Fairouz, chanteuse libanaise de confession chrétienne, est une star dans l'ensemble du monde arabe et bien au-delà du pays dont elle est l'emblème. Fairouz est née le 21 Novembre 1935 à Jabal el Arz, sous le nom de Nouhad Haddad. Elle et sa famille s'installèrent à Beyrouth en 1935 dans le quartier où elle grandit. Elève à l'école saint-joseph, elle se distingua dans la chorale, et fut engagée comme choriste à la radio nationale libanaise. Elle fut présentée à Halim El roumi (père de la chanteuse Majda Al Roumi) qui dirigeait la radio du Proche-Orient «Mahattat Ach-Charq Al Adna» qui l'auditionna avec des chansons de Farid Al Atrache et Asmahan. Croyant en son avenir, il composa pour elle et c'est chez lui que Fairuz rencontre les frères Rahbani, Assi et Mansour (elle sera l'épouse de Assi de 1954-1978). Le trio se mit alors à créer un nouveau style de musique libanaise, initialement très influencé par la musique sud-américaine. Les années 50 furent très fertiles pour Fairouz qui s'essaya à de nombreux genres musicaux grâce aux compositions avant-gardistes des frères Rahbani qui excellent aussi bien dans des compositions symphoniques que dans des tangos et autres danses latines. Critiqué au début, le style des deux frères s'impose néanmoins petit à petit et en 1957, le comité du festival international de BaalBeck demande aux Rahbani de préparer une soirée libanaise à l'occasion du premier anniversaire du festival. La soirée fut un succès et Fairouz inaugure le Festival de Baalbek où, pour la première fois, elle rencontre le public en plein air, sur des planches installées au pied des gigantesques colonnes du temple romain. Elle remporte un tel triomphe qu'on la surnomme aussitôt la septième colonne. La Syrie à son tour lui ouvre ses portes dès 1960 et elle sera l'invitée de la biennale de Damas. La chanson des frères Rahbani passera du sketch musical à l'opérette populaire, et au théâtre musical à Baalbek, mais à Damas, elle sera dans la plus pure tradition classique avec des œuvres arabo-andalouses, des Mouwachahs et des Qacidas. Les Rahbani créèrent en 1961 une comédie musicale en 4 actes intitulée Al Ballbakieh. Pénétrant l'univers de la mythologie, les Rahbani écrivirent l'histoire d'une jeune fille dotée d'une voix envoutante, universelle et éternelle, Fairouz chanta ainsi aussi bien les mélodies andalouses que celles puisées dans la pure musique classique occidentale (la célèbre «Ode à Baalbeck»). En 1962, Fairouz revint encore une fois, dans une comédie musicale, cette fois en 2 actes : Jisr el Kamar. Fairouz joue le rôle d'une fée qui cherche à réconcilier les habitants de deux villages voisins en guerre. Suivie de Allayl wa'l Kandil (Nuit et Lumière) en 1963 où Fairuz joue le rôle d'une jeune vendeuse de lanternes qui tombe amoureuse d'un «horla» (hawl) qui trahit sa confiance. Le festival des Cèdres en 1964 accueille le premier film de Fairouz et des Rahbani, Bayya'a el khawatim (Le vendeur de bagues) histoire d'une jeune orpheline fataliste (Fairouz) prise dans les méandres des mensonges d'un oncle mythomane. Au Liban, on parle désormais du «théâtre des Frères Rahbani» grâce à la voix inimitable de Fairouz et de son talent sans limite. Fairouz revient au festival de Baalbeck en 1966, avec cette fois-ci une fiction historique des Frères Rahbani : Ayyam Fakhreddine - Du temps de l'émir Fakhreddine. Où Fairouz incarne la conscience fictive d'un peuple qui attend que son souverain le protège et fasse de lui un peuple souverain et indépendant. En 1967 le théâtre Piccadilly ouvre ses portes et Fairouz et les Rahbani y sont invités. Ils présentent leur dernière production : Hala wel Malik (Le Roi et Hala), une comédie musicale de «masques et bergamasques». La même année sort aussi la deuxième production