Campagne agricole et sécurité alimentaire Fairouz EL Mouden C'est peut être un bon début de la campagne agricole. Les quantités de pluie enregistrées durant le mois d'octobre qui varient d'une région à l'autre augurent d'un bon démarrage de la saison agricole à condition que ça continue encore dans les semaines à venir. Le lancement des labours et des semis en dépend largement. Le Maroc a besoin de six mois de pluie de novembre à avril pour avoir une très bonne campagne agricole. Une attention particulière doit être orientée vers les zones Bour pour optimiser les rendements et réduire les importations de céréales. Les sols sont aujourd'hui très secs après deux années successives de grande sécheresse. Les barrages accusent un niveau de remplissage des très bas et les températures encore très élevées. Les quantités de pluie enregistrées sont très variables selon qu'il s'agisse de la région nord du pays que du sud. Les grandes régions agricoles qui représentent les surfaces agricoles utiles n'ont pas reçu suffisamment d'eau. A peine 15 mm durant le mois d'octobre. Néanmoins, c'est le début de la saison agricole, les agriculteurs briguent la clémence du ciel pour installer les semis. Les prévisions météorologiques annoncent des précipitations les jours et les semaines à venir. Le début du mois de novembre, période consacrée à la mise en place des semis serait selon la direction de la météo pluvieuse. Les semences subventionnées sont disponibles soit 1 million de quintaux contre 2,2 millions de quintaux l'année passée, mais restent encore chers. Les engrais sont aussi disponibles mais leurs coûts sont encore plus élevés. Selon un communiqué, le ministère de l'agriculture a mobilisé environ 1,1 millions de quintaux de semences sélectionnées des céréales à des prix incitatifs, à travers la commercialisation des semences céréalières à des prix de vente subventionnés à hauteur de 210 Dhs/quintal pour le blé tendre et l'orge et 290 Dhs/quintal pour le blé dur. Il en est de même pour les engrais, le marché indique le ministère sera approvisionné à hauteur de 600.000 tonnes d'engrais phosphatés, au même prix de la campagne précédente. Les engrais azotés, seront disponibles sur le marché à hauteur de 500.000 tonnes à des prix subventionnés de 240 Dhs/Ql pour l'Ammonitrate d'azote 33%, de 330 Dhs/Ql pour l'Urée 46% et 150 Dhs/Ql pour le sulfate d'ammonium 21% à travers des centres de ventes, à un prix subventionné. Néanmoins, ces niveaux de prix sont jugés excessivement élevés pour cause de manque de revenus et de moyens financiers chez les agriculteurs qui endosse les effets de la sécheresse et de l'inflation tous azimuts. A cela s'ajoute les prix élevés des aliments composés du bétail qui sont en grande majorité importés et qui grèvent davantage les charges des éleveurs. D'ailleurs, nous déclare Abbes Tanji, chercheur agronome, de nombreux éleveurs ont cessé de faire l'élevage à cause des conditions climatiques difficiles et des effets inflationnistes intenables. Il explique par ailleurs, que l'importation des moutons et des vaches de l'Espagne, du Brésil et d'autres pays visait avant tout la compression de la hausse des prix des viandes rouges. Hors cette mesure n'a pas eu l'effet escompté de baisse des prix de vente mais plutôt elle a servie une minorité d'éleveurs qui ont profité de la subvention de 500 dirhams par tête d'animaux importé. Valeur aujourd'hui, personne ne connait les circuits de la commercialisation de cette viande importée ni son prix au kilo puisque les tarifs n'ont pas changé depuis la mise en place de l'autorisation d'importation. Le constat réel fait état, par ailleurs, d'un secteur agricole qui n'arrive pas à produire suffisamment de céréales sous l'effet de la sécheresse. Mais, pas seulement. Les superficies cultivées en céréales sont localisées toutes dans les zones Bour ou pluviales qui ne profitent jamais des systèmes d'irrigation ni du développement technologique et de recherche. Notre interlocuteur recommande de maximiser l'irrigation des céréales au lieu de l'avocat, de la pastèque ou encore des fruits rouges et des agrumes. Objectif : éviter de recourir à l'importation des quantités importantes de blé chaque année. Le Maroc vient d'annoncer un appel d'offre pour l'importation de 20 millions de quintaux. Il est temps de revoir la politique agricole qui consiste à irriguer pour exporter. Il est aussi urgent d'assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire dans une conjoncture économique mondiale des plus perturbées et des plus instables…