Fairouz EL Mouden Le secteur agricole pâtît aujourd'hui de tous les maux en termes de déficit des rendements, de conditions climatiques difficiles et de manque de stratégies sectorielles adaptées. Les indicateurs de performance sont dans le rouge. Les filières hautement stratégiques en dépérissement, l'élevage en situation de réel sinistre et la production en chute libre. Le secteur agricole affiche une crise sans pareil qui révèle le malaise du monde rural au Maroc et la défaillance de toute la politique agricole. Le secteur compte 19 filières agricoles qui sont considérées de la même manière et aucune priorité n'est définie pour l'une ou l'autre même pour les cultures dites de souveraineté: les cultures céréalières, oléagineuses, légumineuses et fourragères!!! Un débat national s'impose à plus d'un titre pour revoir les priorités et éviter l'appauvrissement de millions de personnes de la population rurale. Faut-il aujourd'hui, incriminer la succession des saisons sèches pour toutes les défaillances que vit actuellement le secteur agricole ? La production est en perte de vitesse et le stock de sécurité est difficilement atteint. La récolte actuelle qui s'élève à moins de 32 millions de quintaux a été réalisée en grande partie dans trois régions, à savoir le Gharb, le Saïss et le Loukous, soit un rendement de plus de 25 millions de quintaux. Toutes les autres régions agricoles ( Doukkala, Abda, Haouz et Sous-Massa) sont sinistrées et souffrent d'un manque important en eau. Les barrages sont à leurs niveaux le plus bas, la nappe phréatique épuisée en plus du tarissement des puits. Certes le Maroc a toujours importé des quantités plus au moins importantes de blé pour couvrir la demande nationale en céréales et ce depuis 50 ans déjà. Il va falloir importer beaucoup plus cette année de maïs, de blé et d'orge pour subvenir à l'alimentation humaine, mais aussi animale. La situation est tellement délicate que le pays a autorisé pour la deuxième année consécutive l'importation des ovins à l'approche de l'Aid AL Adha pour satisfaire la demande et les besoins en ovins et caprins consacrés à la fête du mouton. C'est regrettable estiment les operateurs du secteur qui expliquent que le Maroc comptait plus de 20 millions de tête de bétail en 2020 et peine aujourd'hui à répondre favorablement à la demande liée à la fête du sacrifice. L'offre actuelle porte seulement sur quelques 4,5 millions de têtes. L'importation devient la voie de secours pour approvisionner le marché en céréales et en bétail. Cela dénote d'une situation de crise d'orientation et de stratégie agricole qui s'aggrave avec le réchauffement climatiques et le manque d'eau. Une crise qui va accentuer la pauvreté du monde rural, accélérer l'exode rural, sans oublier le taux préoccupant de sous-emploi dans les campagnes. La crainte d'une sous-alimentation du cheptel. Prendre à bras le corps la politique agricole au Maroc relève d'un chantier national prioritaire où l'urgence reste de mise !!!