Ouardirhi Abdelaziz La COP 28 se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Entre autres sujets qui seront débattus, il sera question des effets nocifs sur la santé des populations que causent directement les énergies fossiles, le pétrole, le gaz, le charbon, et du changement climatique, des chaleurs extrêmes, de la pollution de l'air, des maladies infectieuse...Pour la première fois de son histoire, la COP consacre toute une journée aux multiples conséquences néfastes du changement climatique sur la santé humaine. Le changement climatique, c'est un sujet qui revient très souvent dans les discussions ; tout le monde en parle, chacun a son avis sur la question. Il y a une prise de conscience collective, grâce aux informations des médias qui traitent souvent ce sujet, ce qui permet de savoir que les gaz à effet de serre sont responsables des chaleurs extrêmes, de la pollution de l'air, de certaines maladies infectieuses ou des problèmes mentaux… Les effets négatifs sur la santé humaine sont aussi importants que diversifiés, c'est ce qui justifie que la COP 28 consacre une journée pour en parler. C'est quoi la COP ? La Conférence des Parties (Conférence of the Parties) désigne couramment la réunion annuelle des Etats pour fixer les objectifs climatiques mondiaux. En fait, la COP est une forme d'organisation propre à certaines conventions internationales. Dans le domaine de l'environnement, il existe ainsi 3 COP, nées de 3 conventions signées à l'issue du sommet de la terre de Rio en 1992 : la COP sur la biodiversité, la COP sur la lutte contre la désertification, la COP sur les changements climatiques qui est la plus importante des trois. La santé au cœur des débats de la COP 28 Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Depuis des années, les changements climatiques avec leur corolaires néfastes, nuisibles, catastrophiques, dont le gaz a effets de serres, les chaleurs mortelles, les inondations, la sécheresse, les incendies de forêts, les cyclones dévastateurs, les vagues déferlantes ..... Toutes ces catastrophes sont inhérentes aux changements climatiques, qui sont l'œuvre de l'homme, qui court à sa perte. La situation actuelle est catastrophique, de nombreuses personnes à travers la planète tombent malades, ne trouvent rien à manger, beaucoup meurent. Une situation qui interpellent l'humanité toute entière, car il y a urgence. C'est en grande partie ce qui explique que le thème de la santé se retrouve au cœur des débats de cette COP 28. En effet, il est important de savoir que c'est la première fois dans l'histoire de la conférence des parties, que la COP28 va consacrer une journée à l'impact du changement climatique sur la santé humaine. Ce sera ce 3 décembre 2023, à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Les plus vulnérables sont les plus défavorisés Chaleurs extrêmes, pollution de l'air, maladies infectieuses ou problèmes mentaux… Les effets négatifs sur la santé humaine sont aussi importants que diversifiés. « Pour éviter des effets catastrophiques sur la santé et prévenir des millions de décès », il faut limiter la hausse moyenne de la température sur Terre à 1,5°C, l'objectif le plus ambitieux de l'Accord de Paris, estime ainsi l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en accord avec d'autres experts sanitaires. Or selon les experts, la planète se dirige actuellement vers un réchauffement de 2,5°C à 2,9°C d'ici à 2100. En continuant sur cette trajectoire, l'humanité sera confrontée à des risques toujours plus variés et toujours plus importants. Les plus vulnérables et défavorisés, dont les enfants, les femmes, les personnes âgées, les migrants ou les habitants des pays les moins développés, y seront exposés plus vite et plus fort. Un constat qui donne froid au dos D'après les chiffres de l'OMS, le nombre de décès liés à la chaleur, parmi les personnes de 65 ans et plus, a augmenté de 70% dans le monde en deux décennies. Dans son dernier rapport 2023 consacré à la santé et au changement climatique, The Lancet Countdown (une collaboration internationale qui surveille de manière indépendante les conséquences sanitaires du changement climatique.), estime que le nombre de plus de 65 ans décédés à cause de la chaleur a bondi de 85% entre les années 1991-2000 et 2013-2022. Cette augmentation est nettement supérieure à celle, de 38%, à laquelle on aurait pu s'attendre si les températures n'avaient pas changé, explique The Lancet, qui dénombre 62.000 décès liés à la chaleur en Europe, durant l'été 2022. L'Organisation mondiale de la santé appelle