Samir: comment le Maroc en est arrivé là ? Dans cette série d'articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l'histoire d'un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l'occurrence la SAMIR. Il faut dire que notre véritable souci n'est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s'en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l'origine d'une déconfiture historique. Notre analyse s'étendra également à lever le voile sur la fermeture de l'entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres... De l'avis quasi-unanimes des analystes de l'économie du Royaume, la SAMIR a contribué amplement au dynamisme de l'économie nationale. Sa création a été inscrite dans une politique publique menée par l'Etat afin de renforcer le tissu industriel. En termes plus clairs, «la politique du raffinage» a rempli la fonction d'une «soupape de sécurité» pour l'Etat. Lors de la guerre du pétrole ayant eu lieu en 1973, marquée par l'augmentation du prix du baril de pétrole par l'OPEP, l'Etat dotée d'une volonté de renforcer sa souveraineté énergétique, a fait le choix de la marocanisation du capital de l'entreprise pour devenir la Société anonyme marocaine de l'industrie de raffinage (SAMIR). La marocanisation du capital va être poursuivie par la mise en place de plusieurs projets d'extension de l'entreprise. Depuis sa marocanisation, la gestion de la SAMIR sera assurée par des compétences nationales. En 1974, feu le Roi Hassan II va nommer Abderrafie Menjour pour prendre en charge les destinées de l'entreprise. Ingénieur de formation, Abderrafie Menjour fut un fin connaisseur du secteur du raffinage. Il avait occupé auparavant les postes de directeur technique-adjoint et directeur de la raffinerie. Sa nouvelle mission, en tant que directeur général, consistait à mettre en place un plan stratégique afin de donner une nouvelle dimension à la capacité de production de l'entreprise. Le nouveau directeur général ne va pas lésiner sur les moyens pour donner un second souffle à l'entreprise dans le dessein d'accompagner les développements de l'économie nationale. Ainsi, il a réussi sa mission en parvenant à booster la production de l'entreprise en effectuant une seconde expansion de l'entreprise en 1978, en la dotant d'une «capacité additionnelle de 4 millions de tonnes par an», lit-on en substance dans le rapport établi par le Front national pour le sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole. Il faut dire que ses ambitions ne vont point s'arrêter là, ainsi il va bâtir en 1984 une unité de raffinage, dotée d'une capacité de production s'élevant à 125.000 tonnes, dédiée uniquement à la production d'huiles de base. L'objectif escompté consistait à subvenir aux besoins du marché et alléger la facture de l'Etat. Sa stratégie va permettre ainsi au Maroc à développer son activité de raffinage. Ainsi, l'entreprise, grâce à la politique de l'innovation conduite par le top management, a été en parfaite mesure d'alimenter le marché national par plusieurs produits, notamment le propane, le butane, le pétrole lampant, le carburéacteur, entre autres. Les chiffres officiels indiquaient qu'en 1995 que l'ensemble des ventes de l'entreprise avoisinaient les 7,5 MMDHS, ce qui lui permettait de dégager un bénéfice s'élevant à 600MDH.