaires pour faire face au phénomène de l'habitat anarchique à travers l'application stricte et saine des dispositions législatives et règlementaires en vigueur», a tenu à souligner le ministre de l'Intérieur. Le message du ministre est on ne peut plus clair. Donnera-t-il alors des instructions à ses services compétents dans la Métropole pour engager des procédures en vue d'apurer la «liste noire» qui continue de ternir l'image de la capitale économique du pays ? L'homme du sérail est un fin familier des multiples modes de régulation judiciaire. L'action suivra certainement la parole. C'est en somme l'application de la politique de proximité et du nouveau concept de l'autorité. B.Amenzou Pignon sur rue Le téléphone du maire volé Le maire de Casablanca, Mohamed Sajid a perdu son téléphone portable à la veille des inondations ayant secoué les différentes régions de la capitale économique du pays, occasionnant d'innombrables dégâts. Selon des sources concordantes, Mohamed Sajid aurait été dépouillé de son portable lors de la marche de Casablanca contre les tentatives d'atteinte à l'intégrité territoriale du Maroc, notamment les manœuvres du parti populaire espagnol. Cette perte de téléphone a provoqué moult désagréments au maire la nuit des inondations. Après avoir rétabli sa ligne, le maire ne distinguait plus les appels des responsables, de ceux des élus et des autres citoyens. Nouveau SG à la préfecture de Aîn Chock Le pacha de la Circonscription de Aîn chock, M.Jouahre vient d'être nommé secrétaire général de la préfecture de l'Arrondissement de Aîn Chock. Une promotion bien méritée, selon des observateurs de la gouvernance locale à Casablanca. Depuis son affectation à Aîn Chock, la politique de proximité et la philosophie du nouveau concept de l'autorité ont été scrupuleusement mises en application, en plus de la coordination avec les élus locaux de la zone. Lors des préparatifs de la marche de Casablanca, Aîn Chock a volé la vedette aux autres préfectures de Casablanca par la meilleure organisation, le nombre de marcheurs et la coordination avec le bureau de l'arrondissement communal de Aîn Chock. Aides aux sinistrés Suite aux pluies diluviennes qu'ont connues certaines régions du Royaume et sur instructions de SAR la Princesse Lalla Malika, présidente du Croissant Rouge Marocain (CRM), des aides ont été accordées aux populations sinistrées de la wilaya du Grand Casablanca et de la préfecture de Mohammedia. A cet effet, des aides comprenant 1000 kits d'hygiène, 2000 couvertures, 2000 matelas mousse, 100 tentes et 1000 kg de savon ont été acheminées au siège du bureau régional du Croissant Rouge Marocain de Casablanca pour procéder à leur distribution aux familles sinistrées. Pour les populations de la préfecture de Mohammedia, les aides octroyées par le CRM comprennent 700 couvertures, 700 matelas mousse, 700 kits d'hygiène et 500 kg de savon. Le Croissant Rouge Marocain, en coordination avec les autorités locales des zones affectées, a mobilisé tous ses moyens matériels et humains pour acheminer ces aides aux populations sinistrées. Mohammedia : Une ville en agonie Mohammedia. C'est la ville des contrastes par excellence. La cité des fleurs est aujourd'hui bouffée par la brique. Devant le rouleau compresseur d'un urbanisme anarchique, les espaces verts sont de plus en plus menacés. Poumons de la localité, ils ont été pratiquement envahis par les immeubles. Devant la cupidité pécuniaire des promoteurs et l'absence d'une vision globale, la ville a perdu tout son charme, déplore un septuagénaire. Et d'ajouter que la ville qui a donné les meilleurs sportifs et footballeurs de la nation, tels Faras et Assila, souffre aujourd'hui d'une absence de talents. Une remarque tout a fait pertinente, étant donné que le terrain «Fedala sport» a été sacrifié pour la construction d'un grand complexe commercial et résidentiel. En fait, les jeunes n'ont plus d'espaces assez suffisants pour pratiquer leur sport de prédilection. La plupart se trouvent dans l'obligation de fréquenter les salles de jeux et les cafés. Quant aux bibliothèques de la ville et maisons de jeunes, ils accusent un déficit énorme en matière de logistique. Bref, Mohammedia souffre du manque des infrastructures sociales dédiées aux jeunes. Cela s'explique par un seul facteur, déplore un citoyen, la quasi absence d'une politique publique destinée aux jeunes, chez les responsables de la ville. En fait, la vague de l'urbanisme sauvage a fait de Fedala une agglomération dénuée de toute forme de vie digne dune véritable ville. Des immeubles bâtis devant des villas. Le parc du Marssa, poumon de la ville et seul refuge des habitants, a été complètement bouffé par le béton. Sachant que cet espace de verdure a été construit à l'époque du protectorat. Autre facteur grave menaçant la ville, est celui de la pollution. Beaucoup de gens ayant les moyens ont quitté la cité en destination des banlieues limitrophes comme Casablanca et Ben Slimane, à cause de l'impact néfaste de la pollution sur la santé de leurs enfants. Des fois, si ce n'est pas toujours, une odeur ressemble au gaz étouffe les citoyens et provoque des maux de têtes, dont personne ne peut mesurer la gravité. Un médecin nous a confié que la majorité des bébés souffrent d'asthme. Des analyses effectuées ont montré que le taux de plomb présent dans l'urine des enfants représente