Nabil El Bousaadi Après la mort, le 27 septembre dernier, dans des frappes israéliennes, du leader du Hezbollah, Hassan Nassrallah, puis l'assassinat, début octobre, de son successeur présumé Hachem Safieddine, qui n'a été confirmé que la semaine dernière, le «Conseil de la Choura», qui est l'organe dirigeant de la formation islamiste chiite, a annoncé, dans un communiqué, en date de mardi dernier, s'être «accordé pour élire cheikh Naïm Qassem», qui était le numéro deux du parti, comme nouveau «secrétaire général du Hezbollah». Mais, si, après être resté sans dirigeant pendant plus d'un mois, le mouvement chiite libanais, qui fait face à d'incessants bombardements israéliens, avait fini par élire, mardi dernier, un nouveau chef en la personne de Naïm Qassem, qui est donc ce nouveau leader du Parti de Dieu ? Né à Beyrouth en 1953, de parents originaires de Kfar Fila, un village du sud du Liban, Naïm Qassem, a enseigné durant six ans dans des lycées publics de la capitale après avoir obtenu un diplôme de Chimie de l'Université libanaise. Selon sa biographie officielle, l'intéressé a, également, publié de nombreux livres d'éducation religieuse, plusieurs essais sur la politique ainsi qu'une «Histoire du Hezbollah» qui constitue, pour certains, un rare « regard de l'intérieur » sur le mouvement chiite libanais. Agé donc de 71 ans, celui qui se voit, aujourd'hui, propulsé à la tête du mouvement après avoir passé des décennies à l'ombre de Hassan Nassrallah, qui en était devenu le Secrétaire général adjoint, une année après la fin de la guerre civile libanaise qui avait duré de 1975 à 1990, et qui était, également, membre du Conseil de la Choura, l'organe dirigeant du mouvement, est l'un des pères-fondateurs du Hezbollah, lorsqu'il avait été créé, en 1982, sous l'impulsion de l'Iran dans la foulée de l'invasion israélienne du Pays du Cèdre. Après l'assassinat du premier chef du Hezbollah, Abbas Moussaoui, dans un raid israélien, en 1992, et son remplacement par Hassan Nassrallah, Naïm Qassem était aux côtés de ce dernier et l'avait aidé à faire du Parti de Dieu un acteur incontournable de la géopolitique moyen-orientale. A noter, au passage, qu'en prenant la parole, à trois reprises, à la télévision libanaise, après la mort de Hassan Nassrallah, Naïm Qassem, avait tenu à rappeler, aux dirigeants israéliens, le 15 Octobre dernier, que seul un « cessez-le-feu » allait permettre aux habitants du nord d'Israël de retourner chez eux après avoir été obligés de quitter leurs habitations suite aux attaques du Hezbollah et menacé, dans le cas contraire, de frapper «partout» en Israël. Mais en écartant d'emblée toute idée de cessez-le-feu, l'Etat hébreu qui, de son côté, mène, depuis le 23 septembre dernier, des frappes aériennes massives contre les bastions du Hezbollah au sud-Liban qui ont fait plus de 1.700 morts, selon un dernier décompte du ministère libanais de la Santé, entend poursuivre ses attaques jusqu'au retour des israéliens déplacés à leurs domiciles. Autant dire que la paix n'est pas pour bientôt car même s'il est qualifié de « modéré » et de «réfléchi» par de nombreux observateurs et qu'il est «partisan», selon Daniel Meier, professeur de relations internationales à Sciences Po Grenoble, «d'un schisme réformiste, dans la lignée de Mohammad Hussein Fadlallah» que certains considèrent comme étant le père spirituel du Hezbollah, Naïm Qassem, qui n'est ni «un militaire», ni «un guerrier», connaît très bien «le fonctionnement» du Hezbollah et n'est pas homme à «se laisser faire». Alors, attendons pour voir...