donc les négociateurs des pays présents à la COP 28 à reconnaître le lien immédiat entre action climatique et santé publique. Parmi les problèmes de santé les plus courants, on retrouve la pollution de l'air que nous respirons. Conséquences du changement climatique sur la santé Dans son sixième rapport d'évaluation, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ; a conclu que le changement climatique a des répercussions sur la santé de multiples façons. Le changement climatique entraîne notamment des décès et des maladies dus à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, comme les vagues de chaleur, les tempêtes et les inondations, la perturbation des systèmes alimentaires , l'augmentation des zoonoses, des maladies d'origine alimentaire et à transmission hydrique ou vectorielle, ainsi que des problèmes de santé mentale. Pollution de l'air La quasi-totalité de la population mondiale, environ 99%, respire un air qui dépasse les limites fixées par l'Organisation mondiale de la Santé. Cette pollution est liée à la présence de gaz, métaux lourds, particules et poussières, qui découlent elles-mêmes de l'exploitation d'énergies fossiles. Cette concentration de matériaux nocifs accroît le risque de maladies respiratoires, d'accidents cardiovasculaires, de diabète ou de cancers. Selon les scientifiques, une exposition à long terme produit des effets comparables, voire supérieurs, à ceux du tabac ou de l'alcool. Conséquence directe, plus de quatre millions de personnes décèdent pour cette raison chaque année dans le monde, estime l'OMS. Vagues de chaleur En 2022, la population mondiale a été exposée, en moyenne, à 86 jours de températures potentiellement mortelles. La chaleur éprouve les corps et fait payer un lourd tribut aux plus vulnérables. Ainsi, le nombre de plus de 65 ans décédés à cause de la chaleur a bondi de 85% entre les années 1991-2000 et 2013-2022, et l'année 2023 a enregistré des températures record, selon un rapport de référence publié par la revue médicale The Lancet. Près de cinq fois plus de personnes risquent de mourir dans le monde sous l'effet de la chaleur extrême d'ici à 2050. Dans la même idée, avec un réchauffement de 2°C d'ici à 2100, environ 520 millions d'humains supplémentaires se retrouveront en insécurité alimentaire modérée ou grave d'ici au milieu du siècle. Maladies infectieuses Une autre épine dans le pied, et non des moindres comme a pu le montrer la pandémie du Covid-19, le dérèglement climatique accentue aussi la probabilité que surviennent des maladies infectieuses et parasitaires. Les températures deviennent favorables aux moustiques, oiseaux et autres mammifères impliqués dans des épidémies nées de virus (dengue, chikungunya , Zika, virus du Nil occidental…), de bactéries (peste, maladie de Lyme…), dans de plus en plus de régions du globe. Selon le Lancet, la transmission de la dengue pourrait ainsi bondir de 36% avec un réchauffement planétaire de 2°C d'ici à 2100. Autre exemple, les zones côtières deviennent plus propices à la transmission de la bactérie vibrio, à l'origine du choléra. Santé mentale Autre problème de santé, inhérent aux changements climatiques, c'est le risque pour la santé mentale, notamment chez les personnes souffrant de pathologies psychiques. Aux répercussions directes de catastrophes naturelles ou de canicules s'ajoutent des effets indirects croissants, comme l'écoanxiété , qui est une peur chronique de la catastrophe environnementale en particulier chez de jeunes adultes. Un enjeu de santé mondiale Face à tous ces problèmes, que faire ? Pour l'OMS, il faut réduire et arrêter les émissions de gaz à effet de serre . D'après elle, chaque année, 8 millions de décès prématurés sont imputables à la pollution de l'air. Il faut donc limiter les émissions, y compris dans les systèmes de santé, en les décarbonant, en digitalisant la médecine et en mettant en place des bonnes pratiques dans les hôpitaux même. L'ambition est de réduire de 5% les émissions globales attribuées au secteur de la santé. L'OMS entend accélérer l'électrification des hôpitaux de régions du monde à faible revenus, grâce aux énergies renouvelables. Les scientifiques auteurs du rapport du Lancet Countdown 2023 insistent aussi sur le fait d'interdire et de cesser le financement de tous les nouveaux projets pétroliers et gaziers et d'accélérer l'adaptation au changement climatique pour la santé. L'OMS ne les démentira pas : cette COP28 doit être celle où le réchauffement climatique se traduit en un enjeu principal qui est celui de la santé mondiale.