un danger incommensurable sur leur santé. En fait, la lutte contre la pollution ne doit pas se limiter uniquement au nettoyage des plages, ironise un habitant de la ville. Les grands pollueurs industriels sont les premiers responsables de cette situation. Et seul un contrôle rigoureux et efficace est de nature à mettre fin à cette situation dramatique. Khalid Darfaf Dallas à Hay Hassani : des locaux poussent clandestinement comme des champignons C'est l'anarchie sous toutes ses formes. C'est la politique du trafic d'influence. C'est l'abus de confiance. Ce sont, entre autres, les accusations adressées par plusieurs habitants de la préfecture de l'Arrondissement de Hay Hassani aux élus qui ont fait main basse sur les locaux du souk Dallas à Hay Hassani. Au moment où les autorités locales travaillent d'arrache-pied pour recaser les locataires de cet espace, devenu point noir, ailleurs (à l'extérieur de la ville), des élus construisent tranquillement et clandestinement des locaux pour pouvoir induire en erreur les autorités locales et être sur la liste des bénéficiaires. Incroyable mais vrai. La photo montre clairement comment un élu de la zone a pu bâtir discrètement et anarchiquement deux locaux à proximité de la ruelle. Où étaient les autorités de la zone au moment où ces élus bâtissaient au vu et au su de tout le monde ? Pourquoi ces autorités n'ont-elles pas réagi au moment opportun pour rappeler à l'ordre les contrevenants ? Plusieurs questions, aussi crues les unes que les autres, se posent dans ce sens, surtout que les mêmes pratiques ont été opérées à la cité de l'Air (Hay Al Matar). Une villa s'est transformée en un douar avec plusieurs portes et plusieurs locataires. B.A Tranche d'histoire Fedala rebaptisé Mohammedia par feu Mohammed V Situé sur la côte atlantique à une vingtaine de kilomètres de Casablanca dans les tribus des Zénatas, Mohammedia, était connue depuis longtemps sous son appellation de Fédala. Elle fût baptisée Mohammedia par feu Mohammed V le 25 juin 1960 à l'occasion de la pose de la première pierre de la raffinerie de pétrole Samir. Cette ville dont le développement industriel a précédé le développement urbain verra sa population croître de 2500 en 1921 à plus de 350.000 habitants en 2003 avec un rythme de croissance démographique de l'ordre de 4,1%. Mohammedia se compose de deux pachaliks, sept arrondissements urbains et trois caïdats au niveau de la Préfecture. Le 25 mars 2003, un nouveau découpage administratif a renforcé Mohammedia de 5 autres communes : Aïn Harrouda, Béni Yakhlef, Chellalate, Sidi Moussa El Majdoub et Sidi Moussa Ben Ali. L'alimentation en électricité s'effectue à partir des postes sources de l'ONE 60/22 KV et de LYDEC 225/20 KV, issus de la Centrale de Mohammedia. L'approvisionnement en eau est assuré par l'Office National d'Eau Potable à partir du barrage de Sidi Mohamed Ben Abdallah sur l'Oued Bouregreg et de la conduite Fouarate. La LYDEC assure la distribution par l'intermédiaire de réservoirs, de piquage direct sur conduite Bouregreg et sur la conduite Fouarate. La ville dispose d'une infrastructure de télécommunications des plus modernes. Elle s'articule autour de deux centres de commutation numérique, d'un centre de transmission reliant Mohammedia à Casablanca et à Rabat par des câbles à fibre optique. Cette infrastructure est complétée par d'autres centres et réseaux techniques évolués (réseau Maghripac, GSM, internet…) De même, elle dispose d'une gare et d'un réseau ferroviaire par lesquels transite un important trafic de trains. La Préfecture est quotidiennement desservie par une vingtaine de trains navettes rapides reliant Casablanca, Rabat et Kénitra, en plus des trains de ligne. Mohammedia est reliée aux préfectures et villes limitrophes par un réseau routier et autoroutier dense. Il se compose de l'autoroute Casablanca-Rabat et de l'autoroute de contournement de Casablanca vers Settat et de routes principales et secondaires. L'aéroport Mohammed V est accessible à partir de l'autoroute en moins de 30 minutes. Le poumon économique de la ville est le port. Construit en 1913, essentiellement pour la pêche, le port de Mohammedia n'a connu son véritable essor et sa vocation de port pétrolier qu'à la construction, au début des années soixante, de la raffinerie de la SAMIR. Conçu pour répondre aux exigences du présent et de l'avenir, le port de Mohammedia est constitué d'un ensemble d'infrastructures de très grande envergure, permettant d'assurer dans de bonnes conditions, la réception des grands pétroliers. Avec un trafic annuel d'hydrocarbures dépassant les 10 millions de tonnes, soit plus de 95% des besoins du pays en produits pétroliers, le port de Mohammedia est le premier port pétrolier du Maroc. A chaque jour suffit sa peine... De gauche à droite : Mohamed Mansar, président du Conseil préfectoral, Mohamed Sajid, président de la Commune urbaine et Mohamed Chafik Benkirane, président du Conseil de la Région, lors d'une entrevue à la suite des inondations ayant secoué la ville le 30 novembre. Mansar : qu'avez-vous fait d'urgence M. le maire pour les sinistrés ? Sajid : On va leur offrir des couvertures et des pains de sucre en attendant la clémence du ciel… Benkirane : Cela n'est-il pas insuffisant et va provoquer leur colère…. N'oubliez pas surtout que ce sont ces pauvres qui partent aux urnes… (Ph Akil Macao)