Le frère aîné, fou d'amour pour l'épouse de son frère cadet utérin, fait à cette dernière une cour aussi assidue que discrète pour finalement la rendre grosse… Casse-tête autour de l'appropriation du bébé… Amoureux de la fiancée de son fils, le père l'écrabouille en faisant tomber sur lui un container de plusieurs tonnes… La vedette de tel autre feuilleton, mère indigne, n'a pas trouvé d'autre amant que l'époux de sa fille… Tels sont les contenus récurrents des télénovelas qui constituent l'ordinaire des téléspectateurs et dont se sont emparés certains groupes sociaux. Jeunes femmes, filles et adolescents raffolent en effet de ces productions qui, au regard d'une certaine fragilité inhérente à ces groupes, posent en arrière fond le problème de l'innocuité supposée en réelle de ces œuvres cinématographiques. Focus sur ce phénomène. Juan, Maria, Rosita… des noms à consonance hispanique pour des séries qui la plupart du temps ont pour scénarios des histoires d'amour impossibles. Mêlant religion, argent, beauté, ces épisodes semblent intéresser les femmes marocaines au plus au point. Dans les années 90, l'un des premiers feuilletons mexicains à avoir été diffusé sur les chaînes de télévision marocaines mettait en scène une jeune fille appelée Guadalupe. Avec le temps, les télénovelas sud-américaines sont de plus en plus présentes et semblent plaire aux femmes marocaines qui sont de grandes amatrices de ce genre de divertissement. Aujourd'hui doublées en darija marocaine, elles sont accessibles à de plus en plus de personnes et font de plus en plus de fans. Pour regarder une de ces séries mexicaines, turque, libanaise…etc., les marocaines laissent tout de côté : tâches ménagères, sieste, du moins pour celles qui sont femmes au foyer et durant trente minutes, c'est silence radio. Elles s'échappent dans un univers parallèle et se laissent aller au rêve de l'Eldorado, au fantasme. Amour, haine, trahisons, les télénovelas offrent aux téléspectateurs un florilège d'émotions. L'intrigue dévoilée au compte gouttes rend très vite les téléspectateurs “accros” au programme. Le suspense est quotidiennement au rendez-vous. Les télénovelas d'aujourd'hui s'inspirent de la réalité et abordent de nombreux sujets de société (l'alcoolisme, les barrières sociales…), favorisant ainsi l'identification des téléspectateurs aux personnages. Les images et les messages véhiculés par les télénovelas, qu'ils soient bien ou mal perçus, portent une charge qui n'est pas conçue pour instruire selon nos réalités. L'émotion et le rêve y constituent des sources d'inspiration auxquelles le spectateur se réfère pour « enrichir » sa réalité et ainsi, peu à peu dérive dans l'utopie à côté de normes que sa nouvelle vision l'amène à ignorer. Une sorte de gangrène que les télénovelas introduisent dans les sociétés qui ont l'imprudence de s'ouvrir à elles. S'ouvrir évidemment, pourquoi pas, mais il faut s'ouvrir sans que cela ne soit à chaque fois une occasion de chute et de vulnérabilité. Répondre aux autres à condition que cela n'amène personne à fléchir du genou. Il y a de multiples possibilités de fixer les téléspectateurs par des choix cinématographiques sains et instructifs pour les populations. C'est vers ces options qu'il importe de se tourner dès maintenant avant que des films importées d'on ne sait où ne nous façonnent une jeunesse inutile et des populations pauvres de leur identité