cinématographique des Frères Rahbani, Safar barlik (L'exil). Ce film fut suivi d'un autre en 1968, qui fut le dernier, Bint el hariss (la fille du garde). Ce fut en Syrie que Fairouz donna avec les Frères Rahbani la première de Ash-shakhs (Son Excellence) qui est le premier volet d'une trilogie satirique (avec Yaish Yaish et Sahh Ennom en 1970) de la bureaucratie et la politique des régimes arabes de l'époque. En 1969 la pièce fut jouée pendant près de trois mois au théâtre Piccadilly, et pour l'été de la même année les Frères Rahbani composèrent une comédie musicale épique pour le festival de Baalbeck, Jibal As-sawan (Les montagnes de Silex). L'année 1970 les Rahbani composèrent deux comédies musicales, Yaish Yaish (Longue vie à sa majesté..) et Sahh En-nom (Avez-vous bien dormi ?). Et encore une nouvelle en 1971 «Nass min Warak» (Gens de papier), suivie d'une tournée dans les salles les plus prestigieuses de l'Amérique du nord, avant d'atterrir au Piccadilly de Beyrouth en hiver 1972. Pour l'été 1972, les frères Rahbani présentèrent avec Fairouz au festival de Baalbeck Natourit Al Mafatih (La gardienne des clés), une comédie noire où un peuple opprimé choisit la résistance passive : tout le monde fuit le royaume de Sira sauf Zad el khayr (Fairouz) qui reste seule face au tyran. À la fin de la saison, Fairouz épuisée, est conduite dans une clinique de Beyrouth. L'année 1979 voit la séparation du couple artistique Fairouz-les frères Rahbani, et la naissance d'un premier album de Fairouz dont les compositions sont toutes signées de son fils Ziad Rahbani. L'album Wahdoun (Seuls) inclus les mélodies et arrangements jazzy de son fils (Wahdoun , al bosta), et des mélodies orientales (Habbaytak ta nsit ennawm- je t'ai aimé à en oublier le sommeil-, ana andi hanine-je suis nostalgique-). Mais le public, habitué aux textes romantiques des frères Rahbani fut choqué par les textes crus et osés de Ziad et son humour noire. Le deuxième album devra attendre l'année 1987. Maarefti fik (Notre rencontre) regroupe aussi bien des atmosphères orientales (toujours dans le style Rahbani) que du jazz (Ma'erefti fik). En 1988, Fairouz, après un concert-évènement au Palais Omnisports de Paris-Bercy, fut nommée commandeur des arts et des lettres. Et dix ans plus tard, en 1998, Fairouz recevra la légion d'honneur à Beyrouth. En 1991, «Kifak enta ?» (Comment vas-tu ?), troisième album de Fairouz et son fils fait scandale à cause des paroles jugées trop osées et ce n'est que des années plus tard qu'il deviendra un « classique « de Fairouz, qu'elle chante dans presque tous ses concerts. En 1994, Fairouz qui n'avait pas chanté au Liban depuis 1977 se produisit dans un méga-concert dans le centre-ville de Beyrouth. La même année sort l'album «Ila Assi» (À Assi), en hommage à Assi Rahbani, qui regroupe 19 des chansons de Fairuz et des frères Rahbani réorchestrées par Ziad Rahbani. En 1999 Fairouz sortit un nouvel album avec Ziad Rahbani, «Mish Kayen Hayk Tkoun» (Tu as vraiment changé). En août 2000, elle présenta au festival de Beiteddine, accompagnée de son fils Ziad Rahbani, et d'un orchestre symphonique composé de musiciens arméniens, français, hollandais et libanais, sous la houlette de l'arménien Karen Durgaryan, trois concerts dont le programme, choisi avec le plus grand soin, regroupait des anciennes chansons savamment réorchestrées (dont la fameuse La inta habibi -tu n'es plus mon amour) ainsi que de nouveaux titres (dont le tout aussi fameux, désormais, Sabah w massa-matin et soir). Un nouvel album sortit en janvier 2002 Wala kif (…ni comment) et en 2006, la comédie musicale Sahh ennom des frères Rahbani de 1970 connaît une seconde vie pour le come back d'une Fairouz comédienne pour neuf représentations à guichets fermés à Sharjah et à Amman.