Nabil EL BOUSAADI Malgré sa victoire sans appel à l'élection primaire de l'opposition vénézuélienne qui s'était déroulée en Octobre dernier, Maria Corina Machado, 56 ans, ne pourra pas participer au scrutin présidentiel prévu au second semestre 2024 après avoir été « disqualifiée pour quinze années » par la Cour Suprême vénézuélienne inféodée au régime socialiste de Nicolas Maduro. Personnalité marquante, persécutée depuis des décennies par le pouvoir de Caracas, Maria Corina Machado, surnommée la « Dame de fer », fait partie des premières opposantes au régime d'Hugo Chavez. Elle avait été déclarée inéligible pour une année, en 2015, du fait d' « irrégularités administratives » et pour avoir participé en tant qu' « ambassadrice suppléante » du Panama à une réunion de l'Organisation des Etats américains (OEA). L'arrêt rendu, ce vendredi, confirme la précédente décision qui avait été prise par la plus Haute juridiction du pays lorsqu'elle s'était appuyée sur de prétendues irrégularités administratives et sur une accusation de « trahison » du fait que l'intéressée, en sa qualité de chef de file de l'opposition de droite, avait officiellement approuvé les sanctions économiques prises, par Washington, contre le régime de Caracas. Cette décision n'est pas une surprise du moment que le président vénézuélien et ses proches avaient déjà signalé que la première sanction d'inéligibilité prononcée contre l'intéressée en 2015 et aggravée en 2023 sera « maintenue ». Bien que ces propos avaient déjà été confirmés par le président du Parlement et virtuel numéro 2 du régime, Jorge Rodriguez, lorsqu'il avait déclaré, à l'issue de la primaire de l'opposition, qu' « il est hors de question que cette femme soit candidate à quelque élection que ce soit ! », cette dernière a, dès l'annonce de l'arrêt rendu par la Cour Suprême vénézuélienne, déclaré, face à ses partisans et en présence d'un important parterre de journalistes, que « Nicolas Maduro ne va pas choisir le candidat du peuple parce que le peuple a déjà choisi son candidat » et promis qu'elle va « gagner » le combat pour l'investiture suprême. Pour rappel, Jorge Rodriguez dirigeait la délégation qui, en Octobre dernier, avait négocié, avec l'opposition, à La Barbade, les modalités d'une élection pluraliste ; ce qui avait permis aux Etats-Unis, d'assouplir pour six mois, certaines sanctions prises contre le Venezuela dans les domaines du pétrole, du gaz et de l'or et même de prévoir d'autres gestes d'apaisement en cas de levée des mesures d'inéligibilité contre Maria Corina Machado et l'autre opposant à Hugo Chavez, Henrique Capriles. Mais en considérant que « les décisions prises afin d'empêcher les membres de l'opposition d'exercer leurs droits politiques ne peuvent que saper la démocratie et l'Etat de droit », le porte-parole pour les Affaires étrangères de l'Union européenne, Peter Stano, a demandé, lundi, aux deux parties de revenir à la table des négociations alors que le département d'Etat américain a exigé, de son côté, une annulation immédiate de la mise hors-course de la candidate ultra-libérale ; faute de quoi, il se verra contraint de rétablir les sanctions contre le Venezuela et de donner un coup d'arrêt à la politique de détente qui avait permis à Caracas d'accéder au pétrole que renferme ce plus grand réservoir pétrolifère du monde qu'est la ceinture de l'Orénoque. C'est à croire qu'après une relative accalmie, le bras-de-fer qui a toujours été au cœur des relations entre Washington et Caracas va reprendre de plus belle mais attendons pour voir...