Nabil El Bousaadi Le clan al-Assad qui, en s'appuyant sur le parti Baas, était aux commandes de la Syrie, depuis plus de cinq décennies, s'est affaissé comme un château de cartes quand son dernier représentant fut contraint de fuir le pays lorsqu'à l'approche de Damas, les combattants de Hay'at Tahrir Al-Cham (HTC) n'ont rencontré aucune résistance de la part d'une armée régulière syrienne en déroute qui n'était plus que l'ombre d'elle-même, voire même totalement absente. Mais si, tout en offrant l'asile politique au président déchu qui était son plus fidèle allié au Proche-Orient mais qu'il n'a pas pu sauver, cette fois-ci, comme en 2015 dans la mesure où, comme l'a rappelé, le 11 décembre, sur son blog, le journaliste russe Mikhaïl Zygar, « toutes les forces russes disponibles étaient concentrées exclusivement sur le front ukrainien », Vladimir Poutine, s'est bien gardé de commenter ce tragique évènement, c'est parce qu'il craignait que la Russie ne perde son influence, aussi bien diplomatique que militaire dans la région, si les nouveaux maîtres de Damas venaient à lui fermer ses principales bases militaires dans le pays ; à savoir, la base navale de Tartous sur la Méditerranée et la base aérienne de Hmeimim proche de Lattaquié. Des sources militaires et sécuritaires syriennes ont indiqué, ce dimanche, que même si la Russie a commencé à retirer ses soldats des lignes de front et à rapatrier du matériel militaire « lourd » et certains officiers syriens de haut rang auxquels elle compte accorder l'asile politique, et qu'elle ne prévoit toujours pas d'évacuer les deux bases précitées, personne n'est en mesure de se prononcer, pour l'heure, sur la manière avec laquelle Abou Mohammed al-Jolani, le leader des rebelles syriens de Hay'at Tahrir Al-Cham (HTC), envisage l'avenir, à long terme, des bases russes. Aussi, il conviendrait, pour le moment, d'accorder la « priorité aux relations avec les nouvelles autorités » syriennes, comme l'a précisé un haut fonctionnaire russe ayant requis l'anonymat. Mais si elle est une véritable épine dans le pied de Vladimir Poutine, la chute de Bachar al-Assad constitue, en revanche, une victoire pour le président Recep Tayyip Erdogan, dès lors qu'elle va permettre à la Turquie d'asseoir son rôle de puissance régionale. Aussi, en saluant, ce vendredi, l'éviction du président syrien après l'offensive des combattants de HTC, le président Erdogan a annoncé qu'après avoir été fermée, durant douze années, l'ambassade de Turquie à Damas va rouvrir ses portes le lendemain. L'autre information, qui est de taille, a trait au fait que le ministre turc des Affaires étrangères a saisi cette occasion pour signaler que c'est la Turquie qui a convaincu la Russie et l'Iran de « laisser tomber » le président syrien en n'intervenant pas pour stopper, de quelque manière que ce soit, l'offensive des rebelles islamistes contre Damas. Cette annonce a été confirmée lorsque des médias locaux, mais aussi les smartphones de simples passants, ont pu « filmer » et partager, sur les réseaux sociaux, l'arrivée, jeudi dernier, à Damas, d'Ibrahim Kalin, le patron des renseignements turcs ainsi que son entrée à la mosquée des Omeyyades pour y faire sa prière. Si l'avenir des relations entre les nouveaux maîtres de la Syrie et Moscou semble hypothéqué, tout indique que Damas et Ankara pourraient avoir des liens très étroits mais attendons pour voir...