Par Fairouz El Mouden C'est bientôt le démarrage de la campagne agricole 2021/2022. Les conditions climatiques sont toujours défavorables et les niveaux de chaleur inquiétants. Les niveaux d'eau dans les barrages sont au plus bas mettant à mal les cultures d'irrigation qui sont en grande partie destinées à l'exportation. Le besoin en quantité suffisante de pluie en ce mois de novembre est pressant pour garantir un bon démarrage de la campagne céréalière. Une situation peu reluisante qui s'aggrave avec les hausses excessives des prix des intrants et du gasoil. Les agriculteurs ont du pain sur la planche pour bien entamer la prochaine saison agricole. Les conditions de démarrage s'annoncent difficiles. Après un mois de septembre et d'octobre secs, les agricultures attendent la clémence du ciel. Une attente qui intervient après plusieurs mois d'arrêt d'activité dans le monde rural. Seules les pluies en quantité suffisante peuvent garantir les conditions d'un bon démarrage de la campagne, indique Abbès Tanji, chercheur agronome. Il rappelle que le mois de novembre coïncide cette année avec plusieurs facteurs. Il s'agit d'une part de la hausse inquiétante des prix des intrants sur le marché international. Les prix des intrants importés ont presque doublé, notamment l'azote et le potassium et avec eux les coûts de transport et des pesticides. Les prix du phosphate quant à eux restent contenus à des niveaux raisonnables, précise Tanji. Ce mois de novembre succède à une période de sécheresse qui a entraîné des niveaux très bas des eaux dans les barrages. Un cumul qui rend aujourd'hui difficile le démarrage de la campagne agricole même dans les périmètres irrigués avec moins 30% des stocks des barrages, estime notre interlocuteur. Le lancement de la campagne agricole 2021/2022 coïncide par ailleurs, avec la tenue de la COP 26 qui a concentré ses travaux sur les changements climatiques et leurs impacts sur les systèmes agricoles. Aujourd'hui, un bon nombre de pays souffrent du phénomène de la sécheresse. Ce qui les contraints à recourir à l'importation des céréales. Or, explique Tanji il, il est difficile de continuer à importer à cause de la flambée des prix des intrants et des produits agricoles et de la baisse des rendements. Il faut produire au maximum et aller vers l'autosuffisance. Cette période intervient également avec le démarrage de la campagne d'exportation des agrumes et des légumes. Des produits qui consomment énormément d'eau dans les périmètres irrigués. Les réserves hydriques posent une problématique. La question qui se pose est de savoir si le Maroc peut continuer d'installer les cultures irriguées destinées à l'export dans un pays où il ya peu d'eau... Actuellement, la vente du blé dur se raréfie. Les appels d'offres dans ce sens s'annoncent infructueux à cause des contraintes climatiques et des effets de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19. L'idée est de concentrer les efforts en matière de stratégies agricoles pour l'augmentation de la production des cultures destinées au marché local, notamment les céréales et les oléagineuses. Il faut rappeler que le marocain consomme 200 kilos par personne et par an. Le besoin annuel du pays en céréales s'élève à 80 millions de quintaux de blé pour la consommation humaine et de même pour la consommation animale. Il est donc grand temps d'encourager la production des céréales et d'annoncer sans trop tarder des mesures pour subventionner les prix des intrants et contenir les hausses actuelles des prix des semences, des engrais , des pesticides et du gasoil. Il est aussi nécessaire de revoir l'organisation de cette filière qui manque de coordination et de communication malgré la multiplication des représentations interprofessionnelles...