Samir : comment le Maroc en est arrivé là ? Dans cette série d'articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l'histoire d'un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l'occurrence la SAMIR. Il faut dire que notre véritable souci n'est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s'en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l'origine d'une déconfiture historique. Notre analyse s'étendra également à lever le voile sur la fermeture de l'entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres... Après que le tribunal de commerce de Casablanca avait ordonné la liquidation judicaire de l'entreprise le 21 mars 2016, cheikh Al Amoudi va tenter de jouer sa dernière cartouche en envoyant une lettre au tribunal par le truchement de ses avocats en y émettant à recapitaliser l'entreprise pour un montant de 680 millions de dollars au cas où il y aurait une abrogation du jugement. Cette tentative désespérée de l'actionnaire majoritaire de la Samir rappelle sa lettre envoyée lors du mois d'octobre 2015 au chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, dans laquelle il souligne que l'actionnaire de référence de la Samir, tout en faisant preuve du sérieux, aspire à trouver une solution rapide à ce dossier. Dans cette missive, Al Amoudi s'est engagé à recapitaliser l'entreprise d'un montant de 10MMDH. Une promesse qui était resté lettre morte. Le propriétaire principal de la raffinerie, mis devant le fait accompli va adresser en mi-novembre 2015 une autre lettre au chef de l'exécutif contenant des menaces en filigrane. « Si Corral holding ne reçoit aucune réponse de votre part dans un délai de six semaines à compter de la date de réception de cette notification, cela en déduit que le gouvernement n'est pas disposé à régler cette question à l'amiable », lit-on en substance dans la correspondance. Menaces en filigrane Al Amoudi a argumenté ses propos en faisant référence à l'accord entre le Maroc et Suède sur la promotion et la protection réciproque des investissements. En sus de cela, il a accusé le gouvernement de traitement injuste et d'être dernière les obstacles qui se dressent devant l'entreprise en faisant allusion à la saisie des avoirs bancaires et immobiliers, l'interdiction des navires pétroliers d'accoster dans le port de Mohammedia, entre autres. Sollicité par Al Bayane au lendemain de l'envoie de la lettre afin d'en faire une analyse, Abdelouahed Souhail, membre du bureau politique du PPS, a souligné que « la situation de Corral est loin d'être défendable. L'entreprise n'a pas payé ses créanciers et personne ne lui a mit les bâtons dans les roues », a-t-il noté en substance. Pour l'expert financier, la saisie est synonyme d'une procédure normale et demeure conforme au code du commerce. Pour rappel, lors de sa comparution devant la chambre des conseillers le 12 janvier 2016, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, n'a pas mâché ses mots en reconnaissant que la privatisation de la Samir était une erreur. « Nous devons apprendre de nos erreurs et admettre que la plus grande erreur que nous avons commise a été la privatisation de la Samir », a-t-il déclaré avec insistance.